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Critiques en vrac 55: Johnny English 2 – Tucker et Dale fightent le Mal – Invisible Target – The Woman

Par Geouf

Johnny English Le Retour (Johnny English Reborn)

Critiques en vrac 55: Johnny English 2 – Tucker et Dale fightent le Mal – Invisible Target – The WomanRésumé: Retiré dans un monastère tibétain suite à une affaire ayant mal tourney, Johnny English est rapatrié par les services secrets britanniques lorsque l’un de leurs informateurs demande à lui parler exclusivement. L’agent va devoir déjouer un complot visant à éliminer le premier ministre chinois, en visite en Europe.

Huit ans après le premier opus, qui avait cartonné dans le monde entier, le plus mauvais agent secret de Sa Majesté fait son grand retour sur les écrans, toujours sous les traits de Rowan Atkinson. Si le premier Johnny English n’avait rien de franchement mémorable, il réussissait néanmoins à divertir une heure et demi durant, grâce à quelques bons gags (la réception au cours de laquelle English s’injecte un relaxant musculaire) et surtout à l’abattage de Rowan Atkinson. Tout le contraire au final de ce second film, qui peine à ne serait-ce qu’arracher un sourire au spectateur. A l’image de son héros, Johnny English 2 se prend beaucoup trop au sérieux, tentant maladroitement de bâtir une vraie intrigue sans jamais y parvenir. On attend donc la plupart du temps que les scénaristes veuillent bien proposer un gag, et lorsque celui-ci arrive, c’est bien souvent assez lamentable de lourdeur. On ne compte pas ainsi le nombre de blagues montrant des hommes se prendre un coup de pied dans l’entrejambe. D’une paresse assez hallucinante, le script se contente de reprendre des gags vus dans d’autres franchises autrement plus réussies (Johnny prenant la mère de sa supérieure pour un agent double, comme Austin Powers dans le film éponyme). On se consolera un peu en appréciant de revoir la toujours excellente Gillian Anderson sur un écran de ciné, mais c’est bien peu en regard de l’ennui généré par cette bande sans intérêt.

Note: 3/10

Royaume Uni, 2011
Réalisation: Oliver Parker
Scénario: William Davies, Hamish McColl
Avec: Rowan Atkinson, §Rosamund Pike, Gillian Anderson, Dominic West, Daniel Kaluuya

Tucker et Dale fightent le Mal (Tucker and Dale vs Evil)

Critiques en vrac 55: Johnny English 2 – Tucker et Dale fightent le Mal – Invisible Target – The Woman
Résumé: Tucker et Dale, deux rednecks américains, sont venus se ressourcer dans le petit chalet paumé dans les bois que Tucker vient de s’acheter. Leur route croise celle d’un groupe d’étudiants venus faire la fête à proximité. Lorsqu’ils secourent l’une d’entre elles et la ramènent dans leur cabane pour la soigner, ils ne se doutent pas que ce geste va déclencher une série de quiproquos mortels.

Premier film écrit et réalisé par l’inconnu Eli Craig, Tucker and Dale vs Evil est typiquement le genre de pari casse gueule pouvant soit devenir culte soit s’attirer les foudres des fans de films d’horreur. Car à l’instar des Scream, Tucker and Dale est un métafilm s’amusant à parodier et à référencer tout un pan du cinéma horrifique, en l’occurrence ici le slasher et le survival. Le genre d’idée intéressante sur le papier, mais pouvant vite devenir agaçante si le film se moque cyniquement et ne respecte pas le genre abordé.

Fort heureusement, Eli Craig est visiblement un fan des films qu’il parodie, et s’il pointe avec intelligence les mécanismes de ceux-ci c’est toujours avec une certaine tendresse. En présentant cette histoire banale d’un groupe de jeunes se faisant massacrer dans les bois du point de vue des soi-disant rednecks psychopathes (en fait deux amis qui ne feraient pas de mal à une mouche), le réalisateur vise juste. Tucker and Dale est ainsi souvent très drôle, réussissant à détourner avec justesse les codes de ce genre de films (voir la scène classique de la première rencontre entre les deux groupes, ou la scène de la tronçonneuse), tout en s’amusant des préjugés bien réels de l’Amérique (des types un peu péquenauds sont forcément des attardés psychopathes, tandis qu’une étudiante sexy est forcément une bimbo sans cervelle attirée par les mecs jeunes et musclés). En résulte un clash de cultures tournant au jeu de massacre sanglant et jouissif dans lequel les quiproquos et détournements fusent sans temps mort (la scène déjà culte de la machine à copeaux est certainement un summum à cet égard).

