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Quid d'un référendum européen ?

Publié le 14 novembre 2011 par Dubruel

 Un article d’Agoravox, paru mardi dernier :

Les marchés, à la rigueur, seraient utiles s'ils étaient soumis à la rigueur. La proposition d’un référendum en Grèce sur la politique européenne de la dette doit être étendue à un référendum fédéral européen. Nous aurons une gouvernance européenne quand nous aurons un peuple européen. Il faut se marier pour vivre et durer. Il faut se marier pour se perpétuer et que quelque chose de soi survive. S’il l’on refuse de mêler ses gènes aux gènes d’un autre ou d’une autre, suivant qui on est, on meurt seul et sans suite. Ce référendum est une opportunité de se faire un pas vers la création d’un peuple européen, qui prend en charge collectivement les problèmes de sa destinée.

Il est tout-à-fait inutile d’envisager que les marchés puissent à un moment ou à un autre se satisfaire des décisions politiques des Etats. Ce qu’on appelle les marchés sont dans un état d’incandescence, de surexcitation et de toute puissance tel qu’un retour au calme n’est pas possible.

Cependant, les Etats et leurs gouvernements en ont fait leur boussole. Ils se laissent gouverner explicitement par les agences de notation et affirment que le but de leur action est de garder ou de retrouver une bonne note.

Outre que ce n’est déjà pas très honorable d’affirmer sa soumission à quelques entreprises, (des groupes professionnels de citoyens travaillant dans la même entreprise) et non pas à l’ensemble des citoyens, cette injonction de plaire à ces entreprises n’arrivera jamais :

Les marchés et les agences de notation sont juges et parties et ont, dans la logique systémique actuelle, intérêt à augmenter leurs taux d’intérêt. Ils ont intérêt à prêter plus cher. Par conséquent, d’une part, l’équilibre financier du budget des Etats (remboursement de dette compris) ne les satisfera pas parce que la diminution de l’action de l’Etat dans l’économie abimera la croissance, diminuera les recettes de l’Etat, diminuera la création de richesses, la création monétaire…d’autre part, le maintien de l’activité économique des Etats qui peut aider à la croissance, à l’augmentation de la richesse et de la masse monétaire et permettre de rembourser la dette, s’est fait par la création de la dette !donc, les mauvaises notes vont pleuvoir sur les têtes des mauvais élèves… il n’y a dans la « commande » de ces agences de notation que des mauvaises solutions. Qu’on aille à droite, en haut, en bas ou à gauche ou les quatre à la fois, on part toujours en vrille. 

Ces agences sont en train de tuer leur planète. Certains virus font ça, tuent l’homme qui les porte… et meurent avec. La soumission de la sphère financière au court terme est structurelle et c’est un aveuglement. Ils doivent se nourrir et tuent toutes leurs bêtes…

Il y a une tendance forte à penser que ce type de comportement n’existe pas ou bien est maladif (exceptionnel donc), ne peut pas être généralisé, partagé par des groupes entiers, ni sur des périodes longues. Le caractère suicidaire de cet aveuglement au moyen et long terme est cependant un trait important de l’analyse.

Nous entendons et nous lisons sans cesse dans les médias les évolutions immédiates des marchés qui sont présentées, de façon suggestive, comme une évaluation de la qualité des décisions politiques, ou des débats en cours. La bourse monte, Sarkozy et Merkel ont vu juste et prennent les bonnes directions… La bourse baisse. Attention ! nous faisons fausse route !

La variation des cours sur les marchés nationaux ou internationaux est une nécessité structurelle de ces marchés, les acteurs ne peuvent espérer gagner de l’argent que par les variations de valeurs. Dans un marché calme, les opérateurs, parmi lesquels les épargnants et surtout, plus forts et plus nombreux, les spéculateurs, ne peuvent pas agir. On ne peut donc regarder ces variations comme significative sur le fond. Elles sont une sur-réaction aux événements politiques, d’une certaine façon, destinée à être inversée un peu plus tard, le « travail » spéculatif consistant à anticiper un tout petit peu chacun de ces mouvements pour capter un peu de valeur au passage. Ces commentaires, courants et abondants, sont internes à cette logique systémique et ne devraient pas tant avoir cours, si j’ose employer ce mot.

Trop de discours sont dans le registre moral de l’indignation et visent l’illégitimité du pouvoir de ces agences et du pouvoir des marchés. Condamner par des discours globaux, totaux, le comportement de ces pros de la finance au nom de l’humain… ne change rien, ne risque pas de changer quoi que ce soit. Il faudrait établir des actes, et des stratégies. Georges Papandréou a posé un acte, créé un événement, une chose qui arrive, pas une plainte. Il donne concrétion politique, positive, à une plainte du peuple grec, exprimé par nombre de manifestations… souffrance excédée qui fait partie de l’ensemble du système. Il met la machine démocratique en route.

Il nous appartient, à nous Français, à nous tous, européens, de réclamer et d’obtenir un référendum sur la dette de l’Europe, un référendum européen, réalisé le même jour, dans les mêmes formes, avec les mêmes questions et une totalisation des votes. Pas une succession de référendums se ressemblant, organisés par les Etats et soumis à des rythmes différents, à une obligation molle et incertaine, aux interprétations nationales privilégiées aux interprétations européennes.

 Nous aurons une gouvernance européenne quand nous créerons un peuple européen et la solidarité dans les difficultés est un ferment d’unité. On peut rêver mieux, plus aisé, plus jouissif que la crise monétaire actuelle, certes. On peut aussi transformer cette proposition de référendum en Grèce en une réalisation d’un référendum fédéral européen


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