Animals as Leaders
Weightless
Prosthetic Records
États-Unis
Note : 8/10
par Julien Lamoureux
En 2009, Tosin Abasi a débarqué sur la scène métal, et il ne l’a pas fait par la petite porte. Le succès aussi gigantesque qu’inattendu du premier album de son projet Animals as Leaders l’a propulsé au rang des guitaristes les plus en vus et les plus respectés de son milieu. Alors qu’il était seul lors de l’enregistrement de l’album éponyme, le guitariste Javier Reyes et le batteur Navene Koperweis l’accompagnent maintenant. C’est d’ailleurs dans le studio personnel de ce dernier que l’enregistrement a été fait.
Si vous ne connaissez pas Animals as Leaders, voici ce qu’il y a à apprendre sur ce trio. Toutes les pièces sont instrumentales, mais ne vous inquiétez pas, le tout n’est pas ennuyant. Le talent prodigieux d’Abasi fait en sorte que sa guitare parle dix fois plus que n’importe quel chanteur ne pourrait le faire sur une telle musique. Mélangeant à merveille métal et jazz dans des techniques de guitare bien trop avancées pour le talent de simples mortels comme vous et moi, il a créé la nouvelle référence en terme de métal progressif à l’aube de la nouvelle décennie. Reyes et Koperweis le supportent très bien et ajoutent une belle profondeur à la musique, mais Weightless, tout comme son prédécesseur, c’est quasiment un one-man show orchestré par le génie du jeune musicien.
Les craintes à l’annonce de ce nouvel album sont les questionnements classiques auxquels fait face tout groupe qui a obtenu du succès avec son premier opus : les musiciens peuvent-ils répéter l’exploit? Ici, la réponse est oui.
Abasi et ses comparses progressent avec ce second opus. La production est bien meilleure : la seconde guitare et la batterie étant maintenant jouées par des humains et non des machines, l’accent a été un peu plus mis sur ses deux instruments, bien qu’on sente toujours que la vedette, c’est Abasi. Le talent de Reyes et Koperweis est indéniable mais est quelque peu éclipsé dans le cas qui nous intéresse. C’est la loi de la relativité, que voulez-vous!
Venons-en donc au vif du sujet : Tosin Abasi. Il sort un peu du style très djent caractéristique du premier album et s’éloigne de l’influence des Meshuggah et autres pour renforcer son propre style, y ajoutant des éléments plus jazzés et y allant de façon plus libre dans la forme. Le résultat est franchement impressionnant : on reconnait l’Abasi de 2009 mais on sent qu’il a évolué, qu’il a plus réfléchi à son jeu plutôt que de simplement se lancer dans une démonstration épique de son talent, et surtout, qu’il a maturé. Les influences sur cet album sont aussi plus larges, alors que des éléments électro encore plus présents que sur le CD précédant sont de mise.
Inévitablement, les émotions ressenties lors des premières écoutes de l’album éponyme (la surprise, l’incrédulité, l’émerveillement…) ne frappent pas autant sur Weightless. Revenir avec quelque chose d’aussi nouveau aurait relevé du miracle. L’aura qui entourait la galette de 2009 est quelque chose de rare, d’inimitable. La seule autre chose qui rend cet album moins appréciable qu’Animals as Leaders est l’absence de titre aussi marquant. Bien sûr, An Infinite Regression, Earth Departure et To Lead to An Overwhelming Question ainsi que quelques autres font partie de mes titres preférés de l’année, mais ils ne peuvent simplement pas rivaliser avec les CAFO et autres Tempting Time de l’album précédent.
Weightless reste une des bonnes sorties de l’année et place la barre très haute pour les autres groupes du genre… ainsi que pour le 3e opus d’Animals as Leaders.