Avant "A l'indépendant" il y eut "Dialogues" que je cloturai hâtivement pour des raisons complètement dépendantes de mes mauvaises humeurs. Heureusement (peut-être !) l'ami (déjà !)de la Lanterne de Diogène a reproduit et donc sauvegardé quelques perles.
Tu es au crépuscule un nuage dans mon ciel,
ta forme, ta couleur sont comme je les veux.
Tu es mienne, tu es mienne, ma femme à la lèvre douce
et mon songe infini s'établit dans ta vie.
La lampe de mon coeur met du rose à tes pieds
et mon vin d'amertume est plus doux sur tes lèvres,
moissonneuse de ma chanson crépusculaire,
tellement mienne dans mes songes solitaires
Tu es mienne, tu es mienne, et je le crie dans la brise
du soir, et le deuil de ma voix s'en va avec le vent.
Au profond de mes yeux tu chasses, ton butin
stagne comme les eaux de ton regard de nuit.
Tu es prise au filet de ma musique, amour,
aux mailles de mon chant larges comme le ciel.
Sur les bords de tes yeux de deuil mon âme est née.
Et le pays du songe avec ces yeux commence.
Pablo Neruda
Poème XVI (les vingt poèmes d'amour)
Pablo Neruda avec le Président Salvador Allende
Un peu de beauté pure
entre le mur et moi
pendant que je le longe
et tout me semble clair
quand je l'ai reconnue
On dirait une odeur
où la pensée se perd
et laisse dans le vide
Peut-être si le cœur
ou ce qu'on nomme ainsi
brûlait entièrement
au moment de s'éteindre
il aurait la couleur
blanche de ce parfum
de tout sur ma mémoire
où elle s'est perdue
Jean-Pierre Colombi, Allégories de l'automne et des autres saisons, Gallimard, p 179.