Il y a quelques mois, les jeunes égyptiens ont réussi en quelques jours à peine, à déstabiliser Hosni Moubarek, l’homme qui dirigeait leur pays depuis plus de trente ans.
Sous la pression de la rue, Hosni Moubarek s’est défendu, débattu comme un animal pris au piège et a fini par cédé.
Les jeunes égyptiens ont crié victoire, les médias ont salué l’exploit du peuple égyptien, la démocratie allait enfin régner sur le peuple égyptien, qui avait plié l’échine depuis des siècles sous successivement le pouvoir des pachas, des riches, des révolutionnaires et des militaires.
L’Egypte devenait un exemple pour le monde arabe.
Pourtant, ce qui advient depuis quelques jours donne l’impression contraire.
Les mêmes jeunes égyptiens qui étaient sur la place At-Tahrir ont à nouveau investi ce lieu devenu le symbole de la révolution populaire contre la dictature.
Les mêmes slogans, les mêmes revendications qui étaient portées par ces jeunes sont à nouveau réapparues, à l’exception de l’exigence du départ de Moubarak.
Les mêmes forces de l’ordre qui ont tiré sur la foule il y a quelques mois, n’ont pas hésité encore une fois à faire usage de leurs armes pour tirer encore fois sur la foule.
Les mêmes scènes de désolation qui ont fait le bonheur de Al Jazira envahissent à nouveau les écrans de la chaine quatarie, que l’on dirait la rediffusion d’images d’archives.
Le peuple égyptien s’est-il fait volé sa révolution? Sûrement, car Hosni Moubarak déboulonné, le peuple a cru que tout était joué, oubliant que le système est place est resté en place.
On a assisté juste au remplacement d’une “pièce défectueuse” par une autre pièce en état de fonctionner : Tantaoui a remplacé Moubarek, lequel Moubarek avait emplacé Anouar As-Sadat, lequel As-Sadat avait remplacé Jamal Abdenasser, lequel Nasser avait remplacé Najib!
La continuité était assurée et la démocratie passée à la trappe.
L’Egypte s’avère en fait le contre-exemple de la révolution arabe, de ce que les occidents ont qualifié un peu trop précipitamment de “printemps arabe”!
Que deviendra l’Egypte dans les jours et les semaines qui suivent? Les élections prévues seront-elles annulées, ou pour le moins reportées? Auront-elles jamais lieu?
L’armée acceptera-t-elle un jour de céder le pouvoir, un pouvoir qui loin d’être uniquement politique: il s’agit en fait d’une véritable forteresse politique, industrielle et financière qui contrôle le pays.
Verra-t-on l’Egypte basculer dans le chaos qui prévaut en Syrie, ou dans la débandade que connait le Yémen?
Avec son million de kilomètres carrés, ses
millions d’habitants, sa situation centrale au sein du monde arabe, sa position géo-stratégique, le pays des pharaons ne peut connaitre une période de troubles et d’instabilité trop longue!