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Green Dating n°33 : Le carbone dans tous ses états, bilan…

Publié le 13 novembre 2011 par Carocahors

Green Dating n°33 : Le carbone dans tous ses états, bilan…Mardi 8 novembre 2011 avait lieu la 33ème rencontre des Green Dating sur le thème du carbone. Retour sur les divers interviews.

Eric Parent, Fondateur de Climat Mundi, Société fondée en 2006 par des experts du management carbone

Réduire les émissions de CO2, est-ce uniquement du ressort des entreprises ou de l’Etat ?

Oui et non. Compte tenu de l’ampleur du chantier, tout le monde doit s’y mettre. D’ailleurs, les entreprises ont déjà bien commencé, puisque les émissions du secteur industriel sont les seules qui ont baissé depuis 1990 alors que toutes les émissions des particuliers ont augmenté (chauffage, transports…). D’autre part, les entreprises et l’Etat suivent l’opinion publique plus qu’ils ne la précèdent : les entreprises adaptent leur comportement et leur offre à la demande des consommateurs, et les politiques adaptent leurs discours aux souhaits des électeurs. Ainsi, c’est d’abord l’implication de chacun d’entre nous qui fera bouger les entreprises et l’Etat, et non l’inverse.

D’où vient le marché du carbone ?

Les émetteurs de gaz à effet de Serre se répartissent en 2 catégories : les très gros émetteurs fixes peu nombreux (centrales thermiques, aciéries, raffineries, cimenteries, chauffage urbain…) et les autres petits émetteurs plus nombreux (petites chaufferies, chaudières individuelles, voitures, avions, bovins…).

Aux premiers, l’UE a imposé une limitation des émissions (en créant les quotas carbone) et donné un moyen d’assouplir la contrainte en leur permettant d’échanger leurs quotas et d’utiliser des crédits carbone. Les échanges constituent le marché du carbone.

Pour les autres, l’UE et les Etats membres appliquent d’autres outils plus classiques (normes, obligations, fiscalité, subventions, bonus/malus…).

Qu’est-ce que les quotas carbone ?

Ce sont des unités attribuées à certains acteurs « obligés » (pays développés signataires du protocole de Kyoto, industriels soumis au système européen des quotas), représentant la quantité de CO2 qu’ils ont administrativement le droit d’émettre. 1 quota carbone représente 1 tonne de CO2. A la fin de chaque période, les obligés doivent restituer autant de quotas qu’ils ont émis physiquement de CO2. S’ils ont émis plus de CO2 qu’ils n’avaient de quotas, ils doivent acheter leurs quotas manquants (ou des crédits carbone, voir point suivant) aux obligés qui ont des quotas disponibles (car ils ont émis moins de CO2 que les quotas qu’ils ont reçus).

Qu’est-ce que les crédits carbone ?

Ce sont des unités attribuées sous certaines conditions d’éligibilité au porteur d’un projet qui réduit les émissions de gaz à effet de serre, et que le porteur de projet peut ensuite commercialiser pour financer son projet. 1 crédit carbone représente une réduction de CO2 d’1 tonne.

Par exemple, une usine hydroélectrique évite l’émission de 30.000 t de CO2 par an (parce qu’elle évite de brûler du charbon dans une centrale thermique pour fabriquer la même quantité de courant électrique). Le porteur de projet (souvent l’exploitant de l’usine) se voit attribuer 30.000 crédits carbone représentant chacun 1 tonne de CO2 évitée. Il vend ses crédits carbone à quelqu’un qui les lui achète. Le revenu correspondant lui permet de rendre viable son installation.

Qui alloue les quotas carbone ?

Les quotas attribués aux pays ont été alloués par le protocole de Kyoto. Les quotas attribués aux industriels sont définis par un système à deux étages : la Commission européenne alloue les émissions à chaque pays, chaque gouvernement alloue ensuite ses quotas à ses industriels. L’ensemble se fait dans un processus de concertation entre les différentes parties prenantes.

Qui attribue les crédits carbone et comment ?

Les crédits carbone les plus répandus (les CER) sont attribués par une agence des Nations unies, suite à un mécanisme très précis mis en place dans le cadre du Protocole de Kyoto (le « mécanisme de développement propre » (MDP) – ou CDM en anglais (« clean development mechanism »). D’autres types de structures, indépendantes des pouvoirs publics et administrations, se sont créées pour le marché volontaire et délivrent des crédits carbone (les VER) dans le cadre de mécanismes très proches de ceux du MDP (ex : le Verified Carbon Standard ou VCS).

