De l’art letton, je ne savais pas grand-chose, confondant un peu les trois pays baltes ; en fait, sur place, j’ai découvert que je connaissais déjà deux artistes lettons, deux seulement. D’abord Gustav Klucis, un des inventeurs du photomontage politique en 1919 avec La Cité Dynamique (ci-dessous). Le Musée des Beaux-arts de Riga lui consacre une salle entière, avec de nombreux collages sportifs sur les Spartakiades, mais aussi beaucoup de posters politiques très inspirés par le constructivisme, aux titres éloquents (Levons plus haut le drapeau rouge de Marx, Engels, Lénine et Staline) ; un
autre dessin illustre le poème sur Lénine de Maïakovski. Tout ceci n’empêchera pas Klucis, revenu au réalisme socialiste classique après 1935, d’être fusillé en 1938 à 43 ans pour menées antisoviétiques. A l’occasion de l’exposition londonienne, j’avais montré son montage de mains sur une affiche électorale. Ce travail de montage entre abstraction et réel, entre graphisme et photographie, a encore aujourd’hui un impact fort, plus qu’un simple dessin ou une seule photo. Excellent film documentaire de Peter Krilov (Klucis: the deconstruction of an artist, 2008) dans la même salle.




L’autre artiste letton dont j’avais entendu parler est le groupe contemporain Famous Five, connu entre autres pour sa non-participation à la Biennale de Venise en 2003 : ils avaient prévu de donner leur sang pour nourrir les pigeons de la Place Saint-Marc, le gouvernement letton n’a pas apprécié et a coupé les fonds, et leur participation s’est alors réduite à une double page ‘clandestine’, titrée « Euphorie » dans le catalogue de la Biennale. Ce catalogue est exposé à la Bourse (bâtiment vaguement de style vénitien) dans la petite exposition consacrée aux Lettons à Venise (où j’ai aussi remarqué les Livres Vénitiens de Ilmar Blumberg), mais, sinon, je n’ai rien pu voir d’eux à Riga malgré mes recherches. C’est un signe, soit de mon inefficacité, soit de la faible présence de l’art contemporain à Riga. Je n’ai hélas pas vu ce centre d’art (mais ils vont montrer des vidéos lettones à Mains d’Oeuvre le 13 novembre). J’ai visité une demi-douzaine de galeries, toutes assez décevantes, trop décoratives, à l’exception de Birkenfeld, qui montrait, encore pour quelques jours, deux artistes … lituaniens (Vu de loin, la Lituanie semble davantage présente que les deux autres pays baltes sur la scène contemporaine).

L’autre Lituanien présenté là est
Kestutis Grigaliunas (né en 1957) qui pixellise l’image comme un bélinographe, la décompose et en montre la structure même. Sans tomber dans une esthétique pop-art, il travaille sur la distance, la vision, la composition, dans une logique essentielle très photographique. Ci-contre, un hommage à Max Ernst, Duchamp et Man Ray, assez frappant.


Au milieu de tant de pièces assez


Photos de l'auteur (excepté les trois premières). D'autres liens seront ajoutés plus tard, quand j'aurai accès à une meilleure connexion.