Ce film m’a désarçonné ; à plusieurs reprises j’ai failli le lâcher . Mais le ton innovant, le renouvellement d’un style à la française autour des secrets de famille et l’interprétation générale de comédiens peu coutumiers du grand écran, vous alertent obligatoirement . Il y a une ambiance , feutrée ,insistante , un équilibre toujours précaire dans les relations fraternelles qui va peut-être conduire au drame pressenti.
Mais lequel, contre qui, par qui ? Pour son premier film Hélène Angel , est-elle même toujours en ballottement , passant d’un extrême à l’autre pour dire l’amour que l’on entretient au cœur de la maisonnée et la haine sourde , attisée par des années d’absence, ou de silence.
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Quand Coco revient auprès de sa mère , adulte égaré dans sa tête et ses souvenirs, on ne sait plus grand-chose de lui. Ses petites nièces ne l’ont jamais connu , ses deux frères l’avaient oublié. Le temps des vacances d’été , la cellule familiale va se reconstituer , d’abord pour le meilleur ….
Constante du cinéma français, le drame familial , s’égare ici sur des voies encore inexplorées, où la réalisatrice se débarrasse d’une psychologie de bas étage pour laisser parler sa caméra. Elle filme à l’instinct, joue du corps à corps avec les hommes et les femmes , ce qui n’est pas sans risque pour une mise en scène qui dérape parfois . Mais ce petit côté abrupt et maladroit, est à l’image de ces personnages perdus dans des paysages magnifiques, et sauvages.
Comme ce flic mis à pied , pour cause de violence, et venu se ressourcer auprès de sa vieille mère .Le costume de Serge Riaboukine est étonnamment ajusté à cette silhouette taillée dans la masse , qui chaque jour se fracasse un peu plus contre ses faibles certitudes. Bernard Blancan, en fils demeuré est tout aussi inquiétant sous ce regard perdu, éperdu , de retour d’une guerre qu’il n’a jamais fini.
Les deux jeunes interprètes, excellentes
Je ne peux passer sous silence l’extraordinaire prestation des deux jeunes comédiennes Cathy Hinderchied et Virginie Guinand , époustouflantes d’un bout à l’autre d’une histoire qu’elle ne quitte jamais . Lâchées dans la nature, traquées en toute liberté.
LES BONUS
- Court métrage « La vie parisienne » de Hélène Angel (35 mn)
Déjà la patte Angel. Trois vies de filles en parallèles. Où nous mènent-elles ? La réalisatrice les suit sans trop nous donner d’explications, si ce n’est que rien ne se passe forcément comme prévu. On attend l’issue de chaque bulle avec impatience. Même si rien n’arrive, ou si peu, et c’est déjà beaucoup …
- Entretiens avec l’équipe
Quelques réflexions ou commentaires, qui souvent sortent du convenu
Hélène Angel :
La réalisatrice évoque une touche autobiographique, mais pas comme on l’entend habituellement. A découvrir donc, dans les grands espaces …américains. Avec l’explication sur le casting.
Serge Riaboukine
Parle de son personnage, « en la mémoire de mon père, comme s’il était là ».
Elle joue Annie, une fille facile du pays. Dès la lecture du scénario,elle est entrée dans l’histoire , et en parle très bien.« Dès les premières pages, j’avais peur pour la petite fille. Et après on a peur pour tout le monde. En lisant le scénario, il y avait des résistances, et c’est très rare, habituellement tout glisse… »