“Lorsque la dernière guerre a débuté, j’étais loin à mon domicile à Paris. Je n’avais qu’une seule idée : rentrer à Beyrouth le plus rapidement possible et commencer à filmer, il s’agissait de moments historiques. Ce film était devenu pour moi le film indispensable : filmer pour que l’histoire cesse de se répéter en boucle et constituer une banque d’images pour les générations futures. Je n’ai jamais compris pourquoi il y avait si peu de films tournés pendant la guerre au Liban. Hormis quelques rares films, il ne nous reste rien de cette époque. La guerre avait pourtant droit à plus d’attentions.” 1
Samedi 15 octobre 2011 était diffusé au Cinéma des Cinéastes à Paris, dans le cadre d’un cycle de projection sur le thème « topographies de la guerre », le court-métrage du réalisateur libanais Waël Nourreddine, July Trip. Partant de la citation du géographe Yves Lacoste « La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre », le programme s’articule autour des implications sociales et spatiales d’une situation de guerre. En reprenant Corneille, on pourrait dire que ce sont « les yeux égarés, et le regard farouche » que le réalisateur raconte l’épisode de la guerre du Liban de 2006 telle qu’il l’a vécue et filmée. Une occasion pour lui poser quelques questions sur l’histoire de ce court-métrage.
“Lorsque la dernière guerre a débuté, j’étais loin à mon domicile à Paris. Je n’avais qu’une seule idée : rentrer à Beyrouth le plus rapidement possible et commencer à filmer, il s’agissait de moments historiques. Ce film était devenu pour moi le film indispensable : filmer pour que l’histoire cesse de se répéter en boucle et constituer une banque d’images pour les générations futures. Je n’ai jamais compris pourquoi il y avait si peu de films tournés pendant la guerre au Liban. Hormis quelques rares films, il ne nous reste rien de cette époque. La guerre avait pourtant droit à plus d’attentions.” 1
L’angoisse est palpable et se nourrit d’une mélodie monotone et d’une prose désabusée : Soleil trahi du chanteur et cinéaste F.J. Ossang (extrait de la bande originale du Trésor des îles chiennes). Les scènes de drogues viennent accentuer la confusion du scénario infernal. Les prises de vue, souvent étouffantes et laissant peu de place à l’horizon céleste ou terrestre, suscitent le malaise du spectateur. L’objet du film n’est pas de procurer du plaisir au spectateur et il n’a pas non plus une visée instructive. Il s’agit avant tout, pour Waël Nourreddine, de faire part d’une vérité et d’une réalité : « C’est la vrai histoire, c’est mon histoire ». La diffusion du court-métrage dans d’autres régions lui a aussi donné l’occasion de partager cette réalité de la guerre avec des spectateurs, dont notamment des Serbes qui ont pu retrouver leur expérience de la guerre dans July Trip.