Si nous connaissons tous les traditions reliées à l’action de grâces américaine dans la NFL, il y en a aussi beaucoup dans la NCAA. Le foot collégial prend donc le plancher dans cette édition du Tailgate.
Deux rivalités avec votre dinde
Auburn – Alabama
364 jours par année, tout le monde se contrefout de l’Alabama. Puis arrive le jour de l’Iron Bowl. Les États-Unis au complet ont alors les yeux rivés devant leur téléviseur pour une des meilleures, sinon la meilleure rivalité intra-état du football collégial : UA (University of Alabama) contre AU (Auburn University).
Ils n’étaient que 450, le 22 février 1893 à regarder Auburn remporter la première bataille de ce qui allait devenir un classique. Cependant, la tension entre ces 2 écoles ne prit pas de temps à s’installer et dès le début du 20e siècle, l’état au complet se passionnait pour cette rencontre. Pourtant, de 1907 à 1948, la série fut stoppée, les 2 universités étant incapables de s’entendre sur les modalités de l’affrontement. Après plusieurs tentatives infructueuses, la rencontre fut reprogrammée à l’agenda, sur le site neutre du Legion Field de Birmingham. L’intense rivalité ne tarda pas à reprendre ses droits, surtout avec l’embauche d’entraîneurs de renom (Ralph Jordan à Auburn et Paul Bryant à Bama) qui guidèrent leurs programmes respectifs vers le sommet de la pyramide.
Le rituel d’avant-match, des performaces des Marching Bands à l’interprétation de l’hymne national par les anciens des 2 universités, était aussi important que celui-ci. En 1964, CBS retransmit la rencontre pour la première fois et la nation américaine se passionna rapidement pour la guerre interne secouant l’Alabama. Il faut dire que ce premier match fut vendeur, l’Alabama l’emportant 21-14 grâce à un certain Joe Namath! Trois ans plus tard, dans des conditions atroces, Bama fut de nouveau vainqueur, grâce à la célèbre « run in the mud ». Auburn pris sa revenge en 1972, ramenant 2 bottés de dégagement bloqués d’Alabama dans la zone de buts dans les 6 dernières minutes du match pour transformer un déficit de 16-3 en victoire de 17-16. Les faits marquants s’enchaînèrent ainsi pendant plusieurs années, créant plusieurs duels palpitants entre des équipes d’égales forces.
Depuis déménagée du site neutre de Birmingham en une alternance entre les stades réguliers des 2 équipes, la rivalité continue, toujours aussi intense. L’an dernier, Cam Newton a mené une superbe remontée pour préserver la saison parfaite d’Auburn qui est ensuite allée remporter le championnat national. Cette victoire effaça un peu la déception de l’année précédente où un TD à une minute de la fin avait donné la victoire au Crimson Tide permettant ainsi à leurs fans de chanter cet hymne directement à la face des partisans d’Auburn, en plein dans leur stade. Cette année, peu de suspense, le Crimson Tide d’Alabama, 3e au pays était nettement trop fort et l’a facilement emporté 42-14 hier après-midi.
Michigan – Ohio State
Lors de mon voyage à Penn State plus tôt cet automne, un t-shirt à la légende provocatrice : « You can’t spell Cocksuckers without OSU » se vendait très bien. En marge du scandale sexuel frappant aujourd’hui Happy Valley, on peut souhaiter que cet article ait été retiré des tablettes, mais il exprime quand même la forte animosité assez répandue dans le Big Ten envers les Buckeyes d’Ohio State. Cependant, la haine n’est nulle part plus grande qu’à Ann Arbour, Michigan.
Ainsi, vous pouvez imaginer que le souper d’hier soir fut fort bien arrosé dans plusieurs chaumières du Michigan, en raison de la spectaculaire victoire des Wolverines 40-34, mettant fin à la plus longue disette des bleus dans cette série, eux qui avaient perdus les 7 derniers rendez-vous.
