Magazine Cinéma

Immortel

Publié le 23 novembre 2011 par Olivier Walmacq

immortel_affiche1

Style: SF française (oui, oui)
Année: 2004
Durée: 1h40
Réalisateur: Enki Bilal

Résumé: Á New York, en 2095, l'être humain a été presque totalement remplacé par des êtres synthétiques ressemblant grossièrement aux humains et des extraterrestres venus de toute la galaxie. La ville est en pleine campagne électorale. Une pyramide géante flotte au-dessus de la ville ,avec le Dieu Orus à l'intérieur, cherchant l'amour charnel. Nikopol, un truand cryogénisé depuis trentes ans, est réanimé par erreur. Jill, une femme non humaine apparue dans Central Park, John, un passeur immatériel au centre d'un bouleversement de l'Univers entier: tous sont liés, et bon dieu, c'est flippant.

La critique de Duncan:

Le terme "Science fiction française" fait peur, très peur .Non pas que le genre soit très repandu,mais il faut bien avouer que souvent, ça passe ou ça casse.
Ça donne du bon, Eden Log, du polémique, Chrysalis ou du "daubesque", Dante 01.
Immortel qui, en passant, n'a strictement rien à voir avec la bouserie éponyme avec Jean Reno, fait partie de la deuxième catégorie, à savoir des oeuvres polémiques.

Pas spécialement méconnu, mais très sous-estimé et peu reconnu quand même. Tout d'abord, pour paraître moins bête que nous le sommes déjà, qui est Enki Bilal ? Et bien tout d'abord, c'est le réalisateur du film.
Oui, je vous prends un peu pour de andouilles, je sais .C'est aussi un français.
Mais c'est surtout un auteur de bandes dessinées qui a énormément de ses planches exposées au musée Grevin.

Ah ouais, quand même. Mais Enki Bilal, c'est surtout, depuis 2007, un petit con arrogant, prétentieux et plein de suffisance.
Car ce gars là, depuis un bon de temps, ses bouquins, bien que très beaux, n'ont absolument aucun sens.
Il nous sort des bouquins sans âme et sans intérêt scénaristique juste parce qu'il est sûr que la presse lèche-cul l'ensencera.

Mais je vous rassure, son film Immortel, c'est l'avant Bilal, le bon Bilal. C'est même le meilleur film de SF réalisé en France. J'entends des rires dans la salle.
D'abord, il faut savoir que ce film est adapté assez librement de sa "Trilogie de Nikopol", une de ses oeuvres majeures en bandes dessinées.
Maintenant que le décor est planté, tâtons de la bête. La première qui frappe: l'esthétisme.

Pour un budget ridicule de 22 000 000 d'euros (car oui, c'est un film français), c'est superbe et en plus tout numérique, à 99%, sauf 3 acteurs d'horizons différents mais parlant presque tous français pour le film à savoir Linda Hardy (française), Thomas Kretshmann (allemand) et Charlotte Rampling (anglaise).Un petit mot d'ailleurs sur la VF,qui est aessez complexe.Tout le film,est à l'origine,français.Les personnages en synthèse,par exemple Orus et John,sont doublés à l'origine respectivement par Jean-Louis Trintignant et Frédéric Pierrot.Quand aux personnages de Jill(Linda Hardy)et Nikopol(Thomas Kretshmann)parlent à l'origine français.Mais un personnage Elma Turner,jouée par l'actrice anglaise Linda Rampling,est doublés en français.
Dans un sens,ce n'est pas génant,mais avoir un personnage doublé en studio et les autres parlant "live"donne parfois un son étrange.Le meilleur exemple étant le dialogue entre Jill et Elma,le son contrastant assez violemment avec la voix live de la française Linda Hardy et la doubleuse de Rampling.Ce n'est pas non plus trop génant,le film n'ayant que trois acteurs,les autres personnages n'étant que des synthèses.
Il existe donc une version américaine réalisée à l'origine pour l'exploitation du film aux States,qui ne sert pas à grand chose donc.
Et vu que c'est un film français,je le regarde personellement dans notre langue de molière,à vous de voir.
/span>
Voilà pour la petite explication. Sinon,comme dit plus haut,le film est intégralement en numérique. vous vois arriver et me dire: Mais mec, c'est pas toi qui est contre le numérique et qui hurle chaque matin "TUONS SNYDER !, TUONS CAMERON !" ?