Qu’est-ce que le marché volontaire du carbone ?

C’est un marché où les acheteurs sont des acteurs (entreprises, administrations, collectivités locales, particuliers) qui n’ont pas d’obligation réglementaire, mais qui souhaitent utiliser les crédits carbone (qui n’ont pas été créés pour eux mais que rien ne les empêche d’utiliser) pour financer des projets dans le cadre d’une démarche responsable et/ou marketing.

Qu’est-ce que la compensation carbone ?

C’est le fait d’acheter des crédits carbone (représentant le financement d’une quantité équivalente de réductions d’émissions de CO2) pour « compenser » ses propres émissions. Certains acteurs compensent leurs émissions dans un cadre réglementaire (les obligés qui utilisent les crédits carbone pour remplir leurs obligations). D’autres le font dans un cadre volontaire.

Compenser ses émissions de CO2 n’est-il pas une façon de se donner bonne conscience ?

Avant de se donner « bonne conscience », nous pensons que cela donne tout simplement « conscience ». Avant la compensation, on pouvait émettre du CO2 sans le calculer, et surtout sans pouvoir rien faire. Maintenant, avec la compensation, on peut calculer ses émissions. Nous pensons ainsi que la compensation, qui met chacun d’entre nous devant sa responsabilité financière devant l’effet de serre, est un moyen de prendre conscience du problème. Avant la mise en place des mécanismes de compensation, on ne pouvait tout simplement rien faire, une fois le CO2 émis, à part en être désolé. Maintenant, on peut faire quelque chose. Cela devient donc une question de responsabilité. La compensation ne vient pas en substitution de la réduction des émissions, mais en complément.

Alexandre Borde, Fondateur de Carbonium, société de courtage sur le marché du carbone fondée en 2004, et société de conseil spécialisée dans les énergies renouvelables et le biogaz.

Quel est le rôle de carbonium ?

Identifier des projets, accompagner vendeurs et acheteurs dans l’enregistrement de ces projets à l’ONU.

Accompagner les industriels sur les marchés peu connus (Allemagne vers Sud) : mondialisation du marché de l’électricité

Nos clients sont : UE électriciens, et énergéticiens + Banques

L’ équipe est composée de 15 personnes, Pékin, Vietnam, Afrique subsaharienne, Bolivie

Il existe 4 000 projets enregistrés au total (Chine, Inde, Mexique, Brésil, Vietnam)

Quels types de projets ont un potentiel de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ?

Les émissions de gaz à effet de serre proviennent de nombreuses sources : production d’énergie, du transport, des bâtiments (chauffage, climatisation, consommation d’énergie, etc.), des déchets solides et liquides, des transports (aérien, routier), de l’industrie (production de gaz réfrigérants, de ciment, de métal, etc.), de la construction, de l’extraction de ressources premières, de l’agriculture et de la déforestation.

Toutes ces sources d’émissions peuvent faire l’objet de projet de réduction d’émission (tant que la méthodologie permettant de quantifier ses émissions est reconnus par les autorités accréditrices).

Quelles sont les conséquences de l’arrivée à terme du Protocole de Kyoto sur le marché du carbone ? Que va t-il se passer après 2012 ?

Le marché règlementé existera au moins jusqu’en 2020.

C’est le seul marché guidé par la politique. Le plafond est décidé par la politique.

Nous n’obtiendrons vraisemblablement pas d’accord international.

Il y a des risques de délocalisation des industriels s’ils sont contraints d’acheter l’intégralité de leurs quotas/crédits.

Quel est le prix d’un crédit carbone ?

Le prix de la tonne de carbone sur les marchés varie en fonction des niveaux de production industriels liés à la conjoncture économique, de l’offre en crédits carbone (puisque la demande est connue) et des facteurs de production de l’énergie liés aux aléas climatiques (pluviométrie, températures). Elle s’échange aujourd’hui au bas niveau de 7,5€ sur les marchés, pour un crédit carbone délivré d’un projet développé dans un pays en voie de développement.

Le protocole de Kyoto est il le seul fondement du marché du carbone ?

Le protocole de Kyoto est à la base de l’existence du marché du carbone tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il s’agit de ce que nous appelons le marché réglementé, et contraint les pays dits de l’Annexe-I à réduire leur émission de gaz à effet de serre de 5% en moyenne d’ici 2012 par rapport aux niveaux de 1990.

