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Bernard Lavilliers au Théâtre National, Bruxelles, le 18 novembre 2011

Publié le 18 novembre 2011 par Concerts-Review

Dans le cadre du Vrijheidsfestival/ Festival des Libertés, une organisation de l'ASBL Bruxelles Laïque, le

Théâtre National accueille Bernard Lavilliers, après avoir reçu Marianne Faithfull la veille.
En dehors de différents concerts ( au National ou au KVS), le public peut assister à des séances cinématographiques, à des débats, à des pièces de théâtre ou aller jeter un coup d'oeil à l'espace expositions.
Programme copieux étalé sur 10 jours ( du 17 au 26 novembre).
Bernard Lavilliers

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est prévu à 21h, et, à ce point horaire, la salle est loin d'afficher complet, le public présent, n'étant pas forcément un assidu de concerts, se met à battre des mains nerveusement à 21:01', faudrait, un de ces soirs, les inviter chez Madame Moustache où le retard peut avoisiner 89'!
21h05', le deejay a choisi un thème world, arrivée imminente du Stéphanois?
Détrompe-toi, Godefroid... sur un écran, invisible pour les dizaines d'auditeurs collés au podium, on projette un docu/fiction sensé se dérouler au Yemen, la bande défile pendant 10', quelques applaudissements et nouvelle musique d'ambiance.
Admiratif, tu contemples l'impressionnante batterie d'instruments occupant le podium en te demandant combien de musiciens accompagneront l'ancien boxeur de Firminy, lorsque deux loustics se pointent pour une présentation bilingue concise.
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Lights off, trois minutes dans l'obscurité, Bruxelles s'impatiente, ma voisine donne une baffe au gars derrière elle, me demande pas pourquoi et, enfin, Nanar et ses musicos apparaissent!
La fine équipe multi-instrumentiste: Xavier Tribollet: claviers, guitares, batterie ( Yael Naim, Clarika..) - Olivier Bodson : guitare, trompette, bugle ( Laurent Doumont, Marc Lelangue...)- Marco Agoudetse : saxes, basse, flûte, violoncelle, percussions ( Bob Sinclar, Michel Delpech...)- Gilles Gimenez : batterie, guitare, cajon ( Tonton Falcone, Murray Head, Tina Arena, Alizée, Mylène Farmer..) + le gladiateur sexagénaire (voix, acoustique, pas de danse, gestuelle dramatique...)
Une entrée en scène théâtrale, un accordéon langoureux, du fond de la scène retentit la voix caractéristique de l'éternel révolté:
Dans la brasserie du nord de style 1900,
Les voyageurs payaient en or trébuchant,
Rongés par le cancer infernal de la fuite.
Vivre déraciné, vivre tard, vivre vite...
'Eldorado' sur 'Nuit d'Amour', déjà un pincement de coeur et, à tes côtés, Lucille et Gaëlle reprenant les lyrics de cette
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plage pas trop connue.
Un seul titre et toute la salle, le sourire aux lèves, est prête à vibrer.
Elle vibrera pendant près de deux heures, Lavilliers en fera ce qu'il voudra!
Présentation des complices, tout le monde a son ticket pour la Big Apple?
Go: ' New York juillet', titre chaloupé, moite, sensuel, vaguement reggae!
Quelques flashbacks illuminent les lyrics: Patti Smith, les New York Dolls... et un premier duel sax/trompette à vous couper le souffle.
La version album a été arrangée par le Spanish Harlem Orchestra: ' Causes perdues', salsa time avec le poing levé, horn & trumpet vont nous rendre fou!
Changement de continent: l'Angola, 'L'éxilé' toute l'angoisse de l'immigration sur background d'accordéon virevoltant, laisse Mylène chanter 'Désenchantée' pour ses désarrois amoureux, le désenchantement chez Lavilliers a d'autres racines!
Nordeste du Brésil, la musique du Forro, le formidable ' Sertão' aux images fortes:
...Pour te donner un avant-goût de vacances intelligentes. Ceux qui vendent du soleil à tempérament. Les cocotiers, les palaces, et le sable blanc, ne viendront jamais par ici. Remarque il paraît que voir les plus pauvres que soi, ça rassure. Alors allez-y, ici, tout le monde peut venir, ici il n'y a rien...
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Filmique, mélancolique, authentique, à 1000 lieues du Club Med.
Sorti en 1980 ( 'O Gringo') ce titre conserve toute sa force évocatrice.
Bruxelles bat des mains, sautille, trépigne!
Une chanson d'amour pour une inconnue des Caraïbes: ' Sourire en coin', un violoncelle sensuel souligne le caractère lascif du morceau.
'Les aventures extraordinaires d’un billet de banque': Dexia, BNP... dans la tourmente, écoute, petit, me disait mon vieux, ne dis jamais du mal des riches, on ne sait jamais ce qui peut t'arriver...
Une histoire de maffioso en col/cravate de mèche avec le gouvernement.
Swing time: ' Funambule', un Hammond juteux et Bernard se la jouant Nougaro.

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Solo à l'acoustique pour la vulnérable et poignante ballade 'Betty'.
Engagement, générosité, tendresse: du grand Lavilliers!

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Encore plus fort: 'Petit' décrivant l'univers de l'enfant soldat, l'enfant machine à tuer...Johnny Mad Dog en chanson, difficile de ne pas réprimer un sanglot, et ce bugle sinistre de s'attaquer à tes entrailles.
Retour aux rythmes enragés sur fond rock musclé ' Le clan mongol'.
Surprise avec la suivante qu'il ne jouait plus depuis des années: 'Idées noires' a une histoire, je devais l'enregistrer à Paris avec Rickie Lee Jones, elle était pétée et stoned tous les jours, c'est Nicoletta qui s'y est collée, c'est devenu un hit monstrueux, Bruxelles vous remplacerez Nicoletta!
Le délire!
Un impromptu trompette/sax pendant 'Identité Nationale, la plage préférée de Sarkozy et de sa brune oie blanche.
Ce pamphlet jazzy n'est jamais passé sur les chaînes nationales:
...La nuit sur internet partage tes insomnies et des flics des rois, tu deviens repérable sur ton adresse IP
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t’es cerné en croyant que t’es libre.
Le blues..
Parano, Lavilliers?
Lucide!
Funk sur le tartan: 'Je cours' précédant 'Solitaire' ou Lavilliers goes Kingston, du ska bouillant!
G G au cajon pour ' Les mains d'or', de l'exotisme social, un superbe hommage aux prolétaires, aux manoeuvres, aux humbles s'échinant sur les machines mais refusant le chômage.
Chaleur humaine et émotions: sublime Lavilliers, malgré un début de grippe, Bruxelles à genoux!
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Un salut, bye, bye... ils vont revenir, aucun doute!
Bis
Solo à l'acoustique: 'On the road again', l'ai chantée en dormant.
Si j'avais su je t'aurais accompagné, te signale Madame le lendemain, tu souriais en la fredonnant.
Avec band, une effervescente 'La Salsa' pour finir en beauté!
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Pas question de le lâcher pense Bruxelles, une longue séance d'applaudissements et un second retour: en clair obscur, 'Attention fragile' .
Génial, soupire Fanfan.
J'ai failli l'embrasser!


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