Magazine Culture

Dinosaur - Kiss Me Again (1979)

Publié le 01 mars 2008 par Oreilles

Parmi les nombreuses créatures qui ont peuplé le paradis, les dinosaures ont aussi fait partie de la faune biblique. Cette affirmation repose sur une simple induction : le paradis terrestre est décrit dans le livre de la Genèse comme un jardin merveilleux où tous les animaux vivaient en harmonie sous la direction de l'homme. Alors pourquoi pas les célèbres reptiles du Jurassique ?Cependant, les véritables conoisseurs savent pertinemment que cette information est totalement erronée ; elle intéresse au mieux quelques doux illuminés et créationnistes convaincus. Au contraire, Dinosaur est une espèce de l’ère disco du "Paradise Garage", l’oeuvre d’un compositeur, chanteur et producteur américain, Arthur Russel.
Après avoir grandi dans l’Iowa, il déménage à San Fransisco et intègre une communauté bouddhiste où il rencontre le célèbre poète de la beat génération, Allan Ginsberg. Violoncelliste de formation, il commence à travailler en accompagnant de son instrument la lecture des poèmes de Ginsberg. Russel se rend à New-york au cours des années 70, mais ce n’est qu’en 1979 qu’il écrit et produit sous le nom de Dinosaur, "Kiss Me Again". Le morceau est le premier single disco enregistré sous le label Sire Records. Dès 1980, il enregistre sous Loose Joint le tube "It Is All Over My Face" avec Steve D’Aquisto. On retrouve encore Russel derrière l’album 24/24 music, cette fois ci, sous le nom de Dinosaur L. Mais il serait difficile de ne pas rapprocher les productions de Russel avec le Paradise Garage, club disco underground new-yorkais. Larry Levan, dj attitré du club, est un des premier à mixer le "It is all over my Face". À l’écoute des travaux de Russel, il est difficile de ne pas penser au son de cette période faste du disco.
La guitare terriblement groove, la redoutable ligne de basse adossée à une batterie catchy, ainsi que le son d’un saxo étouffé, saccadé auraient suffi à donner les lettres de noblesse à "Kiss me Again". Emprunt d’une fierté notoire, c’est sans compter sur la voix claire et éloquente d’une diva soul qui survole la base instrumentale du morceau. Peut-être le morceau incarne parfaitement l’objet kitsch sous son plus bel aspect, synthèse d’une esthétique alignant des éléments démodés, rétro et populaires. Parce que la force du morceau vient du caractère universel de son architecture, on peut écouter d’une oreille distraite ou attentive sans opérer de distinctions de classes, de sexe et d’âge. On trouve enfin une presque utopie érotomane : le jardin d’éden sans son serpent.
En bref : L’exercice d’abord élémentaire se transforme en un numéro sophistiqué, remarquable enluminure du « son » garage.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Oreilles 3359 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines