Qui est Paul Grenz ?
Une journaliste se penche sur sa biographie et découvre mille facettes de ce musicien de talent, énigmatique, fascinant, si fascinant même qu’on ne peut l’imaginer mort … Sa musique vibre dans le cœur des siens, de ses amis, peu prolixes mais enivrés par cet homme.
L’enquête prend de telles proportions qu’elle en devient angoissante. L’entourage du musicien s’épanche peu à peu, même si en fin de compte on ne sait rien de lui. D’aucuns diront qu’il a disparu, qu’il voulait cela, s’envoler un beau jour, sans heurt ni bruit. Seule sa musique résonne encore en écho, le ressuscite un peu…
La journaliste puise çà et là des confessions, recueille les sentiments de l’un et l’autre qui ont croisé sa vie et des avis divergents aussi se mêlent dans les mémoires jusqu’à donner le vertige. Le seul dénominateur commun : tous sont sous le charme de ce personnage impénétrable, occulte.
Francis Dannemark est un de mes auteurs favoris et il donne ici toute la mesure de son talent. Sobriété, force des sentiments, sensibilité sont les maîtres mots de ce court roman.
Sans fard ni fioritures et à travers ce héros étrange, l’auteur bouscule le lecteur jusque dans les tréfonds de son âme. Tout alentour devient magique, des voix s’élèvent aussi ou se claquemurent dans le silence mais seules demeurent intactes les notes de musique émanant d’un piano qu’on ne peut oublier, une mélopée suave flottant dans les âmes et les cœurs de l’entourage de Paul Grenz, dans le cœur du lecteur aussi …
Et j’ai refermé le livre comme une partition, doucement bercée et sereine …
« J’ai regardé Peter Hartman. En me parlant, il s’était tourné vers quelque chose que je ne voyais pas et un très fin sourire se dessinait sur son visage.
– La question, ce serait quelque chose comme : « Sommes-nous libres ? ». Grrrrave question, n’est-ce pas ? Paul était parfois un homme très grave quand il était jeune, je vous ai dit ça, n’est-ce pas ? Bien sûr, nous ne sommes pas libres. Les choses vont, les choses viennent, tout bouge tout le temps, la roue tourne et la vie nous porte où nous devons aller et nulle part ailleurs.
– Pas libres du tout ?
– Libres de regarder, ça oui. Et c’est énorme comme liberté, vous savez. Regarder avec les yeux ouverts ou avec des lunettes noires. Regarder avec le sourire ou regarder avec de la colère ou de l’amertume. Paul savait ça – tout le monde le sait au fond de soi, mais à l’époque, il ne pouvait pas l’accepter. Il se débattait tout le temps. Moi aussi, mais un peu moins que lui. Ça appartient à la jeunesse. Certains y mettent beaucoup plus de force que d’autres. L’un casse un crayon, l’autre pulvérise sa maison…
– Qu’est-ce qui vous faisait sourire il y a un instant ?
– La photo qui est là. Vous pouvez la prendre. »
Les petites voix de Francis Dannemark, le Livre de Poche
Date de parution : 02/01/2033 Isbn : 2266141546