La Commission européenne a mis en place le Système d’Echange des Quotas et Crédits carbone Européen, qui est aujourd’hui le système le plus important en terme de volumes traités. En parallèle, un marché volontaire du carbone s’est créé, guidé par des objectifs environnementaux de réduction d’émission mais ciblant des acheteurs finaux non contraint légalement. Sans renouvellement du protocole de Kyoto le système Européen sera poursuivi au moins jusqu’en 2020. Face à l’échec des négociations internationales, pays par pays, des systèmes indépendants d’échange de quotas carbone sont à l’étude ou voient le jour (Chine, Inde, Corée du Sud, Japon, Colombie, Vietnam, etc.).

Benoît Leguet, Directeur de la Recherche, CDC Climat, filiale de la Caisse des Dépôts. Vous êtes également co-auteur d’un guide sur la compensation carbone

La compensation carbone est-elle efficace ?

La réponse est oui. La compensation est l’étape qui suit la réduction de ses émissions. Elle intervient une fois que tout a été mis en place pour compenser ce qui ne peut pas être réduit ou supprimer.

Eviter l’émission d’une tonne de CO2, quels qu’en soient le lieu ou la méthode (dans le cadre de Mécanismes de développement propre par exemple) apporte toujours le même bénéfice climatique.

Quelles en sont les limites ?

Certains projets existent alors qu’ils ne sont pas additionnels. C’est-à-dire que leur financement ne joue pas de rôle dans la réduction d’émissions.

Il faut également des garanties sur la réalité de réduction des émissions (labels projets et labels démarche)

Qui contrôle les projets ?

L’ONU, le Chicago Climate Exchange, le Voluntary Gold Standard…

Philippe Paelinck, Directeur CO2 Business Development, Alstom

Rappelez-nous quelles sont les activités principales d’Alstom et que génèrent-elles en terme d’émissions de CO2 ?

Alstom est présent dans les Transports, le ferroviaire, l’énergie.

L’Enjeu considérable en matière d’émissions n’est pas les émissions générées par les activités directes (500 000 tonnes de C02 par an), mais celles générées par les produits finis, comme les centrales vendues clef en main qui auront un impact sur 30 à 50 ans, chez nos clients.

C’est pourquoi Alstom a choisi cet axe de recherche et développement.

Pourquoi avoir choisi d’adopter uns stratégie carbone ? Cela correspondait-il à une attente des clients ?

Oui, les entreprises commencent à faire des ACV. On mesure l’empreinte carbone chez nos clients. L’industrie énergétique va devoir acheter des permis dès 2013, c’est donc crucial pour eux d’anticiper et de se préparer à produire plus de méga watt avec moins de fuel.

Quel impact vos technologies dites propres peuvent-elles avoir dans les pays dans lesquels elles sont installées ?

On fabrique des turbines à gaz, de l’hydro, de l’éolien, de la biomasse… et on quantifie dans chaque pays l’impact de ces technologies, par rapport à leur base-line. Les résultats sont étonnants. Entre 2002 et 2009, 175 millions de tonnes de CO2 évitées dans les pays où nos technologies sont installées.

(Chine, US, Europe, Turquie, Mexique, Brésil)

Nous avons également lancé la R1D sur le captage/stockage de CO2, avec des résultats très positifs : 6 à 7 millions de tonnes évitées sur un projet.

Les leviers d’actions seront d’abord sur les centrales électriques, renouvelables et thermiques. Ensuite sur les réseaux, puis le transport.

Jean-Pierre Maugendre, Directeur adjoint du développement durable, Lyonnaise des Eaux

Comment contribuez-vous à la réduction des vos émissions de GES et de celles de vos clients ?

Notre activité a un faible impact, mais nous proposons aux collectivités des solutions de réduction. Notre métier ne se limite pas à la distribution d’eau potable. Les collectivités sont en demande, dans leur projet de construction d’une ville durable, de solutions efficaces.

Il faut également impliquer les consommateurs (les émissions de GES de la maison représentent 4 à 5 fois le service lui-même), le sensibiliser et leur proposer des solutions.

 Qu’est-ce que cela implique au niveau des services que vous proposez ?

Il nous faut réinventer les métiers de l’eau et de l’énergie.

Proposer un double engagement et être en avance.

Le coût de l’énergie est un levier.

Un exemple de solution concrète proposée à une collectivité

La station d’épuration peut devenir une plateforme environnementale en transformant la matière organique du territoire.

Freins : capacité d’investissement, méconnaissance de ce qu’on peut apporter en matière de ville durable.

Les fournisseur et sous-traitants peu enclins à donner des éléments.



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