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[Critique] ROUTE IRISH de Ken Loach

Par Celine_diane
[Critique] ROUTE IRISH de Ken Loach
La Route Irish n’a rien à voir avec l’Irlande. Il s’agit, en fait, de la route la plus dangereuse du monde, qui va de l’aéroport de Bagdad jusqu’à la zone internationale. Le réalisateur anglais Ken Loach est un grand habitué du cinéma politico-social, engagé, brut de décoffrage. Que ce soit dans Land and Freedom (la Guerre d’Espagne), It’s a Free world (l’immigration) ou Carla’s Song (les conflits au Nicaragua), il s’interroge sur des problématiques fortes, complexes, sur l’homme au cœur de l’Histoire. Normal donc, que pour son dernier film (après la parenthèse récréative de Looking for Eric), il ait choisi de s’intéresser à l’Irak, sujet contemporain brûlant par excellence. Au cœur du film, deux dénonciations : d’un côté, la privatisation de la guerre ; de l’autre les fantômes post-traumatiques hantant les ex-soldats. Au milieu : une vengeance. Celle de Fergus (Mark Womack), meilleur ami de feu Frankie, mort à Bagdad dans des circonstances ambigües. Un film de vengeance façon Ken Loach ? On était curieux. On en ressort déçus.
Le cinéaste peine à insuffler de la classe à l’aspect série B du film, noyant le propos explosif (la vérité sur les agents privés envoyés en Irak) sous un traitement indigne de sa légendaire subtilité. Ici, Fergus (cousin lointain des protagonistes à la Jason Statham) illustre la pâle figure du justicier moderne, animé par la colère, teintant le long-métrage de Loach de couleurs inhabituelles. Car en plus d’abandonner son humanisme coutumier pour plus de noirceur, il y fait preuve, aussi, de beaucoup de complaisance. Absent. Trop occupé à mettre en place son thriller. Finalement, il laisse de côté les aspects les plus intéressants du scénario (signé, comme d’habitude par Paul Laverty) : la douleur des familles endeuillées (le rôle de la veuve, interprété par Andrea Lowe, est sacrifié), celle, des populations locales (les gamins assassinés, ainsi que leur mère, demeurent à l’arrière plan), la psychologie des agents, les conséquences de la guerre sur l’être humain. En fin de route, le film se révèle tiède, plat, d’une triste banalité. Un Loach mineur, bien loin derrière ce qu’ont offert Greengrass ou De Palma sur un même sujet.
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