Magazine Culture

Lorsque tombent les apparences...

Publié le 21 novembre 2011 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Capture d’écran 2011-11-20 à 10.50.51.png

Le Vieux Colombier propose en cette fin d'année un Brecht en un acte aussi drôle que cruel. "La Noce", également connue sous le titre "La noce chez les petits bourgeois", est la décapante satire d'un milieu soucieux du "qu'en dira t'on", attaché au us et coutumes régissant la vie en société, en bonne société, faisant tout son possible pour masquer une réalité souvent moins flatteuse qu'il n'y paraît. Mais lors de ce repas de noces, l'alcool aidant, les faux semblants ne tiennent pas longtemps, le pugilat n'est pas loin... Au delà d'une classe sociale ou d'une époque en particulier , c'est bien des rapports humains en général dont il est question ici. Amour, famille, argent, situation... Tenir son rang, sauver l'honneur,  les apparences, mais à quel prix, et pour quoi faire ?

Si la pièce se classe parmi les comédies, c'est aussi un drame. Pour faire jaillir la noirceur et la dureté du propos brechtien, la metteur en scène allemande Isabel Osthues a opté pour le burlesque le plus total. Le choix est judicieux. Embarqués dans un jeu outrancier, presque clownesque, les comédiens ne perdent rien de la vérité ni de la gravité de leurs personnages, et à mesure que croissent les éclats de rire du public, le miroir tendu glace de plus en plus le sang.

En jeunes mariés tentant de sauver les meubles, au propre comme au figuré (elle était enceinte avant le mariage, le mobilier qu'il a construit lui-même faute de moyens s'écroule au fil de la soirée), la grande Marie-Sophie Ferdane et le plus petit Nâzim Boudjenah forment, tels Laurel et Hardy, un couple absolument parfait. Nous retiendrons également la prestation de Félicien Juttner en irrésistible poivrot tombant sous le charme d'une Véronique Vella qui, en vieille fille bordeline plus vraie que nature, fait de lui son dessert... Cécile Brune, Sylvia Bergé, Laurent Natrella, Stéphane Varupenne et Elliot Jenicot complètent cette distribution de qualité, incarnant le reste de la famille et des invités attablés.

Cherchant encore ses marques, le spectacle trouve son rythme de croisière passée la première demi-heure pour s'achever en apothéose. Les illusions s'écroulent en même temps que le décor. Le chaos scénographique répondant à merveille au chaos psychologique des uns et des autres.  

Drôle et cinglant.

A voir.

Capture d’écran 2011-11-20 à 10.51.30.png

Photos : Brigitte Enguérand


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Fousdetheatre.com 3248 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte