Stimulé peut être par le sentiment que les automnes sont des printemps de l’autre côté du miroir, le Club Printemps est un festival de musique qui, une fois passé le seuil, s’approche comme dans aucun autre moment de l’année, des royaumes de la vie et de la mort et, introduits de plein fouet dans les froids et coupants courts jours de novembre, glacés d’obscurité, mystère et recueillement, le miracle se produit de nous faire traverser la glace mélancolique du salon ou de la cafétéria où nous nous enfonçons chaque fois plus profondément dans nos habitudes de la situation du soleil qui nous firent vibrer peu avant le fatidique changement d’heure et entrer, comme dans un conte de fées fabuleuses, dans la réalité lumineusement sonore et éphémère qu’offrent pour quelques jours certains théâtres et salles de concerts de Barcelone, équivalents à ces merveilleux salons de bal des histoires anciennes où, à la chaleur de la musique, le principe de réalité et l’imminence de l’hiver se dissolvaient en désirs et visions et non pas en attentes, qui rendaient en quelque sorte plus léger le retour à la tôt matinée gelée qui viendrait dans les prochaines heures.
Ainsi, du 23 au 27 novembre, des dizaines de groupes s’éparpillent en différents endroits de Barcelone—et simultanément de Madrid, à des jours différents—pour offrir un des festivals de musique des plus brigués et nécessaires de l’année (http://www.primaveraclub.com/pc/?page=home&lang=es).
La preuve accomplie de la qualité du festival est la difficulté à désigner les interprétations les plus importantes. L’éventail de groupes de premier ordre de la scène indépendante actuelle va de Charles Bradley & The Menahan Street Band, caractérisés pour produire un soul majoritairement instrumental d’une force invincible qui suscite une nostalgie immédiate et sonde tout ce que connote le son d’un Hammond, ou le très original free-jazz vêtu d’électronique du trio Fire Room (menés par l’éclectique multi-instrumentiste Ken Vandermark) aux ultimes sensations de la musique indépendante tels que les étrangement hypnotiques Fleet Foxes qui présenteront leur dernier disque, unanimement acclamé Helplessness Blues, un classique depuis son lancement qui révèle sur le fertile et luxuriant territoire du son folk-rock de nouveaux paysages en amont insuffisamment explorés.
Dans une lignée musicale peu dissemblable en ce qui touche tant à son lien avec le folk qu’à son éclectisme, qui cependant renvoie à des chemins contigus à la scène rock indépendante urbaine de tendances art-punk de la seconde moitié des années quatre vingt dix, vous pourrez également voir les toujours magnifiques Vetiver (también con nuevo disco, The Errant Charm).
Il ne manquera pas non plus de nouveaux espoirs, tels que les londoniens Tigercats, qui dans la lignée de groupes comme The Wave Pictures rappellent si agréablement l’esprit post-punk de groupes tels que Violent Femmes, ou d’authentiques légendes des 25 dernières années comme Stephen Malkmus (leader et fondateur des tant regrettés Pavement), qui sera présent avec son habituel groupe d’accompagnement, les Jicks.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble