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La crise : ce que personne ne dit

Publié le 05 novembre 2011 par Dubruel

(lu sur le site Agoravox)


par Louis Dalmas (son site) mercredi 2 novembre 2011

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Si nous pouvions jeter le regard d’un extra-terrestre sur notre civilisation occidentale, nous verrions émerger deux grandes “poussées expansionnistes” qui semblent refléter le duel séculaire entre la matière et l’esprit. Bien sûr il s’agit d’un schéma qui simplifie grossièrement la réalité, mais il a le mérite de clarifier un peu le “nouveau désordre mondial”.

La matière est représentée par l’économie et tout ce qui s’y rattache, l’esprit par la religion et tout ce qui en dépend. Les deux sont imbriqués l’un dans l’autre. L’économie se gère d’après des doctrines, et la religion s’incarne dans des structures tangibles. Mais les deux espaces existent, et dans chacun d’eux, un élément joue aujourd’hui un rôle moteur : dans le domaine de l’économie, celui de la matière, la force dominante est l’Amérique impérialiste ; dans le domaine de la religion, celui de l’esprit, la force dominante est l’islam totalitaire.

Ce qui est nouveau, dans notre histoire, c’est le pouvoir de nuisance des deux parties, et le fait que ce pouvoir se donne d’une part pour vocation de régir la planète, d’autre part a recours à la violence pour s’imposer.

A partir de cette vision en gros plan, il faut faire l’effort de nuancer, sans préjugés. C’est-à-dire de distinguer ce qui est positif et négatif de chaque côté.

Le positif des Etats-Unis est la grandeur d’une nation qui suscite admiration et reconnaissance. Admiration pour ses réussites dans les domaines les plus divers de l’activité humaine où elle est à la pointe de toutes les avancées, reconnaissance pour ses interventions dans deux guerres mondiales. Le négatif est la politique d’hégémonie de ses dirigeants, inspirée par une morale de pacotille et un évangélisme de démocratie, qui cherche à asservir le monde à ses seuls intérêts par tous les moyens, même les plus cyniques et les plus dangereux.

Le positif islamique est sa morale de justice sociale, de combat contre la corruption, d’entraide et de solidarité avec les défavorisés. Le négatif est son dogme de déterminisme absolu de la volonté divine qui induit à la notion de fatalité, de fusion du spirituel et du temporel dans la conception de l’Etat religieux, d’élimination des infidèles, de guerre sainte comme expression du devoir individuel, de loi intangible aux sanctions disproportionnées (la Charia) et de réduction de la femme à l’état de bibelot masculin.

L’imbrication de ces aspects positifs et négatifs nous oblige à affiner davantage notre image. En particulier à ne pas confondre les peuples et leurs dirigeants. Il est évident que la majorité des Américains ne sont pas des rapaces capitalistes et que la majorité des musulmans ne sont pas des terroristes. Dénoncer globalement un ensemble de population ou une masse de fidèles est une généralisation inacceptable, qui porte en elle les fléaux du racisme et de la guerre, et qui est aussi stupide que les slogans nauséabonds du genre “les Allemands sont des robots disciplinés, les Arabes sont fainéants, les juifs sont radins, les Polonais sont alcooliques ou les politiciens sont tous pourris”. Les généralisations et les amalgames sont une parodie de pensée et une dégradation de la raison, et les gouvernés n’ont pas à être culpabilisés pour les crimes de leurs gouvernants.

Je voudrais que cette sorte de préambule serve de guide dans notre analyse de la crise qui frappe notre Occident. Il nous conduit à laisser de côté, dans cet exposé, l’envahisseur spirituel musulman, qui joue surtout le rôle d’endoctrineur des révoltés et qui n’est donc pas une cause majeure de la crise, pour nous attacher à la première force, la force matérielle de l’hégémonie impérialiste des Etats-Unis. C’est elle qui est en grande partie responsable de nos difficultés actuelles. C’est elle qui a imposé à l’Occident le système économique néo-libéral, fondé sur une liberté de marché, qui a enfanté un dévastateur cancer financier.

Pour comprendre le mécanisme du système, il faut rappeler quelques éléments d’histoire.

L’argent, à côté du sexe, est un des principaux ressorts de l’activité humaine. Et dans notre système capitaliste occidental, il acquiert une stature proprement divine. Le Dieu argent est l’idole désormais unique de notre société. Or, à travers l’Histoire, ce dieu a changé de visage, à travers l’instrument qui le représente : la monnaie. Il est important d’évoquer l’évolution de la monnaie, car elle est au cœur de la crise actuelle.

La monnaie, facteur de tous les échanges, était au départ matérialisée par un métal précieux, l’or ou l’argent. Peu à peu s’est développé un formidable processus de déréalisation : la monnaie s’est détachée de son fondement matériel. Elle a pris la forme de pièces ou de billets, représentant une certaine quantité du métal précieux, en l’occurrence l’or. Puis ces pièces et ces billets se sont progressivement détachés de leur base physique pour devenir du papier, dont la valeur n’était plus assurée par la possession concrète de l’or. La mutation a franchi une étape importante le 22 juillet 1944 avec les accords de Bretton Woods, qui ont généralisé l’usage de cette monnaie déréalisée, appelée monnaie fiduciaire. A Bretton Woods, les Etats Unis ont fait annuler l’étalonnement de la monnaie sur l’or et ont imposé l’indexation sur le dollar.

Mais l’évolution ne s’est pas achevée avec cette décision. A leur tour, les supports tangibles – pièces et billets – ont disparu pour faire place à des écritures comptables (chèques, comptes en banque, cartes de crédit, etc.). C’est ce qu’on appelle la monnaie scripturale, qui représente aujourd’hui 90 % de la monnaie circulant dans le monde.

On comprend l’importance de cette évolution. La plus grande partie de la monnaie n’est plus de l’argent réel que vous avez dans votre poche, elle est une idée ou une image de l’argent que vous avez dans votre tête. Vous ne possédez plus un bien, vous ne possédez qu’une promesse. Celle de transformer l’image en réalité. Et tout le monde sait qu’une promesse n’a de valeur que par la confiance qu’on a en elle. Si la confiance disparaît, l’édifice imaginaire s’écroule. Et c’est l’introduction de ce facteur confiance qui est le talon d’Achille du système.


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