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Cocorico

Par Anne Onyme

CocoricoPan Bouyoucas
XYZ éditeur
142 pages

Résumé:

Pourquoi le coq chante-t-il chaque matin? Cette question toute simple obsède Léo Basilius, un écrivain canadien venu chercher l’inspiration dans l’île grecque de Nysa. À soixante ans, il veut délaisser le polar, qui l’a rendu célèbre, pour écrire le chef-d’œuvre qui lui conférera l’immortalité. Mais tous veulent le ramener au roman policier: des voisins, qui lui racontent leur vie en espérant qu’elle devienne le sujet de son prochain livre, sa femme, qui ne comprend pas pourquoi il s’entête à délaisser un genre dans lequel il excelle et surtout Vass Levonian, le sergent-détective vedette de ses romans qui le supplie de le sortir du coma où il l’a plongé à la fin du dernier polar et de lui faire résoudre un meurtre ou deux. Mais Leo Basilius fait fi de leurs discours. Le jour où une fillette lui pose une question sur la finalité du chant du coq, il croit avoir enfin trouvé l’élément déclencheur de son futur chef d’oeuvre.

Mon commentaire:

Lorsque mes yeux se sont posés sur la quatrième de couverture, je n'ai lu que ces quelques mots "Pourquoi le coq chante-t-il chaque matin? Cette question toute simple obsède Léo Basilius" avant d'arrêter de lire plus loin et d'ouvrir le livre. Pourquoi le chant du coq? Dès lors, cette question me tourmentait autant qu'elle semblait tourmenter le personnage du roman.

Léo Basilius est un écrivain de best-sellers policiers. Il a commencé par publier de la poésie et des histoires sur l'île de Nysa avant de créer le personnage de Vass Levonian. Personnage qui l'a rendu célèbre. Sauf qu'un beau jour, il fait tomber son personnage-phare dans un coma traumatique, décide de ne plus accorder d'entrevues et choisi d'abandonner le polar au profit d'une oeuvre plus belle, plus forte, plus spectaculaire. Une oeuvre qui clôturera sa carrière en beauté.

Les trois premières pages donnent tout de suite le ton au roman et titille l'envie de lire la suite. Des phrases courtes, simples, un style qui nous fait avancer vite, en peu de mots. Ça me plaît beaucoup. Les chapitres très courts s'enchaînent vite, entre l'installation à Nysa, les soirées mondaines auxquelles Léo est prié de participer à la demande de sa femme, qui s'ennuie royalement, les rencontres, les visites...

Léo part dans l'île pour s'éloigner du monde des polars, mais il ne fait que traîner avec lui ses romans passés, comme un boulet qui ne le lâcherait plus. Même son personnage vient le hanter, au propre comme au figuré. Il le poursuit et ne se gêne pas pour lui dire ses quatre vérités. Comme auteur, selon son personnage, il est sans pité. Léo quant à lui, n'est pas vraiment un homme sympathique. Il est solitaire, plutôt reclus, assez égoïste. Il est centré sur lui-même, sur son travail. Et pourtant, il nous apparaît comme fascinant et sa quête, ses questionnements et son travail m'intéressaient de plus en plus au fil du roman.

Ce roman, par son traitement, est parfois si absurde qu'il fait sourire. Cependant, il présente une excellente réflexion sur le travail de création, sur le moule que peut comporter un genre précis pour un écrivain qui s'y attache depuis des années. C'est aussi une réflexion sur le travail, qui prend toute la place, au détriment de la vie de couple, de la vie de famille et du partage. On peut transposer ce modèle à n'importe quel boulot ou passe-temps qui devient plus prenant que tout le reste. Quand Léo a une idée en tête, il s'enferme dans une bulle et n'en sort plus. Son obsession pour l'écriture comme pour le chant du coq, quand il s'y attarde, est en train de l'isoler complètement des autres. La fin du roman donne matière à réflexion longtemps après l'avoir refermé.

Je souhaitais lire Pan Bouyoucas depuis longtemps. Ce fut une rencontre heureuse, de beaux moments de lecture. J'ai aimé sa plume, sa capacité à raconter une histoire étrange, étonnante et à nous embarquer totalement dans son monde. On ne trouve même pas bizarre que Léo discute (parfois âprement) avec son personnage...

Un roman que j'ai adoré. J'en suis ravie puisque c'est ma première lecture d'une oeuvre de Pan Bouyoucas et donc, une excellente découverte. C'est un auteur que je relirai assurément.

Quelques extraits:

"Le déclic qui s'était produit dans sa tête ressemblait à ceux qu'il avait ressentis maintes fois lorsqu'un mot entendu ou lu par hasard le sortait subitement de l'impasse dans laquelle son écriture l'avait acculé." p.69

"On ne regrette rien autant que les risques qu'on n'a pas pris." p.121


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