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Pierre Rosanvallon : « Lettre 2006 revisitée 2011 »

Publié le 16 novembre 2011 par Raoul Sabas

Le 20 mai 2006

Objet :

« Lettre 2006 revisitée 2011 »

Monsieur Pierre Rosanvallon

Professeur au Collège de France

11, place Marcelin Berthelot

75005 Paris

Courriel :

[email protected]

[A l’attention de : Bruno Palier, Eric Maurin, Yves Sintomer, Martin Hirsch, Louis Chauvel, Philippe Askenazy, Thomas Piketty, Serge Audier, Thierry Pech, Patrick Savidan, Eric Fassin, Jean-Claude Monod]

« Si je sais la vérité et ne gueule pas la vérité, je suis le complice des escrocs et des faussaires ! »  [Charles Péguy]

Monsieur,

Je ne peux laisser passer sans réagir certains de vos propos tenus au cours de l’émission de France Culture, lors de l’ouverture du Forum de Grenoble, où vous avez notamment évoqué les « avertisseurs publics » et parlé de « réenchanter lucidement le monde », tout comme vous aviez écrit dans votre livre, Le modèle politique français : « À l'aube du XXIe siècle, la démocratie est à la fois triomphante et incertaine. »

Assurément, je reconnais comme vous la nécessité d’ « avertisseurs publics », dans la mesure où le monde n’a de cesse de colporter, comme aux pires époques obscurantistes, les mensonges et les « croyances au miracle » de la Superstition sous toutes ses formes : religion, toutes religions confondues (monothéistes ou non), métaphysique [Doctrine matérialiste depuis Aristote jusqu’au scientisme contemporain, positivistes inclus, et scolastique idéaliste des Descartes, Kant et autres « philosopheurs »], idéologie, toutes les idéologies sans exception (altermondialisme inclus), et moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des « Autres », au nom de LA Morale : LAQUELLE ?], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain ou Déclaration universelle des droits de l‘homme de 1948, dont seule l’ « inobservation » est réellement universelle – sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, de démontrer le contraire, à l’aune du devenir du monde depuis sa promulgation !

Il ne faut toutefois pas confondre les grands diseurs universels de LA Vérité avec les porte-parole du penser superstitieux, tel que précisé ci-dessus. Et il se manifeste en particulier dans l’idéologie, fondement de la parole politique, avec sa volonté de transformer le monde pour le rendre meilleur, plus juste, etc., etc., ce que les Terriens n’ont toujours pas vu venir depuis des millénaires, tandis que vous le promettez encore pour demain.

Ceci suffit à établir la filiation de l’idéologie avec la religion dans ses multiples dogmes conduisant à la croyance en un « paradis », au point que Montand, ce « fidèle » revenu de ses illusions de jeunesse, a pu déclarer, à bon escient : « Ils croient au socialisme d’une manière religieuse, comme j’y ai cru moins même d’une manière religieuse » !

Montand parlait sûrement de tous ces fidèles, notamment communistes, répétant à satiété les promesses irréalisables de soi-disant grands intellectuels, universellement encensés pour leurs seules « croyances au miracle », à en juger par la réputation internationale de Jean-Paul Sartre, mais bien obligés de battre piteusement en retraite, après la chute du mur de Berlin.

Elle aurait dû sonner la fin du communisme, ce mode d’expression parmi d’autres de la superstition idéologique avec sa « croyance au miracle » en un monde meilleur sans cesse renvoyé à DEMAIN, toujours DEMAIN et seulement DEMAIN, mais sont encore des milliards à espérer pouvoir transposer l’Idéal dans le quotidien. Les faiseurs d’opinion d’aujourd’hui s’arc-boutent encore à cette chimère sans réaliser qu’ils trompent ainsi délibérément l’opinion, toujours portée par nature plus à « croire », à imiter et à répéter qu’à « penser vraiment ».

Hélas, même les « avertisseurs publics », de portée universelle, à savoir des mystiques authentiques comme le Bouddha et le Christ dans leur Parole non pervertie par la superstition religieuse qui a usurpé leur nom pour en faire les fondateurs d’une religion qu’ils n’ont pas voulu créer, et de vrais philosophes du UN absolu, parmi lesquels Socrate, Giordano Bruno, Spinoza et Constantin Brunner (1862-1937), leur héritier spirituel, n’ont pas réussi à convaincre la multitude humaine de LA Vérité absolue,dont ils étaient les porte-parole.

