Les 3 Royaumes

Style: Fresque historique, film de sabres

Année: 2008

Durée: 148 min version normale/280 min version longue

Réalisateur: John Woo

Résumé: Á cause d'un problème politique, le Royaume Shu attaque le Royaume Wu, ce qui donnera lieu à une des plus grandes batailles que la Chine ait connue: La Bataille de la Falaise Rouge.

La critique de Duncan:

On ne présente évidemment plus John Woo, réalisateur aussi connu pour ses chefs d'oeuvres réalisés à Hong Kong (The Killer, Une balle dans la tête entre autre) que ses daubes hollywoodiennes (Mission Impossible 2 ou encore Paycheck).
L'annonce de son retour au pays avait mis en érection bon nombre des fans de la première heure du réalisateur.

Manque de bol, il est pas revenu à Hong Kong pour faire du polar, mais pour faire du Wu Xia Pian avec plein d'éléments historiques dedans.
D'abord, petite leçon d'histoire: qu'appelle-t-on Les trois Royaumes ? Et bien c'est tout simplement le nom donné aux livres traitant des nombreuses batailles que la Chine ait connue entre le IIème et le Vème siècle, et ensuite adaptés en roman quelques siècles plus tard.

Á noter que le petit merdeux Zhang Yimou a adapté à sa sauce Wasabi cette période historique avec sa trilogie,comprenant:"Hero"(beau mais chiant),"Le Secret des Poignards Volants(beau et pas chiant)et "La cité interdite"(moche et chiant).D'abord,sachez qu'on m'aura vraiment poussé pour voir ce dernier cru du réalisateue,vu que je sentais la déception et l'ennui à plein nez.

Le film de John Woo respecte selon les critiques plus ou moins l'histoire. Premier bon point. Deuxième bon point, c'est splendide.
Les batailles certainement les plus belles réalisées à ce jour dans un film du genre. Sans compter la musique magnifique.
Troisième bon point, le casting avec deux grosses têtes d'affiches que j'adore, j'ai nommé Tony Leung Chiu-Wai et Takeshi Kaneshiro, qui se retrouvent après le très bon thriller Confession of Pain.

Quatrième bon point.... ah non, il y a pas de quatrième bon point. Faut bien avouer que c'était bien parti. Pourtant, plus le film avance, plus ça se casse la gueule.
Déjà, tout est traité en surface .L'implication des personnages est minime et leur personnalité est survolée.
L'autre élément traité en surface, ce sont les relations entre les personnages, que se soit politique ou plus personnel.

Certes, il y a des dialogues, mais en ayant engagé les dialoguistes de Pokémon, ça tombe à l'eau et au final, c'est chiant comme la mort.
Déjà, rien qu'avec ce gros défaut, c'est foutu d'avance. Et malheureusement, ce n'est pas fini. Autre mauvais point, l'interprétation.
Les acteurs ne sont pas mauvais, c'est surtout leur implication qui est gênante.V u la piètre qualité des dialogues, ils ne montrent pas tout leur talent, Kaneshiro étant à la limite du cabotinage.

L'avant avant (oui, oui) dernier gros problème, c'est le manque d'émotion. Alors attention, on s'y croit lors des batailles, le souffle épique étant présent comme rarement. Malheureusement, et ça rejoint les autres défauts que j'ai cités plus haut, à cause d'un traitement en surface, que se soit politique ou intime, des dialogues sans intérêt et des acteurs ne donnant pas le meilleur d'eux mêmes, on ressent peu d'intensité émotionelle et au final, ça ne prend pas au coeur.

L'avant dernier problème, c'est la durée. Que se soit la version normale, la seule qui était disponible en Europe jusqu'à Avril 2010 (146 min) ou bien la version longue, sortie en.... avril 2010 (280min), c'est encore trop long.
Tout du moins pas trop long, vu ce qu'il y a à raconter, c'est même trop peu vu la densité des récits, mais vu l'echec total de la réalisation et la pauvreté des dialogues, le temps passe lentement, trop lentement.

Dernier mauvais point, Les 3 Royaumes souffre de la comparaison avec les autres films du genre. Pour les spectateurs occasionnels de films de sabres, ça ne posera pas trop de problème, mais pour les fans absolus qui bouffent matin, midi et soir du cinéma d'arts martiaux/de sabres, comme moi, ça pose un souci, dans le sens où des grands réalisateurs comme Chang Cheh, Tsui Hark ou pour les classiques faciles, Akira Kurosawa, ont réalisé des purs chefs d'oeuvres du genre, qui plus est, accesible à moindre prix de nos jours et trouvables partout.

Donc, la question est: Pourquoi perdre son temps devant cette belle coquille, mais tout de même complètement vide ? Surtout que pour les fans de John Woo, rien, mais absolument rien, ne rappelle son cinéma d'antan ,si ce n'est quelques colombes par ci par là. Vous voulez des noms de valeurs sûres du genre ?
Alors c'est parti: Seven Swords de Tsui Hark, L'empereur et L'assassin de Chen Kaige, The Moon Warrior de Sammo Hung, The Legend of Zu de Tsui Hark, ou dans un registre guerrier mais aussi plus intimiste, La trilogie du Sabreur Manchot, Les Griffes de Jade de Ho Meng-Hua, Frères de Sang de Chang Cheh, The Blade de Tsui Hark et je n'en cite qu'une petite partie parmi des dizaines, que dis-je, des centaines de films de ce genre, largement supérieurs au film de John Woo.

Après, je le dis tout de même, ce n'est pas mauvais, mais tellement insipide, vain, émotionnellement raté et sonnant faux.
Un beau film, c'est indéniable, mais qui présente trop peu d'intérêt. Á conseiller aux fans occasionnels du genre uniquement, sinon, passez votre chemin.

Note: 11/20