Magazine Humeur

La TVA « à taux réduit » : cul par-dessus tête !

Publié le 20 novembre 2011 par Kamizole

Ah ! Ouiche, alors… Bien de quoi tomber à la r’bidaine tant le peu que j’arrive à savoir est d’une totale incohérence. Il faut au moins sortir de la "botte" de l’ENA ou de Polytechnique et être inspecteur des Finances pour bidouiller pareille connerie. J’en veux pour preuve la liste non exhaustive qu’en donne Gaëlle Macke Quels sont ces produits de "première nécessité" qui échapperont à la hausse de la TVA ? (Challenges 7 nov. 2011). La photo illustrant l’article m’a immédiatement sauté aux yeux (*) Impression à première vue de clientes d’un casino devant des machines à sous ! Nous ne sommes pas loin des "bandits manchots". A ceci près que ceux qui nous plument sont loin d’être manchots, tout au contraire : ils nous tapent dessus à bras raccourcis et qu’en l’occurrence c’est toujours "la banque" - les grandes surfaces et surtout le Trésor - qui gagnent. Au tirage et au grattage. Comment « faire sauter la banque » ?

Clientèle captive « Des-mange-pas-cher » selon Thomas Bernhard. Merci aux bonnes âmes bobo qui ne savent pas ce que veut dire tirer le diable par la queue dès le 10 du mois (Coluche) voire le 1er aujourd’hui ! de ne pas venir parler de petit commerçant du coin, de cultiver son jardin (en HLM ?) ou acheter bio, à la ferme, etc. Je fais comme les copains : je traque les promos, les produits génériques, les premiers prix, etc. Seule différence avec certains : je m’en tiens aux produits les plus basiques, évitant au maximum tout ce qui est confectionné dans les "cuisines du diable" de l’agro-alimentaire. Trop de sel, de sucres divers - le sirop de glucose ajouté à d’autres ! - et tout l’arsenal du parfait petit chimiste, très peu pour moi. Rien que d’y penser, mon foie renâcle.

Je ne sais s’il vous en souvient mais il y a une bonne quinzaine d’années je lisais régulièrement sur Le Monde des articles consacrés aux "nouveaux pingres" : personnes relativement aisées des classes moyennes - avant que le tsunami du passage à l’euro ne dévastât notre pouvoir d’achat en même temps que s’intensifiait la pression sur les salaires et que le nombre de chômeurs ne cessait de croître - qui préférant investir dans les loisirs, les vacances, l’audio-visuel high- tech et l’informatique, etc. n’entendaient consacrer qu’une part de plus en plus restreinte à leur budget alimentaire (de 15 à 20 %) en conséquence de quoi elles recherchaient les "premiers prix" sur les aliments de base tels que le riz ou les pâtes, etc. Nous en sommes presque tous là aujourd’hui.

Ce temps pas si lointain à l’aune de l’humanité paraît certainement être de la préhistoire pour beaucoup d’entre elles. J’ai beau lire ça et là - surtout dans certains commentaires d’articles - que donner plus d’argent aux assistés serait leur permettre d’acquérir un « home cinéma » - comme si le phénomène était nouveau ! Qu’ils lisent ou relisent « les Petits enfants du siècle » de Christiane de Rochefort… Je l’ai lu lors de sa parution (1961) mon père l’ayant emprunté à la Bibliothèque d’Orléans. Je me revois encore, lisant la nuit pour être certaine de l’avoir terminé avant que mon père - grand lecteur, dévorant 3 livres par semaine - ne le rendît. N’allumant pas la lumière (pour le cas où l’un de mes parents irait faire pipi) et lisant à celle des puissants projecteurs de la gare de marchandises et du Sernam quasi au pied de l’immeuble, passés le Foyer des jeunes travailleurs ou la Place des Acacias et quelques rangées de maisons individuelles.

J’en profite pour river son clou à un aimable (!) contradicteur, venu me faire chier jusque sur ma boîte perso. Me reprochant, outre du pédantisme, des fautes de conjugaison - trop d’imparfait du subjonctif et surtout, selon lui des outrages "malt-à-propos" à la concordance des temps… Ce en quoi, étant allée vérifier chez Grévisse (quand même une autorité d’une tout autre pointure) je n’eus point de difficultés à lui rétorquer que mon intuition de rédactrice n’avait fait que suivre une exception tout à fait autorisée à la règle.

Selon lui, je parlerais trop de moi dans mes articles… Je connais parfaitement les règles de la dissertation, de l’explication de textes et de la note de synthèse. On me les a fait suffisamment rentrer dans le têtiau à grands coups de masse et de burin ! Elles me servent bien évidemment pour bâtir un plan pour mes articles, sans même avoir besoin de le préparer au brouillon comme pour un exam. Je sais aussi que cet exercice est par nature impersonnel : l’on n’y utilise jamais le "JE" cher à Montaigne. Mais je regrette, mec : ici j’écris sur un blog, perso par définition. Non seulement j’entends définir la forme et le fond mais qui plus est, je ne suis pas un esprit désincarné : il me semble important de préciser « d’où je parle ».