Ils ont été mal compris, en effet, par les foules superstitieuses, d’hier et d’aujourd’hui, incapables de saisir que LA Vérité absolue ne peut être qu’UNE, Unique, et non duelle avec ses deux absolus religieux (Dieu et notre monde), métaphysiques (le big bang et notre monde), idéologiques (paradis et enfer) et moralistes, voire moralisateurs (Bien et Mal soi-disant absolus) - autant de dualismes superstitieux qui ne résistent pas à l’analyse véritablement philosophique du UN absolu, sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, de démontrer la coexistence effective de deux absolus, de deux réalités ou vérités absolues !

Mais peut-on reprocher à la multitude superstitieuse de ne pas comprendre la « vraie » philosophie, celle démontrée more geometrico par Spinoza dans son Éthique, et qui suffit à invalider, définitivement, tous les points de vue relatifs partisans dans leur prétention à exprimer l’Absolu, ou à parler au nom de l’Idéal, comme le font sans cesse les faiseurs d’opinion d’e l’époque s’autorisant à donner des leçons de morale aux Autres, sur le seul fondement de leurs mensonges et de leurs « croyances au miracle » ? !

Face à l’incessant matraquage des médias de toutes tendances, des politiciens de tous bords, de l’intelligentsia (prétendus intellectuels ou pseudo-philosophes) et des associations moralisatrices à sens unique, je me garde bien de faire culpabiliser les Autres, car je suis bien placé pour juger de l’inefficacité d’ « avertisseur public » par les quelques cinq cents lettres adressées « vainement », depuis plus de dix ans, à une centaine de soi-disant « élites » nationales, voire internationales (cf. GIEC, Barack Obama, Ban-Ki-moon et José-Luis Barroso), adeptes du « deux poids, deux mesures », nommément dénoncées dans le texte annexé, Mensonges et lâcheté des élites

Comme j’attends d’elles, à commencer par vous, une réponse contraire argumentée, c’est-à-dire intellectuellement et philosophiquement étayée, je peux affirmer que toutes ces soi-disant élites sont carrément autistes, lorsqu’elles entendent parler de « Vérité », et a fortiori de Vérité absolue. Á cette simple évocation, si elles ne sortent pas leur revolver, elles n’en étouffent pas moins LA Vérité par tous les moyens à leur disposition, dont l’obstination dans le silence et le refus de débattre, ainsi que l’ « obstruction » systématique, illustrée par l’interview, pour ne pas dire l’ « interrogatoire », de Marine Le Pen dans les « Matins » de France Culture du 9 courant, ne sont pas leurs moindres armes, faute d’avoir de véritables arguments contraires sur le fond, ainsi que vous en apportez la preuve – sinon, ne vous gênez surtout pas moi !

D’ici-là, vous continuerez seulement à témoigner que ces prétendues « élites » ont aussi peur que vous de LA Vérité – si vous estimez la détenir, pourquoi refuser de débattre ? ! En réalité, la véritable et principale raison de votre silence complice et du refus généralisé de débattre est que LA Vérité absolue dérange toutes sortes d’intérêts individuels et collectifs, notamment matériels, électoraux, mémoriels, etc.

Et la défense de ces intérêts égoïstes que je suis par ailleurs très bien placé pour comprendre, car « plus égoïste que moi, tu meurs », suffit à faire l’unanimité contre ELLE et à expliquer pourquoi sa voix est bâillonnée aujourd’hui comme hier, et le sera encore demain, même si le sort réservé aux « avertisseurs publics » d’aujourd’hui, seulement condamnés au bûcher médiatique ou réduits au silence, est bien moins cruel que celui de leurs illustres devanciers, Socrate, le Christ, Giordano Bruno et Spinoza, ces « avertisseurs universels » qui, eux au moins, annonçaient au monde LA Vérité éternelle absolue, alors que vous avez la « frousse » d’en débattre – mais il ne vous est pas interdit de le faire !