Et bien, je vous repondrai que si, mais pas pour ce film. Ne vous inquiétez pas, je vous explique pourquoi. Dans un certain film avec des machins bleus et des décors multicolores vomitifs, il manquait une chose qu'il y a dans le film de Bilal: une âme.
Car oui, le film de Bilal possède une esthétique qui relève du merveilleux, croisement entre du cyberpunk et du fururisme plus basique.

C'est beau, c'est une oeuvre d'art ,les éclairages sont magnifiques, c'est terne, blanc, froid, loin du rose fluo d'un certain film. J'ai jamais autant aimé New York.
Bilal à fait d'ailleurs appel à la plus grande société d'Animatromic française pour donner vie à cet univers fascinant.
L'autre qualité, c'est l'utilisation judicieuce de la synthèse. Comme je le dis plus haut dans le résumé ,les êtres synthétiques et les extra-terrestres sont devenus la race majoritaire sur terre. Et c'est là que ça devient intéressant.

De prime abord, la synthèse paraît grossière .Mais plus le film avance, plus on se rend compte que c'est volontaire.
On sent que Bilal ne cherche pas à imiter une quelqonque réalité car au final, elle n'existe pas. Le monde futuriste décrit n'est qu'une imitation ratée du monde passé.

Les êtres synthétiques se suicident à cause de leur incapacité à ressentir la vie comme un être humain

Cette synthèse "épurée" donne un vrai cachet au film rappelant les meilleurs souvenirs des dessin animés en images de synthèse et montrant une société trop en avance sur son temps et se prenant pour Dieu.
De leur côté, les ET sont superbement réalisés par contre et n'ont rien à envier aux films de SF américains.

Après avoir causé esthétique, si on s'attaquait aux personnages et au scénario ? Attention, c'est tordu. D'abord, il y a Orus, dieu de l'amour Charnel se prenant pour Dieu (oui ,le balèze de la Bible).
Son objectif ? S'accoupler avec Jill, une non-humaine qui est en fait la seule humaine sur terre. Nikopol, un truand décongelé le jour de l'arrivée d'Orus sur Terre, va devenir l'enveloppe charnelle d'Orus et en quelque sorte le lien qui permettrra à Orus de s'accoupler et de ressentir le plaisir que lui procure Jill.

Z'avez pas compris ? Bon, je resume: un mec à tête de Faucon débarque sur Terre pour se faire une fille. Le problème, c'est que le mec à pas d'engin .Donc il va trouver un mec et prendre son corps pour tout ressentir à sa place.
CQFD. L'autre truc, c'est qu'il y a une corporation, Eugenics, contrôlée par l'humaniste Elma Turner qui est au trousse de Jill.

Mais pas de souci car son pote, John, le passeur immatériel, comprenez "t'as vu, c'est du brouillard sous ma tunique", va l'aider à s'enfuir dans un autre univers, à savoir notre belle ville de Paris, la seule chose encore réelle sur la Terre.
Z'avez rien compris ? C'est normal, c'est trop difficile à résumer et à expliquer avec des mots.
Et le pire, c'est que je ne vous ai pas parlé de la sous enquête policière concernant le nouveau maire de New York, la révolte des non-humains, de l'arrivée soudaine des extra-terrestres de toute la galaxie à New York.

Et oui, Immortel est un film étrange, complexe, totalement OFNI, mélange de SF, d'érotisme (à petite dose hein), de fantastique et de thriller.
C'est esthétiquement grandiose, c'est intelligent, la musique est superbe ,les acteurs excellents (Linda Hardy est géniale), l'ambiance encore jamais vue et fascinante.
Rien que le final, magnifique avec du Baudelaire récité avec passion en mot de la fin, vaut à lui seul le visionnage.

Ce film, c'est mon film de Science fiction préféré. C'est un de mes films de chevet, une des pièces maitresses de ma dvdthèque.
Vous pouvez dire que c'est un navet, m'en fiche,j 'adore. Alors,oui, c'est un film polémique, certains adorent, d'autres détestent, mais il n'empèche que c'est à voir absolument, rien que pour se forger un opinion.
C'est beau, c'est grand, c'est complexe, tordu, et surtout, c'est français. Et c'est valable aussi pour la BD, incontournable elle aussi.

Note: 19/20 (je pourrais mettre 20, mais ça gueule déjà bien assez)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Olivier Walmacq 11545 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines