Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, les frères ennemis du reggae ivoirien, ont fait la paix. Le président Ouattara leur a donné pour mission de montrer l’exemple.
L’un est le père du reggae ivoirien ; l’autre, celui qui lui a donné un nouveau souffle. Le premier a soutenu Laurent Gbagbo avant de s’en détourner pendant la crise postélectorale, tandis que le second s’est exilé au Mali voisin peu après sa prise de pouvoir. Mais ce sont surtout leurs divergences personnelles qui opposaient les deux icônes du reggae ivoirien, Alpha Blondy (58 ans, à g.) et Tiken Jah Fakoly (43 ans). « Des tentatives de réconciliation, on en a fait plusieurs, témoigne un ami commun. Chaque fois ça échouait, sans qu’on sache pourquoi. »
C’est Alassane Ouattara en personne qui a mis un terme aux dissensions entre le « Marley ivoirien » et l’« enfant de Gbéléban ». Les rencontrant l’un après l’autre en mai à Paris, le chef de l’État leur a demandé de travailler ensemble à la réconciliation des Ivoiriens. Comment dire non au président ? Ni une ni deux, les protagonistes de la guéguerre du reggae s’affichent tout sourire devant les photographes et sont désormais à tu et à toi.
Pour sceller leur nouvelle amitié, ils préparent même ensemble une caravane de la paix et de la réconciliation pour la fin de l’année. À défaut de se rencontrer – Alpha Blondy vit plus à Paris qu’à Abidjan, Tiken Jah Fakoly, à Bamako –, ils se parlent régulièrement pour faire le point sur l’organisation et tentent, chacun de leur côté, de rallier les artistes pro-Gbagbo exilés dans la sous-région et en Europe. D’abord dépités par la fin de la rivalité, les fans de chaque camp ont fini par s’en réjouir : ils pourront, pour la première fois, voir les deux idoles sur la même scène.