Le film évènement du groupe islandais Sigur Rós, Inni, a été diffusé samedi 12 novembre 2011 à la géode, à Paris. J'y étais.
Déjà il y a la salle. Hémisphérique. Qui semble du coup plutôt bien se prêter à ce genre de projection exceptionnelle. Les fauteuils y sont inclinés de sorte que l'on assiste à la projection en ayant un peu l'impression d'observer les étoiles. Et ce soir là, c'est effectivement de ça qu'il s'agissait. Assis sous la voûte constellée, le public en a pris plein les oreilles et les yeux.
Dès l'ouverture le ton est donné : ce sont des gouttes lumineuses, larmes de lumière, qui balaient l'écran. Ce sont elles aussi qui reviendront clore la séance. Le film débute par une introduction composée de scènes de live, en noir et blanc (comme le seront toutes les captations de scène projetées) lumineuses et hypnotiques. Si la qualité de l'image n'est pas HD (ou est ce lié au format de projection pas forcément adapté à la salle de la géode), le son est époustouflant et c'est bien là l'essentiel. Dès les premiers instants on est immergé dans la musique si particulière du groupe : des plages aériennes cotoient des passages apocalyptiques et nous font partager des émotions contrastées; s'il est une évidence qui s'installe dès les premières minutes et ne nous quittera pas jusqu'à la fin de ce film, c'est que les compositions de Sigur Rós sont à l'image de la vie : pleines de relief, sans cesse surprenantes et ménageant quelques instants de grâce absolue. Bien sûr il y a aussi la voix exceptionnelle de Jonsi et son timbre séraphique, à nul autre pareil. Cette voix dont on imagine qu'elle est à l'image de celle dont résonne le paradis.
On retrouve également ses excentricités scéniques dont l'utilisation d'un archet pour frotter les cordes de sa guitare électrique (qui est un peu devenu sa signature désormais) ou encore son utilisation du corps de cette même guitare comme d'une caisse de résonance.
Pendant les 72 minutes d'Inni, les fans seront ravis de retrouver l'ambiance propre aux concerts du groupe mise en valeur par un vrai travail sur l'image, jouant sur la variété des plans et le montage tantôt fluide tantôt stroboscopique, calqué sur la rythmique de certains morceaux.
On retiendra aussi l'excellente idée d'alterner les plans en noir et blanc pour le live et en technicolor pour les "instants volés" (interview, "moments de vie",...), d'un bel effet.
L'ensemble est puissant et saisissant avec des séquences de toute beauté.
Mais...j'ai quand même quelques regrets : la présence de certains passages improbables comme par exemple la courte séquence de répétition au piano interrompue par un vigile costaud qui me semble faire irruption dans l'ensemble avec bien peu de grâce ou encore les longs plans sur un public mouvant, qui semble quitter un endroit où s'est produit un concert et dont les deux premiers rangs restent présents, semblant échanger avec le groupe ou les roadies (plus probable) pendant un moment qui m'a semblé bien trop long.
L'ensemble du film laisse tout de même sur une très belle impression, celle d'avoir communié pendant une heure avec le groupe islandais.
L'occasion pour moi de raviver le souvenir encore bien frais de ce qui restera à jamais un des plus beaux concerts auxquels j'ai assisté : Jonsi au Bataclan. Souviens-toi, c'était là, et c'était sublime. Sans exagérer.
J'ai trouvé ceci pour présenter un peu Inni, il s'agit des dix premières minutes du film mais bien sûr, est il utile de le préciser, ça ne fait pas honneur à la qualité de ce qui est diffusé en salle.
Pour toute information sur ce magnifique projet, c'est ici qu'il faut aller...
Sinon pour information il y a aussi cet événement de prévu : Projection d'Inni (mais pas à la géode) et après midi islandais.