Les éditions L’Escampette publient matin de silence de Claude Margat, préfacé par Bernard Noël.
la rumeur du grand arbre
qui frémit dans tes mots
ne sort pas de ta tête
ni de ses paysages sans nom
mais des livres que tu as lus
et qui dansent sur l’ombre
de présents disparus
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considérant toute chose
on finit en effet par en voir le vide
considérant le vide
on finit par en voir la lumière
ce prétendu réel
au fond des yeux
est-ce présence
pensée
ou seulement puits de braises
entre deux ?
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sur le rebord de la fenêtre
un moineau le même jour
vint se poser
sans remuer
tu observas son plumage
de sa couleur
un paysage de crépuscule surgit
lorsque tu y tombas
le rêve s’envola de sa plume
ton regard aussi
tiédeur du vent
parfum d’herbe sauvage
comme l’oublier ?
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quelque chose de plus léger que l’air
parcourt la surface de la terre
ce n’est pas la vie
mais le seul domicile
ce n’est pas le désir mais son élan
et ce n’est pas l’esprit non plus
mais seulement un vieux regard pétri d’obscurité
en toi
demeure ainsi une ombre stupéfaite
pensée plus vive que toute pensée
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considérant sous la surface
l’immobile métaphore argentée
on voit quelquefois le nuage
qui dans le ciel lui correspond
mais aussi bien environné de terre
le rocher prompt à vérifier
que tout est jeu d’ombre et de lumière
Claude Margat, matin de silence, préface de Bernard Noël, L’Escampette, 2011, pp. 19, 20, 27, 61, 81
Bio-bibliographie de Claude Margat