Deux livres viennent de me passer entre les mains. Ils sont tous deux illustrés par Maud Chalmel.
Le premier que j’ai ouvert recèle des trésors : des haïkus composés dans des établissements scolaires et un Centre de loisirs de Saint-Etienne (42), à l’initiative du Centre socioculturel Boris Vian de la ville, dans le cadre d’ateliers d’écriture animés par Jean-Baptiste Cabaud. Les haïkus, petits poèmes de trois vers, ont besoin d’espace autour d’eux, parce qu’ils ont besoin du silence pour être entendus. La présentation dans ce recueil est agréable et les textes, du CP à la 3e, retiennent l’attention du lecteur.
La vache
S’ennuie à manger
L’herbe
Le paysage rêve de venir
En ville et de conduire
Une voiture
Un matin brouillardeux
Je suis tout heureux
Même s’il pleut
L’amour
Dans son cœur
Puis dans le mien
Et c’est ainsi sur une centaine de pages. Un entretien avec Frédéric Pellerin, enseignant coordonnateur d’un Réseau d’Ambition Réussite, à propos de l’intérêt des ateliers d’écriture dans les établissements scolaires conclut ce livre publié aux Editions de Phénicie.
Le second livre est un peu plus ancien. On y retrouve Jean-Baptiste Cabaud, alors directeur de collection dans la maison d’édition A plus d’un titre. Il s’agit d’un texte de Lionel Bouchet assez étrange. Ce sont des contes népalais, mais la structure du récit n’est pas du tout linéaire. Des poèmes, regroupés en trois mouvements, et dont la forme provoque des ruptures. L’écriture en est assez simple (« Le cœur d’un animal n’est qu’un cœur d’animal ») et pourtant elle ne laisse pas le lecteur tranquille. Ce ne sont pas des histoires pour nous endormir.
Il faut mordre,
Mordre tes veines, ma belle.
Tu dois perdre,
Perdre mon ombre, ma belle.
Arrêter de dormir dans mon cœur la nuit.
Les illustrations de Maud Chalmel sont saisissantes. Elles semblent sortir de la nuit, s’étirer comme une tache qui s’étale et se joue des lignes et des formats. Soit elles surgissent du cœur du papier, soit elles débordent de la page et, dans l’encre la plus noire, elles révèlent un oiseau, une clé, un poisson, une main, un masque, un monde. Chacun de ses dessins est un poème qui s’accorde aux courts poèmes de mots près desquels il vient se glisser.