
Ne l'ayant jamais vu du début à la fin, à chaque fois ayant été intéressé par ce que j'avais vu et convaincu que les premiers films des auteurs sont souvent très révélateurs de tout ce qu'il feront par la suite, j'avais acheté le dvd à un prix ridicule il y a longtemps dans une pharmacie.
Un DVD triple avec la version originale présentée en salle en 1977, un disque avec le montage du réalisateur rajoutant 15 minutes au film original et un disque qui offre des surprises aux fans.

Je l'ai écouté et étrangement je me suis surpris à en faire une analyse (probablement) complètement différente de la moyenne des ours. J'ai même cherché sur le net et n'ai pas trouvé écho à ma théorie. J'ai trouvé un mémoire qui stipulait que le film était une propagande fascite (oui, oui et ne pas afficher les prix incluant les taxes dans les commerces aussi...) mais rien sur ce qui m'a paru évident.
Selon moi, Close Encounters of the Third Kind, le troisième long-métrage de Steven Spielberg qui allait avoir une impressionnante carrière par la suite, est un hommage à ses premiers amours: le cinéma.


Et c'était quoi ce niveau personnel? Un couple en péril? peut-être, on ne le saura jamais complètement. Qui connait sinon un proche, la vie intime de Spielberg en 1976? Ce que l'on sait toutefois c'est que depuis son enfance il est profondémment attiré par le monde du cinéma et compte en faire partie. Richard Dreyfuss, comme bien d'autres dans le film, a des visions et devient obssédé par une image: la Devil's Tower, une montagne du Wyoming.

Ces extra-terrestres sont le cinéma. Dreyfuss/Spielberg est obssédé par le cinéma. Enfant c'est le cinéma qui l'a carrément fait lever de terre. Tout comme l'enfant kidnappé très tôt dans le film. Adulte, il a vécu avec des idées qui l'obsédaient pendant des mois avant qu'il ne les couche sur pellicule. Comme Dreyfuss est obsédé par la montage du Wyoming. Une fois cette montagne découverte, qu'est-ce qu'on y trouve? une large piste d'attrissage qui a tout les critères du plateau de tournage. Caméras, éclairages, micros, une voix qui dit "gentlemen take your positions", on a même une série d'hommes en complet (les producteurs) qui viennent voir le produit fini à la toute fin quand le vaisseau est déployé et que leurs occupants nous visitent. À l'origine Spielberg faisait terminer son film sur la chanson When you Wish Upon a Star tiré d'un film de Walt Disney. Le pont du refrain est encore audible dans la piste sonore de John Williams. Autant dans le monde du cinéma que dans le monde supposé des extra-terrestres il y a magie, rêve, curiosité, fascination.


Ils seront d'ailleurs 12, 10 hommes, 2 femmes à "passer de l'autre côté". Une représentation honnête du rapport hommes/femmes chez les réalisateurs/réalisatrices du cinéma des États-Unis en 1976.

L'enfant revient, car Spielberg ne négligera jamais plus l'enfant en lui pour le restant de sa carrière. Et ses obssessions se transformeront en or.
Il est possible que son film soit codé à ce point. Après tout Spielberg est de la génération des premiers étudiants du cinéma, de ceux qui avaient étudié les codes et qui pouvaient s'en amuser au dépens des spectateurs.
