Jean Philippe Blondel, professeur d'Anglais et aussi auteur...
Pour moi, il était un nom et des couv' vus sur la blogosphère. Et puis, au printemps dernier, il y a eu La Grande Librairie.
Jean Philippe Blondel y présentait G229, son dernier livre d'alors.... Lire ce livre est devenu pour moi une urgence, tant l'auteur présentait bien son livre et dégageait un énorme capital sympathie (assez primordial pour moi, je ne peux lire les gens qui me sont antipathiques, heureusement peu nombreux). Chance pour moi, le lendemain, G229 dispo à bib et dévoré le lendemain ! Résultat : un énorme coup de coeur.
Aussi, quand fin août Jean Philippe Blondel a publié un autre roman : Et rester vivant, il était évident que ce livre ferait partie de mes lectures de la rentrée littéraire. Encore un livre lu en quelques heures, un livre intime qui a eu une forte résonnance en moi.
3ème cerise sur la gâteau de mon année Blondel, Jean Philippe Blondel a accepté immédiatement de répondre à mon interview lors que je lui ai demandé ! La voici :
Et si Morro Bay s’était situé en mer du Nord, vers les côtes Belges par exemple, auriez vous entrepris le même voyage ? Etes vous retourné à Morro Bay ? Refaire le même périple avec une autre vie, 20 ans après, c’est envisageable ou peu souhaitable ?
JPB : En fait, la question ne se pose pas : il se trouve que j’écoutais en boucle la chanson « Rich » de Lloyd Cole, où il parle de Morro Bay. Je me suis accroché à ce détail. Cela aurait pu être un autre détail, une autre destination. Je ne suis jamais retourné à Morro Bay – si l’occasion se présente, oui, j’y retournerai, mais ce n’est pas demain la veille !
Quelle est pour vous l’image où l’instant le plus fort de “Et rester vivant”, une fois les billets d’avion dans la poche ?
JPB : Tout le monde doit penser que c’est la rencontre avec Rose. En fait, non. C’est l’irruption du colibri, au moment où l’on se sent le plus mal. Le colibri devient le symbole de tout ce qu’il y a de beau dans la vie. Tout ce qui donne envie de continuer malgré tout.
J’ai lu deux livres de vous, dont l’un porte sur une époque douloureuse. Et pourtant, je vous trouve très drôle dans vos livres, un bel humour. L’êtes vous autant dans la vie ?
JPB : J’espère. Je suis quelqu’un d’assez communicatif, au rire sonore – je pense que le rire est le meilleur allié de l’homme. Deux personnes qui rient ensemble ont, d’un coup, une vraie communication et une vraie proximité.
La rentrée littéraire touche à sa fin, la plupart des grands prix ont été décernés... Quel regard portez vous sur cette période frénétique ? Guettez vous les sorties, les résultats de ventes des uns et des autres ? Pensez vous que cette rentré soit un phénomène incontournable pour que le livre reste un centre d’intérêt médiatisé, donc d’actualité ?
JPB : J’aime la rentrée littéraire en tant que lecteur, parce que je suis boulimique de roman. Beaucoup moins en tant qu’auteur, parce que c’est stressant, d’autant que, dans mon cas, cela se double de la rentrée scolaire. Du coup, c’est très fatigant, parce qu’il faut allier les déplacements, la promotion et la mise en route de l’année. Je guette donc les sorties, mais les ventes des autres, pas tellement – je ne suis pas dans la compétition, je suis un peu à l’écart.
De tous vos romans, quel est celui pour lequel vous éprouvez une affection particulière ?
JPB :Tous. Ils correspondent à des périodes différentes de ma vie.
Quels regards vos élèves portent-ils sur vous ? Voient ils en vous l’auteur ou juste le prof ? Lisent ils vos livres ? Est-ce que cela donnent lieu à des échanges et des discussions entre vous ? Le fait d’avoir un prof d’Anglais écrivain les incitent ils à lire plus que la moyenne par exemple ?
JPB : Ils me voient avant tout comme un prof, même si certains lisent mes livres. Nous en parlons peu, parce que je suis prof d’anglais et que nous avons nos cours à faire. Les échanges se font à l’extérieur de l’établissement. Pour les inciter à lire, il faut leur donner des extraits de romans qui les intriguent, qui les titillent. Ensuite, ils sont preneurs. Je ne fais pas de pub pour mes romans à l’intérieur du lycée, je me sentirais assez mal de le faire…
Vous écrivez autant pour adulte que pour la jeunesse. Est-ce à plaisir égal ? La méthode et l’exercice sont ils les mêmes ?
JPB : En fait, il y a une vraie cohérence, je crois, entre mes écrits adultes et ados – ils marchent par paire et envisagent la même thématique de deux points de vue différents. Le plaisir est équivalent – sinon il n’en vaut pas la chandelle.
Dans G229, vous vous demandez comment vit celui que vous auriez pu être.... Est-ce un éventuel sujet pour un prochain roman ?
JPB : C’est le sujet de tous les romans du monde. Etre écrivain, c’est d’abord s’inventer des vies différentes.
En janvier 2011, paraissait “G229”, en mars “(re)play !”, en août “Et rester vivant” et en septembre “Brise glace” roman jeunesse. Etes vous une vraie “machine à écrire”, où trouvez vous autant d’inspiration et de temps pour être aussi prolifique ? Séchez vous les cours ?!!!! Avez vous “des petites habitudes” quand vous prenez la plume ?
JPB : La sortie des 4 romans dans la même année est davantage un choix d’éditeur que d’auteur. J’écris une heure par jour, tous les jours, en écoutant en boucle le morceau que j’ai sélectionné pour coller à l’univers du roman. Je peux écrire partout, du moment que j’ai mon MP3 et mon ordinateur. Le type de roman que j’écris ne demande pas de recherches – l’inspiration, je la trouve autour de moi. J’écoute beaucoup ce que les autres disent.
Pour un romancier, le rêve est souvent de vivre un jour de sa plume... Si cette occasion de présentait à vous, seriez vous prêt à quitter l’enseignement ou est-ce que votre métier vous nourrit (spirituellement parlant, bien sûr), autant que l’écriture. Comment vit on l’écriture quand on est Jean Philippe Blondel : comme un 2ème métier, comme un hobby qui a la chance de bien fonctionner, comme une passion ? La littérature comme 2ème métier n’est elle pas plus confortable (car moins soumise à la pression), lorsqu’elle reste un revenu de complément ?
JPB : Je ne quitterai jamais l’enseignement. D’abord, parce que c’est une passion. Ensuite parce que je ne veux pas être obligé d’écrire pour vivre - il n’y a aucun rapport chez moi entre rendement et littérature, ce n’est tout simplement pas possible. Les deux sont des passions qui se répondent. Les deux me sont vitaux.
Quel lecteur êtes vous ? Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?
JPB :Je lis environ 80 romans par an – exclusivement des romans. Dans les derniers coups de cœur : Le Turquetto de Metin Arditi, Le Premier Eté d’Anne Percin et Limonov, de Carrère. J’ai aussi beaucoup aimé Nagasaki d’Eric Faye et Ce que j’appelle l’oubli de Mauvignier.