Mais là où Eli Craig réussit à surpasser un certain nombre des films qu’il parodie gentiment, c’est dans le soin qu’il apporte à développer ses personnages principaux. Tucker (Alan Tudyk, bien connu des fans de série TV pour ses rôles dans Firefly et Dollhouse) et Dale (Tyler Labine, vu récemment en scientifique responsable de la propagation du virus dans La Planètes des Singes : Les Origines) sont deux héros très attachants, notamment le second dans sa gaucherie et sa timidité. Sa relation avec la belle Allison (Katrina Bowden, vedette de la série 30 Rock et bientôt à l’affiche de Piranha 3DD) est tout aussi drôle que touchante. Dommage cependant que le reste du cast « jeune » fasse juste office de chair à canon, mis à part l’excellent Jesse Moss, très drôle en psychopathe en puissance n’attendant qu’une occasion de libérer ses pulsions meurtrières.

Tucker and Dale vs Evil est un donc un très sympathique divertissement, qui enchaîne les gags sans temps morts tout en se montrant très  respectueux du genre qu’il parodie. Une bonne petite péloche sans prétention permettant de passer très bon moment.

Note : 7/10

USA, 2010
Réalisation : Eli Craig
Scénario : Eli Craig
Avec : Alan Tudyk, Tyler Labine, Katrina Bowden, Jesse Moss

Invisible Target (Naam yi boon sik)

Critiques en vrac 55: Johnny English 2 – Tucker et Dale fightent le Mal – Invisible Target – The Woman
Résumé: Un groupe de braqueurs attaquent un fourgon blindé en plein centre de Hong Kong en faisant sauter celui-ci, tuant de nombreux passants. Six mois plus tard, les braqueurs refont surface, apparemment à la recherche d’un de leur complice qui les a doublés. Trois flics aux méthodes et motivations décident de s’allier pour mettre le gang hors d’état de nuire.

Hong Kong, ce n’est pas que John Woo, Tsui Hark ou Johnny To. Il y a aussi Benny Chan, réalisateur beaucoup moins connu que les trois suscités, et ne possédant certes pas leur génie, mais qui est néanmoins un habile faiseur capable d’emballer de bonnes péloches d’action. On lui doit notamment le bon New Police Story, qui emmenait Jackie Chan dans un registre plus sombre qu’à l’accoutumée.

Avec Invisible Target, Benny Chan livre un film assez calibré et typique des productions de la péninsule. On retrouve le classique gang de braqueurs invincibles avec leur chef charismatique, et les flics intrépides mais dissemblables forcés de s’associer pour vaincre leur ennemi. Rien de très novateur donc, mais Benny Chan a suffisamment de bouteille pour emballer un spectacle plutôt bien fichu, avec des combats assez impressionnants et violents (le bêtisier / making of en fin de film montre d’ailleurs que les équipes hongkongaises n’ont pas perdu leur goût du risque au fil des années). Les affrontements sont variés en termes de lieux et de chorégraphie, et il est très appréciable de visionner un film dans lequel le combat final dure plus de deux minutes et les héros ont vraiment l’air d’avoir mal. Seul détail un peu gênant en termes de réalisation, certaines scènes sont répétées plusieurs fois à la suite sous plusieurs angles, ce qui devient vite agaçant et donne un petit côté tape à l’œil au film.

Malgré une histoire très premier degré, Benny Chan dispose quelques moments de comédie assez agréables pour relâcher la tension, comme lorsque les trois héros se retrouvent torses nus à comparer leurs bleus après un combat particulièrement violent. Les acteurs sont tous excellents, notamment Nicholas Tse, Jaycee Chan et Shawn Yue dans les trois rôles principaux, mais c’est surtout Jacky Wu, dans le rôle du bad guy de service, qui impressionne par son charisme et ses dons martiaux. Invisible Target manque peut-être juste un peu de rôles féminins forts pour contrebalancer toute la testostérone déployée à l’écran.

Le seul défaut un peu gênant d’Invisible Target, c’est sa durée (plus de deux heures) et son scénario parfois un peu confus, multipliant les personnages et les intrigues parallèles pas forcément nécessaires. Le film aurait peut-être gagné en efficacité en éliminant certains personnages (en ne gardant par exemple que deux héros au lieu de trois) et en resserrant son intrigue. Mais peu importe, puisque si Invisible Target n’est pas le plus mémorable des polars venus de Hong Kong, il comporte suffisamment de moments forts pour susciter l’intérêt.