Dès les années 30, alors que la série était outrageusement dominée par les Wolverines, les bonzes du football universitaire eurent l’idée lumineuse de programmer ce duel lors du dernier match de la saison des 2 équipes. Une excellente idée, particulièrement dans les 38 années entre 1968 et 2005 où ces 2 clubs ont partagé 31 titres du Big Ten, plusieurs étant obtenus dans ce match décisif.
En 1950, une des pires tempêtes de l’histoire s’abattit sur l’Ohio. Refusant de canceller la rencontre, même si ça leur aurait donné un championnat de conférence, les Buckeyes s’inclinèrent 9-3 dans un match ponctué de 45 dégagements. L’entraîneur d’alors fut congédié, ce qui permit l’entrée en scène de Woody Hayes, celui qui alla alimenter définitivement la rivalité. Détestant Michigan au point d’éviter de les nommer (il parlait d’eux comme « the team from up north »), il répondit à un reporter lui reprochant un arrogant converti de 2 points sur le dernier TD d’un match gagné par les siens 50-14 « I went for two because I couldn’t go for three ». Michigan répondit à cette haine en 1969, avec l’embauche de Bo Schembechler, un ancien du coaching staff des Buckeyes. La période de 10 ans où ces 2 coachs officiaient (1969-1978) fut la plus intense de la série. The Ten Year War, à l’avantage des Wolverines 5-4-1, a fait l’objet d’un documentaire HBO, il n’y a pas si longtemps.
Les années 80 et 90 furent principalement à l’avantage des bleus. En 2000, après une 10e défaite en 13 tentatives contre le Michigan, l’entraîneur-chef d’Ohio State, John Cooper fut renvoyé, malgré une fiche globale de 111-43-4. C’est qu’autant à Ann Arbor qu’à Columbus, vous êtes d’abord jugés sur votre performance lors du face-à-face contre l’ennemi juré. Ainsi, malgré la controverse ayant précipité son départ, Jim Tressel sera toujours un héros à Columbus, ayant remporté 8 de ses 9 duels face aux Wolverines, incluant le dernier gros match entre ces 2 puissances, celui de 2006, où les 2 équipes étaient classes 1 et 2 au pays avant l’affrontement.
Des nouvelles de la NCAA
La saison régulière tire à sa fin dans la NCAA et plusieurs parties hier avaient une incidence majeure sur la folie des Bowls qui s’en vient. Commençons d’abord avec le classement national,compilé avant les matchs du week-end.
Les temps sont durs à Penn State. Sur le terrain d’abord, l’équipe a subi son 2e revers en 3 parties sans Joe Paterno, se faisant solidement ramasser 45-7 par Wisconsin. Ce faisant, les Badgers se qualifient pour le premier match de championnat de l’histoire du Big Ten où ils affronteront les Spartans de Michigan State. Le gagnant obtiendra son billet pour le Rose Bowl.
Hors du terrain, le scandale Sandusky continue de grossir, de nouvelles victimes se manifestant à la police. Si on se fie à cette entrevue réalisée il y a une dizaine de jours, même les propres enfants adoptifs (il en a cinq) de Sandusky ont dû subir ses affres. La NCAA a aussi décidé de se mêler de l’affaire. Même si la NCAA s’en tient habituellement aux violations sur le terrain et que l’université ne peut être sanctionnée pour les actions de son ancien coordonateur défensif, le prix à payer pour les tentatives de camoufler l’affaire pourrait être très élevé. Ne vous attendez pas à une décision rapide cependant. Finalement, juste pour en rajouter, Joe Paterno a annoncé souffrir d’un cancer du poumon. Il devrait cependant pouvoir guérir de la maladie.
Dans la ACC, Virginia Tech l’a emporté contre leurs rivaux d’état de Virginia pour mériter le droit de disputer le championnat de la conférence. Pour l’occasion, ils affronteront, Clemson, le seul adversaire qu’ils n’ont pu vaincre cette saison. En cas de victoire, les Hokies auront encore une faible chance de disputer le championnat national, mais se dirigeront probablement plus vers Miami pour participer au Orange Bowl.
