18 - 11
2011
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Pitch.
Dans la saison 3, on fait le va et vient entre l'univers réel et l'univers alternatif où chaque personnage a son double, Walter et Walternaternatif, Olivia et Fauxlivia, etc... On sait que Peter n'est pas le fils réel de Walter. Mais en allant chercher Peter bis dans l'univers alternatif pour se consoler de la mort de son vrai fils, Walter a détruit l'équilibre entre les deux mondes...
quelques impressions sur la saison 3 : les métamorphoses capillaires d'Olivia Dunham
La saison 3 est au départ assez difficile à comprendre quand on sort de la réalité, même modifiée, des saisons 1 et 2 où l'on posait pas (saison 1) ou assez peu (saison 2) le pied dans l'univers alternatif, pourtant omniprésent par son évocation. Dans la saison 2, on apprenait ce que l'on supputait, ce qui est en somme tout le coeur affectif du récit, la raison de l'effraction du professeur Walter Bishop dans l'univers alternatif : aller kidnapper le double virtuel de son fils et le ramener dans le monde réel pour le soigner. Peter n'est donc pas son fils réel, ce dernier étant mort très jeune en 1985, mais le fils de Walter bis/Walteralternatif, scientifique aussi et ministre dans l'univers totalitaire. William Bell, le fameux associé fantômatique de Walter, PDG du trust Massive Dynamic, parti vivre dans l'univers alternatif, est mort, léguant l'entreprise à Walter et lui conseillant par testament de passer de l'autre côté du miroir comme lui.
La saison 3 est de plain-pied dans l'univers alternatif (environ un épisode sur deux) où l'on procède, dans un premier temps, à un échange compliqué : Olivia, Walter et Peter sont renvoyés dans le monde réel. Sauf que c'est Olivia du monde alternatif (FauxLivia) qu'on envoie dans le monde réel travestie en vraie Olivia, Olivia du monde réel étant restée dans l'univers bis déguisée en Fauxlivia. En principe, les deux Olivia ne sont pas au courant de leur identité véritable à cause d'un transfert de mémoire opéré sur leurs cerveaux avant l'échange mais ça n'a pas marché si bien que ça. Le premier épisode montre la fuite d'Olivia Dunham de l'hôpital de l'univers bis où on lui injecte la mémoire de l'autre Olivia, opération à laquelle elle tenre de résister.
photo Warner
En envoyant une fausse Olivia dans l'univers réel, Walteralternatif a un objectif à long terme : généraliser à la population de l'univers bis qu'il régente l'aptitude qu'elle seule possède génétiquement à passer d'un univers réel à un monde bis et vice-versa. Une fois arrivée dans le monde réel, FauxLivia a globalement acquis la mémoire de la vraie Olivia. Mais l'entourage doute parfois. Pour faciliter la compréhension du spectateur, Olivia Dunham, qu'on a connu blonde, les cheveux souvent coiffés en queue de cheval, sportive, dans les deux saisons précédentes, est ici coiffée avec une frange, rousse pour l'univers alternatif et blond platine pour l'univers réel sauf que chacune des deux doit emprunter la gestuelle de l'autre puisqu'elles ont été permutées (ce qui les trahit) et l'actrice se débrouille assez bien pour différencier les deux Olivia. L'attitude de FauxLivia avec Peter, notamment, a beaucoup changé, très séductrice alors qu'ils étaient auparavant amis, collègues de travail, ils finiront par avoir ensemble une liaison et la vraie Olivia le prendra très mal à son retour.
photos Warner
Fringe Saison 3
"Fringe de la saison 1 à la saison 3" par Sylvain Etiret
"Fringe", série américaine produite par la chaîne Fox, est diffusée depuis 2008. Elle attaque sa quatrième saison aux USA, et la saison 3 est la dernière en date à avoir été diffusée en France.
L’idée de départ était de faire de la série une sorte d’"X-Files" moderne, mettant aux prises une division spécialisée du FBI, la Division Fringe -littéralement : marginale-, avec toutes sortes de situations paranormales. Pour se donner les moyens de ses enquêtes, la Division Fringe, dirigée par le Colonel Broyles (Lance Reddick), fait appel à Walter Bishop (John Noble), un scientifique émérite, spécialiste des "fringe sciences", enfermé en hôpital psychiatrique depuis des années et libéré à cette occasion. Afin de canaliser son esprit néanmoins troublé, la Division s’adjoint les services de Peter (Joshua Jackson), le fils de Walter qui s’était jusque là écarté de son père. Walter et Peter, devenus consultants pour le FBI, sont chaperonnés par l’agent Olivia Dunham (Anna Torv), et Walter est plus ou moins materné par l’agent Astrid Farnsworth (Jasika Nicole) qui lui fait office de factotum.
