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Intouchables

Par Cccil
IntouchablesIl y a des films dont, en voyant la bande annonce, on sait déjà qu'ils sont calibrés pour plaire au plus grand nombre. En général les ingrédients sont assez similaires: il s'agit d'une histoire d'amour ou d'amitié (voire les deux) entre deux personnes qui n'étaient pas faites à la base pour se rencontrer, encore moins se plaire, mais entre qui, envers et contre tout, nait un lien plus fort que les à priori/conditions sociales/positions morales, religieuse, politique, raciale etc. En arrière fond évidement il y aura un réflexion sur la différence, la tolérance et l'acceptation de soi et de l'autre ou bien une leçon de vie, de courage, d'abnégation, en tout cas un exemple positif et à suivre.

En voyant la BA d'Intouchables on sait d'emblée qu'on a à faire à ce genre de film. L'histoire d'une petite frappe de banlieue avec un sourire plus large que lui et débordant d'énergie, qui va s'occuper d'un tétraplégique nanti oscillant entre cynisme et dépression, et l'amitié improbable qui va surgir entre ces deux personnes que rien ne prédestinaient à se rencontrer et à s'entendre, pour peut qu'elle soit bien racontée, ne peut être qu'une bonne recette. Cependant (pour continuer avec le parallèle culinaire) autant il est mondialement reconnu que le succès de la cuisine française réside dans un ingrédient – le beurre – autant utiliser du beurre ne vous garanti pas un bon petit plat, ou plus prosaïquement, ce n'est pas parce que vous mixez de l'huile, du sucre, des noisettes et du chocolat que vous obtenez du Nutella (il faut à mon avis rajouter une drogue quelconque, car comment expliquer autrement l'adage qui veut que pot de Nutella ouvert = pot de Nutella fini?).Pour reformuler ce n'est pas parce qu'on a tous les ingrédients pour faire un grand film, que la sauce va forcément prendre auprès du public. Qu'est-ce qui fait la différence entre un bon petit film bien réalisé et un succès populaire à la limite du phénomène de société?Voilà la question qu'on se pose en allant voit Intouchables, après s'être fait refouler par deux fois de séances complètes et avoir fait une demi-heure de queue en serpentin (la queue dite Disneyland style) pour avoir le droit de s'assoir sur le côté droit juste devant l'écran d'une salle pleine à craquer.Alors qu'est-ce qui fait la force d'Intouchables avec ses 5 millions d'entrées en 2 semaines?

Quelque chose d'indéfinissable qui s'appelle l'harmonie. Un juste et fragile équilibre, difficile à trouver, difficile à maintenir et qui demande que beaucoup de conditions soient réunies.J'aimerai vous dire que je n'ai pas aimé ce film, pour le simple plaisir de ne pas être de l'avis de tout le monde. Oui mais voilà, j'ai beaucoup apprécié Intouchables. Je l'ai trouvé touchant sans tomber dans le larmoyant, drôle sans verser dans le rire potache ou la vulgarité, léger et grave à la fois et toujours avec beaucoup de mesure, de justesse. Un film équilibré en somme. Pas d'auto-apitoiement malsain, ou de dissection de pathos interminable mais une énergie communicative. Les portraits et situations sont évoquées par petites touches précises. Beaucoup d'attention a été apporté à l'écriture du script et au rythme du film, ainsi qu'à la bande sonore qui donne une signature très forte au film. Et puis les acteurs sont vraiment excellents. François Cluzet et Omar Sy sont en phase et une complicité envoutante se dégage de leur duo.Je crois également que ce film arrive au bon moment -dans une société en crise, de plus en plus en quête d'idéaux et de valeurs humaines – et au bon format – celui de petit outsider que personne n'attendait et qui semble échapper à la loi marketing des rouleaux compresseurs des circuits de distribution usuels.Il propose en tout cas, l'espace d'une heure cinquante deux, un peu de bonheur et je vous défis de sortir de votre séance sans un vague sourire aux lèvres, et ce quelque soit votre humeur en entrant.Cyniques et désabusés en tout genre devraient même être séduits.A rembourser par la sécurité sociale?

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