Du côté du Pacifique, les finalistes de l’an dernier, les Ducks d’Oregon ont de nouveau marqué à profusion, méritant le droit de disputer la finale du Pac 12 grâce à un gain sans équivoque de 49-21 contre leurs rivaux d’Oregon State dans le cadre de la « Civil War ». Le Blur Offence des canards continue d’être efficace, ceux-ci inscrivant une moyenne de 46 points par match. Ils affronteront les Bruins de UCLA avec un billet pour le Rose Bowl à l’enjeu la semaine prochaine. L’équipe d’Andrew Luck, le Cardinal de Stanford est mieux classée qu’Oregon, mais ils ne participeront pas à la finale. Ils jouaient hier soir et une victoire les maintenaient en vie, un peu artificiellement, dans la course pour le championnat national. Qu’à cela ne tienne, ils trouveront une place dans un des bowls principaux.
Dans la course au Heisman, Luck devait réaliser une performance spéciale hier soir afin de contrer l’exploit réalisé par son principal adversaire, le RB Trent Richardson d’Alabama, impérial dans le Iron Bowl. Il a amassé 203 verges sur 27 portées, incluant cette superbe galopade sur 57 verges. Mais est-ce que ce sera suffisant?
Vendredi après-midi, l’équipe à battre, les Tigers de LSU ont dominé les Razorbacks de l’Arkansas, pourtant classés # 3 au pays. Louisiana State impressionne, au point de faire parler d’eux comme la meilleure équipe collégiale de l’histoire. C’est probablement un peu exagéré, mais si LSU complète sa saison parfaite lors de la finale de la conférence la plus relevée de la NCAA la semaine prochaine contre Georgia, ils seront assurément du match du championnat national, disputé cette année dans leur cour, au SuperDome de la Nouvelle-Orléans. Un deuxième affrontement contre le Crimson Tide d’Alabama semble le scénario le plus probable.
Fin de saison du football à 3 essais
Gros week end également au pays alors que le nouvellement rénové BC Place sert de cadre à la présentation de la Coupe Grey. Déjà marginal lorsque les Alouettes y sont, l’intérêt ne sera pas très grand au Québec pour la rencontre opposant Winnipeg et la Colombie-Britannique. Il faut cependant souligner l’exceptionnel parcours des Lions. Vancouver a très mal débuté sa saison, échappant 6 de leurs 7 premières rencontres avant d’aller chercher 10 de leurs 11 derniers matchs et le championnat de la section ouest. Leur QB, Travis Lulay, fut sélectionné joueur par excellence de la saison et si ils gagnent ce sera sans doute un des revirements les plus spectaculaires de l’histoire. Leurs adversaires en provenance de Winnipeg ont aussi repris leur destinée en main, passant d’une saison de 4-14 l’an dernier à une participation au championnat cette année, tout en conservant sensiblement le même alignement. Comme quoi, au football, tout peut changer très vite.
Les belligérants auront fort à faire pour égaler le spectacle offert lors de la Coupe Vanier, remportée par McMaster ce vendredi aux dépends du Rouge et Or en 2e prolongation. Tirant de l’arrière par 23 points à la demie, les représentants de la ville de Québec ont démontré beaucoup de caractère en poussant le match en prolongation, mais les Ontariens ont finalement complété le travail. Une classique déjà identifiée comme la meilleure Coupe Vanier jamais disputée.
La question de la semaine
La question est en lien avec le thème de la semaine. Aimez-vous cela le football collégial? Le suivez-vous? Quelles équipes sont vos favorites? De plus, regardez-vous uniquement l’action au sud de la frontière ou si vous êtes intéressés par ce qui se passe dans les universités québécoises également? Bref, jasez de football collégial un peu!