Auteur : Ali Esseriam
Editeur : Editions Matagot / Nouvel-Angle
Prix : 14,90 €
Résumé :
La fin du monde est proche.
Ils sont quatre jeunes de 17 ans : Alice, Edo, Maximilian et Elias.
Ils sont les Cavaliers de l'Apocalypse.
Ils n'épargneront que 144.000 âmes. En ferez-vous partie ?
"Cela doit être reposant, parfois, d'être une personne lambda, destituée de toute responsabilité, lovée dans l'ignorance de tout ce qui se joue dans des sphères plus élevées. Pour la première fois, je les regarde avec une sorte de jalousie contenue. La fin du monde, pour eux, se définit par une mauvaise note en latin, déchirer son pantalon au niveau des fesses ou se faire larguer devant tout le monde dans la cour du lycée."
Alice Naulin, Cavalier Blanc
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Alice a 17 ans et c'est une surdouée.
Ho, ce n'est pas pour se vanter, c'est juste l'énoncé d'un fait, indéniable. Alice est un génie, elle le vit très bien, merci pour elle.
C'est sûr qu'avec cette condition, elle se sent en décalage par rapport aux autres personnes l'entourant. Ce n'est pas spécialement désagréable, étant donné qu'elle est supérieure à celles-ci. Là encore, ce n'est qu'une constatation scientifique et froide. Comme Alice, en fait.
Elle est cartésienne, pragmatique et logique. C'est pour ça que, bien qu'étant étonnée au début, elle va vite se calmer et voir son nouveau pouvoir d'un oeil mathématique et rationnel.
Ce don incroyable ? Plier quiconque à sa volonté.
Un mot, une phrase prononcée devant quelqu'un, et Alice devient la plus grande marionnettiste du monde.
C'est grisant, et surtout, incroyablement pratique !
Mais tout pouvoir s'accompagne de responsabilités, et la jeune fille va rapidement faire les frais de cette découverte incroyable et morbide.
Bon, je vais essayer d'écrire cette chronique sans trop m'emballer, mais je sais que j'aurais du mal, étant donné que ce livre est juste un énorme coup de foudre.
Par quoi commencer ?
La plume de l'auteur, tout simplement enchanteresse.
Le style, mais surtout l'utilisation de la langue française est un peu délice. Les phrases chantent dans notre tête, le vocabulaire danse pour former des chapitres entiers qui vont ravir les amoureux des mots.
Le livre dans son intégralité est une ode à ceux-ci, et je me suis retrouvée complètement séduite par tout ce que l'auteur nous offre ici.
Honnêtement, je ne trouve pas mes mots pour vous exprimer ce que cette lecture a pu me faire ressentir, rien que par son écriture. En tout cas, elle m'a fait fondre, m'a totalement conquise, et durant la grande majorité du récit, mon visage a affiché un sourire béat. Pour un peu je me mettais à ronronner de bonheur.
L'histoire maintenant.
Déjà, je trouve le fond furieusement original. Quatre jeunes, à travers le monde, de culture, religion, éducation différente, vont apprendre qu'ils sont les quatre Cavaliers de l'Apocalypse.
Sérieusement, je trouve ça génial comme base pour une histoire !
Ici nous avons donc Alice, jeune fille au génie tellement grand qu'il en devient presque effrayant. Elle a une mémoire exceptionnelle, tout ce qu'elle voit ou entend est gravé à jamais en elle. Elle a également des aptitudes innées, comme avec les instruments par exemple. Il lui suffit d'en voir un pour savoir de quelle façon en jouer à la perfection.
Comme si tout cela n'était pas assez étrange, voilà qu'une sorte de pouvoir fait son apparition : il lui suffit de faire la simple suggestion à quelqu'un pour que la personne s'exécute.
Grisant, n'est-ce pas ?
Sauf que ce don est à double tranchant. Imaginez : il lui suffit de dire à quelqu'un "Vas-y, exprime le fond de ta pensée !" pour savoir TOUT ce que cette personne a toujours pensé d'elle.
Imaginez maintenant que, par exemple, cette personne soit sa mère.
Je trouve ça horrifiant.
Elle va devoir apprendre à faire face à ce pouvoir, à le gérer, en même temps que ses mots, qui sont devenus des armes d'une puissance dévastatrice.
Concernant son destin de Cavalier Blanc de l'Apocalypse, c'est une voix qu'elle identifie comme étant celle de sa conscience, qu'elle entend lors de certaines "absences" qu'elle a.
Elle apprend ainsi que sa route sera semée d'embûches, de sacrifices et de pertes, mais qu'elles seront toutes nécessaires à son ascension.
Des paroles que l'on rattache inévitablement à la plupart des religions, prônant souvent l'abandon de soi.
Mais bien que le fond de l'histoire soit teinté de religion (après tout, nous parlons ici de l'apocalypse dans le sens Biblique), celle-ci n'est pas trop présente, et laisse la part belle au côté humain et à la touche fantastique du récit.
Car, bien qu'elle soit très différente des autres jeunes de son âge (et même de la majorité des adultes) et bien que dotée de pouvoirs dépassant l'entendement, Alice n'en reste pas moins humaine, et au fil des épreuves que la vie mettra sur son chemin, la jeune fille se découvrira parfois des sentiments, des émotions dont elle ne se savait pas capable. Si variées et si riches, elles se rejoindront toutes dans la douleur, et c'est d'elle qu'Alice découvrira sa force et sa vraie nature.
C'est un livre sombre et menaçant, parfois très dur dans certaines scènes, très poignant et touchant dans d'autres.
En tout cas, il m'a véritablement secouée, et je ne sais pas si il peut vraiment laisser le lecteur indifférent.
Je l'ai dévoré d'une seule traite, étant incapable de le refermer avant de l'avoir terminé.
C'est un pur régal, un récit qui prend aux tripes et au coeur, qui nous montre l'horreur triste et épouvantable que peut receler l'âme humaine, mais arrive à la sublimer grâce à un style unique mêlant fluidité, clarté et sophistication.
Porté par un personnage comme vous n'en avez jamais vu, bourré de charisme et à la fois proche et très éloigné de nous, ce livre se juche directement sur mon podium de 2011.
Un énorme merci à Matagot / Nouvel-Angle pour cette découverte fabuleuse !