Oui ! Oui ! Oui ! Je suis immortelle, ayant vécu au moins mille vies depuis l’aube des temps. L’ami Cpolitique m’a fait bien rire en me prêtant vie à l’aube au XVIIe siècle lors de la fameuse « Journée des Dupes » (10 nov. 1630)… Il suffit d’aimer l’Histoire. Je n’aurais certes pas la prétention « d’avoir tout lu » (référence à une vieille pub pour Vénillia, s’il m’en souvient) et c’est heureux : j’aurais encore de quoi meubler mes loisirs et mon cerveau jusqu’à ma mort. Rien que du bonheur !

Mémé Kamizole étant comme chacun sait, la reine des digressions, mais très certainement bien mauvaise bergère, j’en reviens à mes moutons : en parcourant l’article de Challenges je m’aperçois que la liste des « produits de première nécessité » - en principe taxés à 5,5 % - tient vraiment à la fois d’Ubu et de Kafka - influence du « Château » ? J’avais déjà assez de quoi m’indigner que les hôtels de luxe, déjà taxés qu’à 5,5 % - le taux des produits de première nécessité : ceux qui font l’ordinaire des prédateurs qui nous gouvernent ! - échapperaient à la taxe mort née sur l’hôtellerie de luxe (16 nov. 2011).

Gaëlle Macke constate que « si les livres, n’en font plus partie - la nourriture de l’esprit étant secondaire pour un esprit aussi cultivé que Nicolas SarKozy ! - la charcuterie demeure au rang des produits de première nécessité ». Peut-on trouver produit plus transformé ? Cela est vrai depuis des siècles avec les "chaircuitiers" du Moyen-Âge à la Renaissance, en n’ayant garde d’oublier le fameux et truculent Raguenau du « Cyrano de Bergerac », "traiteur" avant la lettre.

Il me revient à l’esprit sur ce sujet une anecdote - sans doute controuvée - que narrait volontiers mon père : à la question de savoir s’il préférait son père ou sa mère, un enfant lorrain répondant : « Je préfère le lard » ! Cela me faisant tout autant rire à plus de 55 ans de distance. Preuve que la vérité ne réside pas seulement dans la parole des enfants mais aussi et surtout ! dans nos assiettes. Le lard n’est peut-être pas - encore que… - le must en matière d’hygiène alimentaire, de même que l’on tape inconsidérément sur la crème - la vraie - et la sublime graisse d’oie .

Pour tout vous dire, me fichant éperdument de prolonger ad infinitum cette chienne de vie, sans l’abréger pour autant, je n’ai nullement l’intention de me priver de quoique ce soit. Mais il se trouve que par goût, j’utilise depuis plusieurs dizaines d’années presque exclusivement de l’huile d’olive sinon de la margarine, toutes deux recommandées par la faculté, d’autant qu’ayant du bon cholestérol en pagaille, je ne tiens pas à en fabriquer du mauvais. Or, que lis-je ? La margarine serait taxée à 19,60 % ! Jugée « mauvaise pour la santé » ! L’on croit rêver… Mais pincez vous : le foie gras et la truffe ne seraient taxés qu’à 5,5 % ! Tout de même pas le caviar…

Derrière ces aberrations, je vois plutôt l’influence des lobbies français, le caviar étant importé... Plus aucune logique sociale : les salauds de pauvres ? Rien à secouer. alors que lorsque la TVA fut crée en 1954 et comme l’explique fort justement Gaëlle Macke « le taux réduit était applicable aux "produits de première nécessité, de consommation courante". L'idée était alors de limiter ce qu'on appelle la régressivité naturelle de la TVA. Cet impôt "injuste" frappe en effet forcément plus les classes modestes et populaires, qui dépensent tout ce qu'elles gagnent, alors que les classes aisées, en capacité d'épargner, se constituent des économies non taxées par la TVA ».

Cela tombe sous le sens et c’est en partie toujours vrai, comme en témoignent les équations - pas trop compliquées puisque je les comprend et sais les appliquer ! - sur la propension à épargner en fonction du revenu. Mais un très grand changement est intervenu : la société de consommation qui enjoint à tous de succomber à ces tentations, à grand renfort de publicités aguichantes, du style « si t-a-pas une rollex à 50 ans c’est qu’t’es nul ». Comment consommer plus lorsque l’on n’a pas trois liards en poche, sinon en souscrivant un crédit, si ce n’est crédit sur crédit ?

