Parution dans la collection Poésie/Gallimard d’Ici en Deux d’André du Bouchet.
village et eau. et eau et glacier
djour – dans la langue soudain, et par ce surcroît de l’éloignement, que moi-même j’aurai ignorée, que j’ignore toujours, et une fois pour toutes vraisemblablement – de l’eau là, j’entends un tel mot, avant même de prendre sur moi de le prononcer – déjà ? dès aujourd’hui, dans ma langue qui, du coup, elle, sera l’étrangère aussi
l’eau se boit. le village : il se prononcera. ni village ni eau quelquefois : mais empilement de lauzes dépareillées analogues par endroits à des assiettes dans la sécheresse.
jusqu’au nul, habitant aujourd’hui de l’agglomérat – qui de nouveau est une sauvagerie. on
peut et sans un mot, recommencer.
se désaltérer ne regarde que soi. désaltérer dans une rue, à autre que soi, dans le même instant, aura eu trait.
parole et la soif. pour cette parole comme pour la soif, le mot – sans être le même – similaire. parole et la soif passées l’une et l’autre, par une tête à nouveau comme, de monde à monde, à chaque reprise le point succinct passager.
point au monde passant de l’étranger à chose qui, pour une part, aussitôt redevient – ma part déjà – l’inconnue. le point jour au point monde et familier
André du Bouchet, ici en deux, Poésie/Gallimard, 2011, pp.93 à 95
André du Bouchet dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, dossier L’Etrangère 1, dossier l’Etrangère 2 (inédit sur Victor Hugo), dossier l’Etrangère 3 (lettre inédite à Paul Celan), dossier l’Etrangère 4 (article de Yves Peyré), Notes sur la poésie, 1, extrait 2, Notes sur la poésie 2, émission France culture oct 07, extrait 3, extrait 4, note sur la poésie, ext. 5 (Ef. Unes), ext. 6, Une lampe dans la lumière aride (A. Emaz), Aveuglante ou banale (A. Emaz)