Violent, totalement dépourvu de morale, Eddie – qui se fait appeler Florio pour rompre avec sa famille « communiste » – gravit rapidement les échelons de "l’International Longshoremen’s Association", organisation du port de New York bien connue pour ménager les intérêts des armateurs plutôt que ceux des dockers. Maître ès chantage et extorsion, aussi doué pour déclencher une grève que pour y mettre fin, il n’hésite jamais à rendre « service » à ses puissants protecteurs mafieux ni à utiliser les femmes pour satisfaire ses pulsions perverses, quitte à s’en débarrasser ensuite le plus cyniquement du monde.
Mais avec la guerre, l’Amérique change, et le syndicat du crime avec elle. Eddie a beau avoir passé sa vie à étouffer les « rouges », le délire maccarthyste ne le sert pas. Devenu encombrant, trop voyant du fait de ses moeurs effrayantes, il perd la confiance des parrains. Or dans ce monde-là, mieux vaut ne pas se retrouver seul…
Editions RIVAGES
Trophée 813 /roman étranger (2008)
Livre ambitieux sur l’ascension et la chute d’un odieux second couteau de la mafia, fresque dépeignant des décennies de luttes sociales récupérées par les criminels, Nous ne sommes rien, soyons tout ! renoue avec l’essence même du noir : l’Amérique de la Dépression, du syndicalisme gangrené, des politiciens véreux et des immigrés qui feront le lit du gangstérisme.
Valerio Evangelisti, très connu pour ses épopées médiévales autour de l’inquisiteur Eymerich et de Nostradamus, avait déjà traité du rôle du crime dans la naissance de l’Amérique dans Anthracite