La série est initialement construite en épisodes indépendants décrivant chacun une enquête spécifique, mais distillant au grès des épisodes quelques éléments d’une trame de fond sur l’histoire de Walter et Peter, de ce qui a conduit Walter à perdre la raison et à être hospitalisé, et de ses relations avec un ancien collègue et ami, Willam Bell (Leonard Nimoy), qui a de son coté construit une entreprise gigantesque et high tech, Massive Dynamic, véritable empire scientifique privé, avant de disparaître avant le premier épisode en confiant la gérance de son empire à son adjointe, Nina Sharp (Blair Brown).
Progressivement, d’abord dans la seconde partie de la saison 2, puis massivement dans la saison 3, les enquêtes indépendantes se font de plus en plus rares, laissant le premier plan à ce qui n’était au début que la trame de fond et qui devient l’argument principal. Ainsi se dévoile la vérité sur les activités de William Bell qui, sur la base des travaux auxquels Walter Bishop avait initialement participé, a découvert le moyen de se déplacer entre deux univers, son univers original et un univers alternatif dans lequel il s’est finalement installé, raison de sa disparition du monde réel. C’est d’ailleurs dans cet univers alternatif que Walter était allé à l’époque kidnapper le double de son fils encore enfant après le décès du Peter original, et c’est cette brèche qui était venue perturber l’harmonie entre les univers parallèles. Avec le temps, des perturbations occasionnées par cette brèche sont nées des troubles de plus en plus graves dans la structure des deux univers, conduisant à une véritable guerre pour la survie de chacun.
C’est dans cette confrontation que navigue la saison 3. Olivia Dunham se retrouve prise dans une inversion entre les deux univers avec son double, dite Fauxlivia, envoyé dans l’univers original pour en fomenter la destruction, mission dans laquelle Fauxlivia est épaulée par une escouade de "métamorphes" au sang constitué de mercure pur. Une romance compliquée se noue enfin entre Peter et Olivia à l’occasion du quiproquo de cet échange. William Bell, après avoir téléguidé la reprise de conscience de Walter Bishop, lui lègue la puissance scientifique de Massive Dynamic pour lui donner les armes nécessaires à affronter les attaques de l’univers alternatif dont son double, dit Walter-ego, y est le ministre tutélaire de l’équivalent de la Division Fringe. Une machine de guerre inter-monde est construite sur la base des traces d’un mystérieux peuple des Premiers Hommes qui aurait développé en un temps préhistorique une civilisation hyper-évoluée avant de disparaître dans un cataclysme inconnu. Un Observateur (Michael Cerveris), personnage récurrent depuis la saison 1 et dont on ne sait pas grand-chose en dehors de son rôle de surveillant surnaturel de la cohérence du monde et qui avait failli à la stricte neutralité de sa tâche en sauvant Peter enfant de la noyade, participant par là même aux causes du désordre en cours, refait surface et semble vouloir réparer les déséquilibres qu’il avait engendrés.
photo Warner
La série "Fringe" surfe sur une vague de séries mêlant réalité, mystérieux et surnaturel, remontant probablement à "La Quatrième Dimension", et qui s’était déjà exprimée par exemple dans "X-Files : Aux frontières du réel", "Les 4400", "ou Lost : les disparus". Les scénaristes ne font d’ailleurs pas mystère de leurs références, parsemant leur production de clins d’œil plus ou moins appuyés : une image fugace de "X-Files" sur un écran de télévision, un ouvrage signé du Dr Spock parmi les affaires retrouvés dans le coffre de William Bell (interprété par Leonard Nimoy, le Dr Spock de "Star Trek"), la participation à un épisode de Christopher Lloyd, le Doc Emmett Brown de "Retour vers le futur".
La structure en épisodes indépendants distillant une trame de fond lente, à l’image de la structure de "The Mentalist", laissait planer une ombre de mystère qui laissait le spectateur sur sa faim. Le passage à une structure plus directe suivant au premier plan la trame de fond fait basculer l’ambiance de la série dans un autre domaine où le suspense n’est plus assuré par la découverte lente de la trame mais par le suivi des rebondissements de l’histoire qui deviennent par nécessité plus spectaculaires pour conserver l’attention. Chacun de ces modes de narration peut avoir ses adeptes, mais, bien que le visionnage de la série depuis son début ait de fait quelque chose de fascinant et d’addictif, il faut bien avouer une certaine déstabilisation du spectateur par le glissement d’une forme vers l’autre.
photo Warner
"Fringe" saison 3
Coffret DVD Warner, sortie 2 novembre 2011
Mots-clés : CinéTVSéries, CinéDVD, Fringe