Cette décision surprise témoigne des graves difficultés qu'éprouvent les banques européennes à se refinancer.
C'est une excellente nouvelle pour les marchés financiers, à très court terme. Mais un signal particulièrement inquiétant sur la situation réelle du système financier mondial. Les six principales banques centrales de la planète (États-Unis, Europe, Japon, Canada, Suisse et Angleterre) ont annoncé, par surprise en début d'après-midi une action coordonnée pour «répondre aux pressions sur les marchés monétaires».
Concrètement, les banques centrales ont décidé d'abaisser de 50 points de base les taux auquel les banques peuvent, durant la nuit, se refinancer en dollar auprès de leurs banques centrales. Cette mesure vise à aider les banques européennes à obtenir des dollars sans avoir besoin d'être approvisionnées par les banques américaines. Les marchés ont salué à sa juste valeur cette action majeure qui prouve la détermination des banquiers centraux à tout faire pour soutenir l'économie.
Situation suffisamment grave
Mais il y a trois raisons d'être inquiet. La première est symbolique. La première fois que les banques centrales ont agi ainsi pour soulager le refinancement en dollar c'était le 18 septembre 2008, soit trois jours après la faillite de Lehman Brothers. Mauvais signe…La deuxième raison est micro économique: si les banques centrales sont obligées d'intervenir aujourd'hui c'est, comme elles l'expliquent dans leur communiqué, pour «soulager les tensions dans les marchés financiers et de ce fait limiter les tensions qui pourraient en découler pour le crédit aux ménages et aux particuliers». Il faut comprendre que les banques n'arrivent plus à se refinancer entre elles et que la situation est suffisamment grave pour que les banques centrales s'inquiètent d'un credit crunch.
Enfin, la troisième raison est macro économique. Si en 2008 la BCE était venue voler au secours de la Fed pour aider les banques américaines qui risquaient la crise cardiaque après l'effondrement de Lehman Brothers, cette fois-ci c'est la Fed qui vole au secours des banques européennes.
D'ailleurs, si le communiqué publié en même temps par les six banques centrales est identique en tout point, la Fed rajoute pour sa part un dernier paragraphe : «les institutions financières américaines n'ont pas de difficulté à se refinancer sur les marchés». La Banque du Japon précise la même chose à propos des banques japonaises. Seule la Banque centrale européenne ne dit rien ce sujet. Une forme d'aveu.
Source : LeFigaro