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Ludovic Degroote, La Digue, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Ludovic Degroote, La Digue, épisode 10
On bouge si peu
de loin
l’impression de demeurer immobile
pareil aux mots
ils glissent sur la langue
ils tentent de se fixer
ou bien c’est la langue qui glisse
dans sa chair les mots
dérapent.
La petite pluie à l’intérieur
comme un verglas
en plus mou.
On ne dit pas mieux les choses dans le silence, on se croise, c’est plus clair quand on se heurte, on ne dérive pas ensemble de la même manière, les choses se superposent, elles apparaissent, un temps, c’est assez pour nous d’être là, elles vont au hasard.
C’est une chance pour soi de s’être perdu de vue, on n’échappe hélas jamais à ce qu’on a été, on ne s’oublie pas tout à fait, le plus lourd à porter avec tout ce qu’il y a derrière, c’est tout ce qui se profile devant.
On a l’impression que ça passe, ça reste là très fixe, ça ne bouge plus, sauf autour, alors on dit que ça remue, ça ne remue plus rien, sauf autour, on croit que ça touche, c’est loin de tout.
Bout à bout posés sans que ça décrive rien, chaîne sans attache, sans retenue, on se lie là où on se trouve, moments perdus touchant les autres, rien n’apparaît d’abord.
Ludovic Degroote, La Digue, Éditions Unes 1995, (épuisé), pp. 51 à 53
[à suivre : épisode 11/14 vendredi 18 novembre 2011]