Sbtrkt ‘ sbtrkt

Tout d’abord, sachez au moins lire son nom : SBTRKT se prononce « subtract », donc l’artiste derrière le masque a tout simplement soustrait les voyelles et changé le « c » par son phonème « k », telle une abréviation sortie d’un sms.
Ainsi, nous savons que nous avons devant les oreilles un artiste nouveau et qui veut soit rentrer dans la tendance, soit en un imposer une nouvelle, ce qui revient un peu au même.
Par delà ses détails qui n’en sont pas du tout, l’autre aspect important est l’image : ici, tout le monde sera forcément attiré, ou repoussé, par le masque. Mais personne ne restera de marbre devant cette très bonne idée de photo d’abord, de pochette d’album ensuite. Le même concept avait déjà été utilisé pour son premier EP Step In Shadows sorti en 2010 et la personnalité de SBTRKT s’en ressent davantage mis en avant.
Bien sûr, je parle de personnalité artistique, puisqu’avec son premier album éponyme, l’artiste anglais a explosé les attentes, qui n’étaient peut-être pas si nombreuses que cela d’ailleurs.
C’est donc un immense pas en avant, un bon même qu’il fait avec SBTRKT. Onze nouveaux titres (après les quatre de l’EP), inclus le single « Wildfire » dont la pochette est elle dépourvue de masque et l’homme évincé également.
Musicalement, il s’agit certes d’un dubstep à mi-chemin entre l’électro et la pop (donc de l’électro-pop direz-vous) notamment parce que nombre des titres ne sont pas instrumentaux mais accompagnés des voix de Sampha (qui vient sur « Something goes right », « Hold on », « Trials on the past », « Never never » ou encore le douzième titre en bonus sur la version digitale « Living like I do »), Little Dragon (« Wildfire »), Roses Gabor (« Pharaohs ») et Jessie Ware (« Right thing to do » et en duo avec Sampha sur « Sanctuary »). Autrement, SBTRKT a totalement produit et arrangé les onze morceaux, avec un univers hip-hop qui n’est pas loin dans les rythmes, ce qui donne une large amplitude d’auditeurs potentiels pour sa musique. Et les quatre invités derrière le micro permettent de passer la frontière entre musique ésotérique et musique plus populaire. Mais cela n’empêche pas SBTRKT de n’intéresser pour l’instant que les plus puristes d’entre nous. Ne nous faisons pas de souci pour lui, ou bien si justement, car il risque de rapidement être très courtisé par nombre d’artistes de la tendance que j’appellerai « électro-hip’n’b’.
En somme, SBTRKT est un disque assurément emblématique de la musique actuelle, celle des années 2010. Mais qui est réellement derrière ce masque ? Allez écouter pour le découvrir… Et ne délaissez surtout pas les trois instrumentaux qui sont au final les morceaux les plus révélateurs du talent de l’Anglais.

(in heepro.wordpress.com, le 18/11/2011)