La Lavandière de Saint Léger de Sylvie Anne

Humble lavandière dans une bourgade reculée du Limousin, Clarisse rêve de devenir une célèbre créatrice de bijoux. Dans l'immédiat, cependant, son avenir ne semble guère prometteur. Son père Jean, alcoolique, la violente et n'a d'autre ambition que de la marier au fils du boucher. Un jour, pourtant, tout bascule.

Poignardé par une de ses mauvaises fréquentations, Jean meurt en lui glissant dans la main une pépite d'or et à l'oreille, un secret : il y aurait un filon d'or dans le jardin de la maison familiale. Soudain, Clarisse devient un parti prisé et surtout, peut tenter sa chance à Limoges comme dessinatrice de bijoux. Mais à la Belle Epoque, l'ascension d'une jeune joaillière n'est pas si simple... Un portrait de femme émouvant et authentique, dans un monde artisanal aujourd'hui disparu.

L'extrait

Le jeune femme eut juste le temps de croiser les bras sur la tête pour amortir le coup qu'il lui porta avec violence. Elle avait trop l'habitude de ses retours houleux pour ne pas s'y attendre. Elle serra les lèvres mais ne dit rien. (...)
Goussaud mangeait déjà avec des lapements sonores que la jeune fille détestait. Toute blonde et fragile, elle se recroquevillait au bout de la table pour qu'il oublie sa présence. Les rares fois où il se montrait agréable avec elle, c'était les jours de marché, quand ils allaient ensemble à Ambazac. (...)
Mais dans l'intimité du foyer familial, il se comportait d'une tout autre façon. Ne répétait-il pas à l'envi qu'il aurait préféré avoir un fils et que le sort l'avait bien puni avec cette naissance ?...