Or, dans les années 50, il en allait tout autrement. Si vous voulez avoir une idée juste de la vie des familles modestes à cette époque, je ne saurais que trop vous conseiller la lecture de « Nous les filles » de Marie Rouanet. Somptueuse écrivain, originaire de Béziers aux si multiples talents - dont le langage poétique me fait irrésistiblement penser à Jocelyne François. J’y retrouvai mille souvenirs oubliés de mon enfance, dont le "clap clap" du lait bouillant dans une casserole sur l’imposante cuisinière à bois et charbon faisant en hiver de la cuisine une des pièces les mieux chauffées de notre petite maison. Et ces multiples jeux qu’elle décrit à merveille qui occupaient nos longs après-midi d’été pour pas un sou. Il y fallait seulement beaucoup d’imagination, des trésors de patience et d’ingéniosité.

Ne croyez pas pour autant que les ménages modestes n’épargnaient pas, beaucoup de privations à l’appui. Je sais par des témoignages directs de certains de leurs enfants que la mère de famille - de tout temps la plus concernée par "l’économie domestique" - plaçait dans des enveloppes l’argent de ce que nous nommons aujourd’hui "dépenses incompressibles" : loyers, chauffage, gaz et électricité, etc. Ensuite de quoi, les autres budgets - alimentation, vêtements et autres - subissaient (comme aujourd’hui !) les contraintes de la disette budgétaire..

A cette époque, épargner avant d’acheter n’était pas encore devenu une injure. Les commerçants ne s’y trompaient d’ailleurs pas. Je connais plusieurs cas où des marchands de meubles, tels que Lévitan n’hésitaient pas à ouvrir un compte pour les familles modestes. Une fois épargnée la somme suffisante - avec des avantages à la clef - les personnes pouvaient acquérir les biens qu’elles convoitaient. Ce fut encore vrai au milieu des années 60 puisqu’une amie de pension - pionne quand j’y étais élève jusqu’en 1965 - put acquérir une 2 CV selon le même principe quelques années plus tard.

Nous en sommes loin aujourd’hui. Dire qu’avec mes copains de la JOC nous dénoncions en mai 1968 « la société de consommation » ! Je ne peux qu’en rigoler - forcément jaune - en voyant ce qu’il est advenu de ces balbutiements. L’administration fiscale marche sur la tête aujourd’hui : l’heure n’est plus à la préservation de la capacité de consommation des ménages les plus modeste mais au credo de l’ultralibéralisme déjanté : « les salauds de pauvres doivent payer » ! Pour ne pas « désespérer Bettencourt »

Souvenez vous : Nicolas Sarkozy - et toute sa bande d’empaffés sarkolâtres s’en extasiaient (sous ectasy ?) à qui mieux-mieux - n’avait que le mot « transparence » à la bouche. Au lieu de quoi nous n’eûmes que la plus grande opacité dans tous les domaines. « On nous cache tout, on nous dit rien ! » . Il serait grand temps que l’on respectât les consommateurs : nous sommes avant tout des citoyens et des contribuables.

Il est absolument anormal que des informations telles que le plafond de ressources pour percevoir l’allocation logement, la liste complète des produits taxés à 5,5 % ou le taux auquel l’Etat emprunte sur les marchés financiers (avec l’argent de nos impôts et taxes !) ne soient pas mises à la disposition du public. Dans un Etat de droit réellement démocratique - gouvernement du peuple par le peuple, fût-ce par l'intermédiaire des parlementaires - le "consentement à l'impôt" fait partie des plus grands principes au point qu'il aurait dû s'appliquer sous l'Ancien Régime et c'était l'une des raisons d'être des "Etats-Généraux" qui, malheureusement ne furent plus réunis de 1614 à 1789.

Si les élus l'exercent en notre nom nous n'en devrions pas moins être informés. Il est absolument anormal que les ministères (les ministres n'ont d'autre légitimité que d'être nommés par le Chef de l'Etat et devraient être réellement contrôlés par le Parlement) et a fortiori des hauts fonctionnaires (nommés par le Président ou choisis par les ministres) nous fissent autant d'enfants dans le dos.

Obligée de faire moult recherches de fourmi pour trouver trois fois rien, j’ai vraiment l’impression de me heurter à un « secret défense » encore plus jalousement gardé que les plans du Rafale de Serge Dassault - lequel vient au demeurant de se faire rétoquer une fois de plus dans les Émirats : trop cher ! Il n'y a bien que la France - son seul et unique client - à ne pas répugner à la dépense : quand on aime, on ne compte pas

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*  Désolée, mais impossible d'afficher l'image... Ce que je parvenais pourtant à faire en travaillant sur l'ancien ordinateur qui tournait encore plus mal que celui-ci : j'ai beau insérer les codes de l'hébergeur attachés à la photo ou la mettre dans la bibliothèque des photos : rien ne s'affiche sinon un petit carré vide avec une croix rouge... Si quelqu'un connaît la solution, je suis preneuse ! Merci d'avance.


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