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Time Out ou comment avoir une bonne idée et la gâcher…

Par Paumadou

La bande annonce était vendeuse. Tellement vendeuse que ma tante, plutôt art & essai, avait envie d’aller le voir, ce film, elle qui fuit les grosses productions américaines comme la peste. Bref, je ne sais pas ce qu’elle en pensera puisque j’y suis allée avec mon homme, mais elle sera certainement déçue. Elle s’intéressait à l’idée : nous n’avons qu’un temps limité à vivre et les riches prennent le temps des pauvres… Bref, la métaphore du temps, c’est de l’argent inversée et le rapport lutte des classes, prise de conscience,etc.

Time Out (In Time) avec Justin Timberlake (c’est à peu près tout ce qu’il faut retenir)

Time Out ou comment avoir une bonne idée et la gâcher…

De la prise de conscience, vous oublierez. Le film se résume à une sorte de Bonnie&Clyde mâtiné de Robin des Bois et Lady Marianne des temps modernes. Tout comme les héros n’ont pas d’avenir puisqu’ils passent leur temps à se le faire voler/à le reprendre/ à le donner /à le reperdre… Avec des cascades de voitures, des bong-bong des pétards, des clansh-clish des coups de poings…

On apprend peu sur les histoires des personnages et pourtant ils en ont ! On nous le dit ! Sauf qu’on n’en apprend rien de plus. Aucune profondeur donc dans leur motivation, leur manière de voir la vie à la minute près, à la perte irréductible des êtres chers qu’on abandonne sur le trottoir, à l’éternité qui est trop longue à porter (en fait, la personne ayant le plus de profondeur est Hamilton, le centenaire, qui veut mourir parce qu’il en a marre de la vie et de sa centaine d’années qui pourrait continuer ad vitam – oh le joli jeu de mots ! 3 minutes chrono de présence à l’écran)

Je regrette donc que l’histoire ne soit pas plus profonde que celle définie dans la bande annonce (et oui, y’a pas grand chose de plus à découvrir dans ce film…) – après si vous voulez voir Justiiiin Timberlake courir, vous en aurez pour votre argent, sa copine à la tignasse de Lulu, vous passerez, elle n’est nue qu’une fois de loin, dans l’eau et de nuit… et ses expressions se limitent à celle de Bella Swan dans Twilight (ce qui veut dire : bouche ouverte, regard en coin à droite, regard en coin à gauche, regard en coin sur le dessus, attention elle va fermer la bouche ! Ah non, en fait elle doit pas pouvoir…) mais on peut lui donner un Grammy Award ou même un Oscar pour sa performance magnifique et supraphénoménale de courir en talons aiguilles de 10cm sans JAMAIS se péter la figure. Et oui, on est dans un film américain quand même !

Passons sur les paradoxes temporels (il a 2h de vie, quitte la soirée à la nuit noire, se retrouve avec 4min de vie en plein jour à des kilomètres de là) et les minutes à rallonge (59 secondes pour elle, 1min pour lui, ils courent, courent courent pendant au moins 3 minutes… phénomène déjà visible dans Olive et Tom – courir pendant 5minutes quand ça ne prend que 30 secondes dans la vraie vie)

Bref, ce film est une soupe lyophilisée insipide et mal faite qui veut avoir le goût d’un grand potage Crécy servi dans un trois étoile.

C’est une belle démonstration de l’effet de mode, du surf sur courant marketing porteur et sur le peu d’implication réelle des idées de la masse. La mode est à la révolte des petits contre les grands (c’est pourquoi on prend une idole richissime et qu’on le colle dans un rôle de pauvre… avec un salaire conséquent quand même hé oh faut pas déconner, il veut bien incarner Robin des bois, mais pas pour rien), on évoque le fait que le système capitaliste est un mauvais système (en engrangeant des millions de bénéf et en affichant clairement que si tu pirates le film, on te poursuivra en justice, et oui, ben ça alors, mince…) et on prend la seule chose que tout le monde a : le temps, pour dire que si le système était vraiment merdique au fond, ben on continuerait tous à trimer comme des moutons et à mourir à la tâche… SAUF qu’on aurait, un jour, un sauveur qui viendrait sauver le monde (en fait, là, il met juste le système économique dans la mouise sans aucune notion de ce qu’il fait… bravo monsieur le sauveur)

Inculquons donc à ces jeunes (oui, c’est Justiiiin Tmberlake, donc ce sont des jeunettes qui vont voir ça… on le voit même pas torse nu – si 5 secondes) qu’on peut se révolter contre le système ! Mais sans aucune profondeur de pensée philosophique derrière, sans avenir, sans passé, juste 2h de votre temps. Après, retournez consommer votre petite vie paisible. Après tout, vous avez le temps…

PS: Je ne comprendrai également jamais cette mode de retraduire un titre anglais… en anglais. De In Time (à temps), on est passé à Time Out (l’équivalent de temps mort… vous savez le truc de pause/réflexion au basket) Mais POURQUOI ? Bon sang, c’est fatiguant cette manie idiote…

PPS : Si vous voulez réfléchir, allez voir d’autres films ! Comme Tous au Larzac par exemple (je l’ai pas encore vu, mais ça sera certainement plus intéressant  que Time Out)

PPPS : Ce film m’a rappelé un texte que j’ai lu, il y a quelques mois, et qui était beaucoup plus intéressant au niveau de la réflexion « Existence à temps compté ». Ce texte c’est

Les Faucheurs de Estee sur WeLoveWords.

A lire donc !


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