Synopsis :
Claire, Jeune juge au tribunal de Lyon, rencontre Stéphane, juge chevronné et désenchanté, qu'elle entraîne dans son combat contre le surendettement. Quelque chose naît entre eux, où se mêlent la révolte et les sentiments, et surtout l'urgence de les vivre.
Avec Marie Gillain, Vincent Lindon, Amandine Dewasmes
Librement inspiré du livre " D'autres vies que la mienne", d'Emmanuel Carrère.
Mon humble avis : Je n'aime pas le synopsis. Il donne une très mauvaise idée, voire une fausse image de film, annonçant presque une romance déguisée.
Il oublie de préciser que Claire (Marie Gillain) s'investit dans la défense de Céline, mère sur endettée, et qu'elle se prend d'amitié pour elle. Il oublie aussi, (et je ne spoilie pas, c'est dans la bande annonce) que devant une IRM de son cerveau, un médecin lui montre une tâche, une sale tâche contre laquelle on ne peut rien faire, prolonger un peu, c'est tout. Quelques mois. Et pour Claire, tant de chose à réaliser encore que ce combat contre le sur-endettement et celui de Céline devient sa cause, sa raison survivre, de tenir. C'est son ultime réalisation.
Et c'est une très belle relation qui se crée avec son collègue Vincent Lindon, emprunte de respect, d'amitié, d'admiration, d'union dans le combat et de protection.
Ce film est magnifique, en même temps, venant d'un tel réalisateur qui retrouve qui plus est un de ses acteurs... fétiches, il ne pourrait en être autrement; Je vous rappelle que l'on doit à cette paire d'hommes le bouleversant film Welcome, sur les clandestins de Sangattes. Lioret est donc le cinéaste des grandes causes et ici, il montre du doigt et même plus toutes ces sociétés de crédit à la consommation. Celles ci enfoncent les personnes modestes déjà aux abois, qui signent des contrats aveuglement, des contrats qui leur mettront la tête sous l'eau pour la vie, par des taux d'intérêt exhorbitants notés en 15ème page en caractère 5 ! Ces sociétés qui mènent leurs clients mauvais payeurs autribunal, tout en continuant à leur accorder de nouveaux prêts...
Bref, encore un domaine où l'on se dit que l'on vit dans un monde de fou, un monde hypocrite, qui se situe presque au dessus des lois... Alors certes, certaines stratégies ou expressions judiciaires me sont un peu passées au dessus de la tête, mais là n'est pas l'important. L'essentiel, c'est qu'il se passe quelque chose, que les choses pourraient changer. Et puis il y a ce qui se passe, au sens propre comme au sens figuré, dans la tête de Claire. Marie Gillain est époustouflante de lumière, de grâce, d'émotions contenues et de pudeur. J'ai été très contente de la revoir dans un grand rôle au cinéma. Vincent Lindon est poignant dans l'écorché qui trouve plus fragile que lui, quelqu'un dont il prendra soin et pour qui il se battra, à sa façon, avec les honneurs de la discrétion. Enfin, mention spéciale pour Amandine Deswames qui incarne avec humilité et finesse le drame du sur-endettement, mais une femme qui relève la tête devant l'humiliation. Un rôle très fort aussi.
Tout est justement rendu dans ce film, depuis la cruauté sociale jusqu'à la maladie et la résistance que chacun a au fond de lui. Et l'amour d'une mère et d'une femme pour les siens à un point que l'on imagine même pas. Mais le pathos n'est pas là. On ne verse pas dans l'apitoiement. On ressent comme une paix intérieure en sortant de Toutes nos envies. On ne peut que saluer la grandeur d'âme d'un personnage tel que Claire. Bravo, encore un film dont on peut être fières.