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[Chronique] Jedi Mind Tricks – Violence begets Violence

Publié le 10 novembre 2011 par Nowplaying

[Chronique] Jedi Mind Tricks – Violence begets Violence
De la violence, encore et toujours. La marque de fabrique du groupe originaire de Philadelphie et dont la réputation n’est plus à faire est assimilable assez aisément dans chacun des titres de ses albums parus jusqu’à présent. Violent by design, Legacy of blood, History of violence. Il n’est donc pas étonnant de voir cette violence s’inviter une fois de plus à la table des réjouissances et y tenir une place prédominante pour ce 7ème épisode : Violence begets violence.

Ceux qui ont suivi l’histoire du groupe savent que la sortie de ce disque constitue un événement au moins pour une raison : Stoupe ne fait pas partie de l’aventure et n’en fera certainement plus jamais partie. Le beatmaker aux boucles magiques et à la patte reconnaissable parmi mille constituait une large frange du succès du groupe et son départ est à déplorer pour une bonne partie des fans. Les deux compères Vinnie Paz et Jus Allah sont-ils parvenus malgré tout à recréer l’esprit Jedi Mind Tricks que beaucoup pensent mort depuis 2006 et l’excellent  Kings in heaven, Servants in Hell  ? Tout porte à croire que non. Du moins, c’est la sensation à la première écoute du disque. En effet, on sent dès l’intro, qui se veut dans la droite lignée des précédentes (assez travaillée, notamment avec un sample de film faisant l’apologie du crime et du sang) que le groupe tente de conserver ce fameux esprit. Les samples latinos (« Willing a destruction onto humanity », « Target practice ») et les boucles de clavier hypnotique (« Carnival of souls ») vont dans ce sens.Malgré cet hommage à peine maquillé à l’ex-beatmaker du groupe et à ses productions, on sent que la magie opère beaucoup moins bien et qu’il y aura effectivement un avant et un après Stoupe. C’est donc un nouveau chapitre de l’histoire du groupe qui débute et les deux comparses en sont parfaitement conscients.

Dans une volonté de conserver une ligne musicale qui lui a plutôt réussi jusqu’à présent, le groupe va néanmoins se prendre à son propre jeu et les morceaux commencent à se ressembler au point où l’on en arrive à se demander s’il peut vraiment nous offrir autre chose. On retrouve ainsi l’excellent Dj Kwestion sur des scratches bien sentis. Les apparitions de Demoz ou King Magnetic ne sont pas des surprises car ces artistes sont affiliés au groupe depuis la création de l’ Army of the pharaohs. Ils viennent appuyer le côté hardcore du groupe et confirment que chez les Jedi, on préfère travailler en famille.   Jus Allah, dont la voix s’est fait plus rocailleuse ces dernières années, était attendu au tournant pour cet album puisqu’il avait déçu sur le précédent épisode, notamment à cause du fait que ses textes tournaient beaucoup autour de lui (la plupart des mesures commençaient d’ailleurs par « I »). Ici, Jus semble avoir pris conscience de la chose et nous offre (sans pour autant être aussi brillant que sur Violent by design) une performance passable qui est tout de même prometteuse en vue des live à venir. Vinnie Paz, pour sa part, n’est plus aussi impressionnant qu’à ses débuts et que sur les précédents opus, on sent un réel essoufflement et un manque de renouvellement qui nous montre qu’il a (peut-être) atteint ses limites. Le niveau reste tout de même satisfaisant avec une aisance technique dans l’écriture des rimes qui sauve un peu le reste, à savoir un flow qu’il ne parvient pas à faire évoluer.

Il y a quelques nouveautés dans ce disque et notamment la tentative de faire un titre aux influences reggae. Cette opération n’est qu’une semi-réussite puisque le rendu du titre en collaboration avec Chip-Fu (ex-Fu-Schnickens) est relativement bancal mais démontre malgré tout la volonté d’ouverture musicale du groupe. Une mention spéciale tout de même pour le très réussi « Design in malice » où la patte de Mr Green sur un beat très boom-bap, Vinnie et Jus en grande forme, et un Pacewon assez inspiré (qui retrouve pour l’occasion son acolyte beatmaker) nous laissent augurer des jours meilleurs et nous offrent 3 minutes 38 de très bon Jedi Mind Tricks.

Au niveau de la thématique générale, on ne retrouve pas vraiment la grande dualité amour/haine (guerre/paix) comme cela a pu être le cas lors des précédents albums, notamment dans Kings in Heaven, Servants in Hell où le titre « Heavy metal kings » (concentré de haine brute) venait par exemple s’opposer à « Shadow Business » ( où l’engagement militant de Vinnie Paz dénonçait les conditions de travail dans les usines chinoises) Alors qu’il y a encore 3 ans, Vinnie n’aimait rien tant qu’afficher sa schizophrénie, ce nouveau disque et sa volonté de retour à un rap plus dur ont éclipsé le côté lunatique du groupe.  (Cette absence s’explique peut-être par le départ de Stoupe dont les productions aux samples souvent doux et mélodieux venaient contredire le flow très revanchard du Pazmanian Devil).

Sans être une révolution ou une sortie aussi intéressante que certains de leurs anciens albums, cette nouvelle galette des Jedi Mind Tricks est tout de même une sortie intéressante. Elle est la preuve d’un nouveau départ pour le groupe qui devra compter sans son ex-beatmaker dont le spectre plane et continuera de planer autour de chaque événement qui l’accompagnera.


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