L'autre jour, en parcourant l'article qui traite de la violence faite aux femmes, sur le site de Mademoiselle, je suis tombée sur une photographie de Nan Goldin la représentant le visage tuméfié par les coups de son amant. Je connais l'oeuvre de Goldin mais là, j'ai eu un choc. Tout d'abord parce qu'on ne pouvait pas mieux choisir pour illustrer un tel article mais aussi parce que le portrait en lui-même possède une force émotionnelle rare.
Artiste américaine atypique, Nan Goldin a su, tout au long de sa vie, capturé la misère morale, la souffrance, la difficulté de survivre et les joies aussi mais dans des ambiances particulières et destructrices. Au début, elle a commencé à photographier ses proches, ensuite ses amis marginaux en révélant leurs univers à la fois trash et intrigants. C'est par cette intrusion dans sa propre intimité et celle de ces êtres en marge que Goldin nous révèle différents aspects de la condition humaine. Cependant, au travers de ces images souvent glauques, filtre une immense tendresse malgré les thèmes évoqués: la fête, la drogue, la violence, le sexe.
Cet autoportrait est une des meilleures représentations de la femme la plus anticonventionnelle jamais réalisée.
A lui seul, il vaut à Nan Goldin d'entrer dans l'Histoire de l'art par la grande porte.