Pour en venir sur le fond à votre propos parlant de « réenchanter lucidement le monde », une contradiction « en soi », je me dois de préciser le sens donné au terme « Superstition » par le philosophe juif allemand Constantin Brunner (1862-1937), héritier spirituel des avertisseurs publics universels évoqués ci-dessus. Par « Superstition », Brunner entend «absolutisation fictive du "relatif"», c’est-à-dire la transformation de vérités seulement relatives fictivement érigées en vérités absolues, en dogmes, ainsi qu’il en va des dogmes religieux, marxiste et altermondialiste aujourd’hui.

Absolutiser fictivement le «relatif » est un procédé, non seulement intellectuellement malhonnête, puisqu’il consiste à faire passer mensongèrement pour « vérité absolue » le contenu seulement « relatif » pensé dans et sur (à propos de) notre monde, mais surtout « débile », intellectuellement et philosophiquement parlant, avec son absurde prétention de croire pouvoir transposer l’Idéal dans la réalité quotidienne du monde - à la réenchanter, en somme.

Vous avez sûrement inspiré les propos mensongers et les « croyances au miracle » du candidat socialiste, François Hollande en l'occurrence, parlant comme vous de « réenchanter le rêve français », alors qu’il n’a même pas le courage de débattre sur le fond, malgré mes graves accusations sans ambiguïté, dont il a été informé, outre le courrier antérieur, par mes lettres des 30 septembre et 28 octobre derniers, ayant respectivement pour objet, Primaire socialiste : « François Hollande disqualifié ! » et, François Hollande, J’ACCUSE : « Arrêtez de mentir et de tromper l’opinion ! », sans oublier ma lettre du 15 juillet 2010 adressée au Pari socialiste sous l’intitulé, P S, J’ACCUSE : « Un "pays de merde", dans un monde de "TARÉS" ! »

Assurément, refuser de débattre, d’affronter LA Vérité, malgré de telles accusations, a pour avantage de pouvoir continuer à tromper impunément l’opinion, et c'est pourquoi les « écolos » du XXIe siècle peuvent envisager sans rire d’instaurer sur la planète un « climat sur mesure », c’est-à-dire à notre convenance pour l’éternité, même s’il est toujours renvoyé à DEMAIN et seulement DEMAIN – sauf, évidemment, à Éva Joly, Cécile Duflot, Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Nicolas Hulot, entre autres, de démontrer le contraire !

Toutefois, dans leur quasi-certitude scientiste d'aujourd'hui, les écolos ne sont guère plus courageux pour répondre à leurs détracteurs, comme le prouve mon courrier toujours sans réponse à ce jour, à savoir ma lettre du 9 septembre 2009 adressée à Cécile Duflot sous l’intitulé, « Taxe carbone : boulet et "débilité intellectuelle" », ainsi que celles des 6 et 12 août dernier à Europe Écologie-LesVerts, qui avaient respectivement pour objet, Éva Joly, J’ACCUSE : « Scientisme, écologisme et "obscurantisme" », et « EELV, J’ACCUSE : « Scientisme, écologisme et "OBSCURANTISME" ! » [BIS]

Ce [BIS] suffit à confirmer qu’ils sont carrément « autistes » et s’empêtrent dans leur mensonge, en trompant ainsi sciemment l’opinion – sauf aux intéressés, évidemment, d’établir le contraire !

Devant la grave crise économique et financière qui secoue la planète entière, cette chimère écologique ne semble plus inquiéter que les écolos eux-mêmes. QUI parle encore, en effet, de la « taxe carbone », voire du « réchauffement climatique » tout simplement, alors que les puissants de ce monde semblent davantage préoccupés par des problèmes plus importants à résoudre que celui du froid et du chaud sur la planète Terre, dans cent ans ? !

Le mensonge écolo et sa « croyance au miracle » ne manqueront pas de faire la risée de nos plus ou moins lointains descendants si, d’aventure, ils en étaient informés. Ils seraient en effet bien forcés de constater que le climat de leur époque, de toutes les époques jusqu'à la fin des temps, est toujours aussi fluctuant, tantôt plus chaud, tantôt plus froid, ainsi que les 9e et 10e siècles de notre ère l’ont établi, en un temps qui ne connaissait pourtant ni pollution industrielle ni celle des divers modes de transport d'aujourd'hui.

Néanmoins, le « scientisme » contemporain, à l’origine de cette chimère climatique, a encore de beaux jours devant lui avec son « absolutisation mensongère du relatif », alors que les théories et les hypothèses de LA Science sont à jamais relatives jusqu’à la fin des temps, comme suffit à l’établir le savoir scientifique humain, fluctuant sans cesse depuis son commencement, ce qui suffit à distinguer connaissance et savoir.