Note : 6/10

 

Honk Kong, 2006
Réalisation: Benny Chan
Scénario: Benny Chan, Chi-man Ling, Melody Lui
Avec: Nicholas Tse, Jaycee Chan, Shawn Yue, Jacky Wu

The Woman

Critiques en vrac 55: Johnny English 2 – Tucker et Dale fightent le Mal – Invisible Target – The Woman
Résumé: Un père de famille a priori sans histoires découvre une femme sauvage dans les bois près de chez lui. Il la capture et l’enferme dans la cave de sa maison dans l’idée de la «civiliser » avec l’aide de sa famille. Mais le contact de cette femme va faire ressortir les plus bas instincts des membres de la famille.

Jack Ketchum est probablement l’un des meilleurs auteurs modernes de littérature horrifique. Son écriture sèche et nerveuse et son traitement sans concession des plus bas instincts humains font qu’il est très difficile d’oublier ses livres une fois refermés. Et depuis quelques années, le cinéma s’est emparé de ses écrits pour les porter à l’écran, souvent avec succès. Difficile d’oublier le tétanisant The Girl next Door, ou le final outrancier du sympathique The Lost. Avec The Woman, il écrit pour la première fois un scénario original, une séquelle officieuse d’Offspring (lui-même adapté de son premier roman Morte Saison). The Woman signe aussi le grand retour derrière la caméra de Lucky McKee, absent des écrans depuis trois ans.

A vrai dire, difficile d’imaginer meilleure association que celle de McKee et de Ketchum, les deux hommes partageant un goût commun pour l’étude des déviances humaines. The Woman est donc un joli mélange des obsessions des deux auteurs : l’amour de McKee pour ses personnages féminins (on retrouve d’ailleurs son actrice fétiche Angela Bettis dans le rôle de la mère de famille effacée) et l’intérêt de Ketchum pour les déviances se cachant derrière le vernis civilisé (beaucoup d’éléments de ce film le rapprochent de The Girl next Door). La plupart du temps ce mélange fonctionne correctement, mais on a parfois un peu l’impression que McKee cherche à faire un film différent de celui qu’il a coécrit avec Ketchum. On le sent par exemple clairement plus fasciné par son personnage de femme sauvage que par les autres personnages un peu « positifs » du film. Le film souffre aussi parfois d’un trop-plein de personnages et d’intrigues secondaires (le personnage de la prof de lycée) ainsi que du manque d’un référent clair. En résulte un film pas désagréable mais créant parfois une impression de flottement étrange contrastant avec le réalisme de certaines scènes.

Néanmoins, là où The Woman s’en sort parfaitement, c’est dans la description de cette famille apparemment banale qui cache plusieurs lourds secrets. Il évite de s’appesantir sur les détails scabreux ou de se montrer trop explicite (une scène de conversation gênée entre un père et sa fille suffit à évoquer les horreurs se déroulant dans la maison) et préfère laisser les personnages s’exprimer dans leurs attitudes. Le réalisateur de May attaque ainsi sévèrement le machisme ordinaire, celui qui fait que tout le monde trouve normal qu’une femme au foyer se prenne de temps en temps une baffe de son mari.

McKee a toujours été un excellent directeur d’acteur et parvient à tirer le meilleur de sa troupe, dans des rôles qui auraient pu rapidement tomber dans la caricature. Sean Bridgers (Deadwood) est tout simplement monstrueux en patriarche en apparence débonnaire, mais en réalité autoritaire et misogyne au possible. Un personnage qui n’est pas sans évoquer le Trinity Killer incarné par John Lithgow dans la saison 4 de Dexter. Le jeune Zach Rand, dont c’est le premier film, est lui aussi excellent dans le rôle du fils de famille qui suit les traces de son paternel et devient un psychopathe en puissance.

Le film monte donc graduellement sans tomber dans la démesure, jusqu’à un final cathartique d’une brutalité assez inouïe, marque de fabrique de Ketchum, au cours duquel les personnages finissent par payer pour leurs péchés. La dernière scène est quant à elle assez culottée, le film s’achevant sur une note à la fois dérangeante et porteuse d’espoir.

The Woman n’est pas exempt de défauts, mais par son jusqu’auboutisme assumé  et sa charge anti machiste détonne suffisamment dans le paysage sclérosé du cinéma horrifique actuel pour susciter l’intérêt.

Note : 6.5/10

 

USA, 2011
Réalisation : Lucky McKee
Scénario : Jack Ketchum, Lucky McKee
Avec: Sean Bridgers, Angela Bettis, Pollyanna McIntosh, Zach Rand, Carlee Baker, Lauren Ashley Carter

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