Il ne peut en être autrement dans un monde perpétuellement en mouvement, où les choses se transforment sans cesse, et dans lequel la configuration des choses de notre monde se modifie à tout instant sous la seule et unique action du mouvement universel perpétuel - sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, de démontrer le contraire ! Et dans ce monde, tel qu’il est, vous voudriez faire croire qu’il est possible de stabiliser un climat sans cesse changeant ? !

Si c’est votre droit le plus légitime de croire à cette chimère, ce n’est pas une raison de tromper l’opinion, sauf à répondre à la question suivante, sur fondement à validité éternelle, posée au GIEC et à Barack Obama, entre autres :

« In an universe, which is perpetually in movement, and where EVERYTHING is in a constant movement, that is the SOLE cause of the unceasing transformation of all the things of our world, human beings included, HOW would-it be possible to definitively stabilize anything and thus to establish on the planet a custom-made climate for all eternity, excepted by stopping this movement itself, precisely? »

Faute de réponse pertinente, c’est-à-dire scientifiquement et philosophiquement étayée, il serait peut-être bon d’arrêter de mentir et de tromper l’opinion, à l’exemple de Yann-Arthus Bertrand déclarant en juin 2008 dans un mensuel féminin : « Il nous reste dix ans pour sauver la planète ! ! ! », et de Nicolas Sarkozy affirmant avec le plus grand sérieux : « Notre génération est la dernière à pouvoir faire quelque chose avant la catastrophe (écologique) ! ». Le temps presse, le compte à rebours est bien entamé, sept ans pour YAB, mais par chance personne d’aujourd’hui n’assistera, de son vivant, à la catastrophe annoncée – tranquillisez-vous, braves gens, personne non plus, après vous !

Dans un monde où tout est relatif, et rien n’est absolu, le scientisme ainsi que les autres formes du penser superstitieux (cf. plus haut) ne peuvent exprimer que la « non-vérité », même à propos de l’existence de notre monde, dont j’affirme avec Brunner qu’il na pas d’existence absolue, qu’il n’existe pas absolument.

Je comprends que vous soyez surpris, si vous n’aviez pas vu jusqu’ici notre monde humain sous cet aspect, et c’est pourquoi je voudrais vous éviter de vous interroger, longuement et inutilement, sur cette question sans réponse, la question la plus stupide de toutes selon Brunner « Comment tout cela a-t-il commencé ? » Après l’hypothèse d’un Dieu créateur, celle d’un primus motor (cf. Aristote), d’un premier Agent (cf. Averroès), d’un mystérieux big-bang, d’une hypothétique théorie des cordes, etc. la bonne réponse se fait toujours attendre pour expliquer la soi-disant origine de l’univers humain.

Elle ne peut venir ni de la métaphysique matérialiste, ou scientisme contemporain, car elle se heurtera toujours à l’hérésie du penser superstitieux, celle du dualisme des absolus, une impossibilité absolue par définition, car deux réalités soi-disant absolues ne peuvent être, à la fois, éternelles, infinies, parfaites et immuables.

Notre monde ne pouvant exister absolument, ne peut exister que relativement, c’est-à-dire « en relation » à notre entendement humain, tout comme les infinies autres espèces connaissent seulement leur propre monde, celui relatif à leur entendement spécifique de chat, de chien, de vautour, de requin, etc., etc., en dehors duquel il n’a aucune « réalité » véritable, pas d’existence absolue. La preuve, on parle de la fin du monde, comme on parle de son commencement, donc une telle entité ne peut être éternelle ou absolue - sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, de démontrer le contraire, more geometrico de préférence !

Je m’en tiens là toutefois sur le plan philosophique, sans refuser pour autant le « véritable » débat d’idées : celui, qui ne consiste pas à opposer des points de vue « relatifs partisans » à d’autres, tout aussi relatifs et partisans, mais à les confronter, tous sans exception, à LA Vérité absolue. Elle seule, en effet, est en mesure de mettre un terme indépassable à notre penser du relatif, en supprimant de facto toute contradiction et toute incohérence, lesquelles ne peuvent prétendre exprimer la Vérité.

A SUIVRE...


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