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Critiques en vrac 57: Mutants – Hansel et Gretel – Grotesque – N’oublie jamais

Par Geouf

Mutants

Critiques en vrac 57: Mutants – Hansel et Gretel – Grotesque – N’oublie jamaisRésumé: Dans un futur proche, le monde a été dévasté par un virus transformant les humains en mutants cannibales. Sonia (Hélène de Fougerolles) et son mari Marco (Francis Renaud) sillonnent la France à la recherche de la légendaire base du projet Noé, dernier bastion de l’humanité. Mais bientôt, Marco se retrouve contaminé par le virus, et le besoin de trouver ce lieu préservé se fait d’autant plus pressant…

Nouvelle tentative de cinéma horrifique à la française, Mutants est le premier film de David Morlet et de son coscénariste Louis-Paul Desanges. Et comme les financiers hexagonaux sont toujours plus que frileux pour investir dans ce genre de films (on peut les comprendre, vu le succès artistique et public des précédentes tentatives…), Mutants est un film à très petit budget. La bonne nouvelle, c’est que David Morlet s’en sort plutôt bien pour compenser le manque évident d’argent du film. Les maquillages sont corrects, et même si le décor principal rappelle à de nombreuses reprises les mauvais DTV tournés en Europe de l’Est, le réalisateur réussit à en tirer le meilleur. La première partie du film est même plutôt réussie, lorsque Morlet se concentre sur son couple vedette et la lente transformation de Marco (on passera sur le troisième protagoniste présent en début de film, une militaire obtuse interprétée de façon hystérique par une actrice totalement à côté de la plaque). Malgré le jeu un peu limite de Francis Renaud, Hélène de Fougerolles parvient à rendre leur relation crédible voire parfois emouvante.

Seulement, Mutants ne tarde pas à s’effondrer dès lors que Morlet et Desanges introduisent de nouveaux personnages dans l’histoire. Des personnages caricaturaux à un point pas possible, de la blonde hystérique qui veut tuer tout le monde et suce son mec au détour d’un couloir pour le ranger à sa cause, au type mutique mais sympa au final, en passant par le salaud de service prêt à tout pour s’en sortir, même les idées les plus débiles. Le film sombre à partir de ce moment dans le grand n’importe quoi ridicule, les personnages agissent en dépit du bon sens (Helene de Fougerolles qui met 20 plombes à tirer sur un mutant qui attaque un des autres personnages, puis décide de se barrer sans explication), Morlet renie les éléments mis en place précédemment (alors que l’un des premiers stades de la contamination fait perdre leurs cheveux aux victimes, une des mutantes arbore une magnifique crinière blonde), et le film se termine sur une scène qui aurait dû être émouvante mais est juste ridicule (la mise à mort de Marco, grand moment de n’importe quoi).

Bref, si Mutants démarrait plutôt bien malgré son petit budget, il finit par lamentablement se vautrer dans sa seconde moitié et s’achève en eau de boudin.

Note : 4/10

France, 2009
Réalisation : David Morlet
Scénario : David Morlet, Louis-Paul Desanges
Avec : Hélène de Fougerolles, Francis Renaud

Hansel et Gretel (Hanjel gwa Geuretel)

Critiques en vrac 57: Mutants – Hansel et Gretel – Grotesque – N’oublie jamais
Résumé : Alors qu’il est en train de se rendre au chevet de sa mère malade, Eun-Soo a un accident de voiture. Lorsqu’il reprend conscience, il se retrouve nez à nez avec une jeune fille qui le conduit dans sa maison pour qu’il puisse se reposer. Elle vit avec son grand frère et sa petite sœur, ainsi que leurs parents, dans une grande maison perdue dans la forêt et semblant tout droit sortie d’un conte de fée. Mais Eun-Soo ne tarde pas à s’apercevoir que sous le vernis joyeux de cette famille se cache un bien sombre secret, et qu’il lui est impossible de ressortir de la forêt…

Le cinéma coréen moderne est surtout connu en occident pour ses polars violents et sans concessions. Mais comme vient le montrer cet étrange Hansel et Gretel, le pays du matin calme est aussi capable de produire des bandes dans des genres différents. Précédemment réalisateur d’un Antarctic Journal assez mou du genou, Pil-Sung Yim persiste ici dans le registre fantastique pour conter les mésaventures d’un jeune homme coincé dans une maison de conte de fée totalement régie par les trois gosses l’habitant. Un pitch qui n’est pas sans rappeler celui d’un des sketches du film La Quatrieme Dimension (It’s a good Life, réalisé par Joe Dante), mais qui s’en éloigne finalement assez vite. Car là où Joe Dante proposait un joyeux jeu de massacre déjanté, Hansel et Gretel se révèle rapidement beaucoup plus sombre et amer.

Pil-Sung Yim utilise ici avec intelligence de nombreux motifs de contes de fée pour créer un monde à la fois joyeux et coloré mais aussi extrêmement inquiétant sitôt que l’on gratte la surface. Un monde dans lequel les enfants ont tous les pouvoirs et en abusent forcément, forçant les adultes de passage à jouer les parents de substitution, et les éliminant impitoyablement sitôt qu’ils en sont lassés ou que ceux-ci les déçoivent. Sans tomber dans les démonstrations graphiques et autres débordements gores, le réalisateur arrive à créer et entretenir pendant une bonne partie du film une ambiance pesante, dans laquelle il tire le meilleur parti de son magnifique décor devenant bien vite un monde de cauchemar hanté par des peluches de lapins, des bruits dans le grenier, des ragouts de viande inconnue et une forêt de laquelle il est impossible de sortir… On regrettera seulement le jeu parfois un peu caricatural de certains personnages (le pseudo diacre et sa petite amie croqueuse de diamants sont assez insupportables).

Plus surprenant encore, le réalisateur effectue un virage à 180 degrés dans le dernier acte du film, au cours d’un flashback à la fois terrifiant et profondément émouvant venant donner un éclairage nouveau aux événements décrits. Et les trois enfants présentés jusqu’ici comme des créatures démoniaques dangereuses deviennent finalement des êtres tragiques au passé douloureux. Le film se transforme donc en une jolie parabole sur le pouvoir d’évasion grâce à l’imagination, doublée d’une réflexion sur la nécessite du passage à l’âge adulte et le rôle essentiel des parents dans celui-ci.

Injustement distribué directement en DVD en France, Hansel et Gretel est un très joli conte initiatique, réalisé avec un très grand soin et qui au final surpasse allégrement d’autres tentatives similaires, telles The Fall ou Tideland.

Note : 8/10

Corée, 2007
Réalisation : Pil-Sung Yim
Scénario: Pil-Sung Yim, Min-sook Kim
Avec: Jeong-myeong Cheon, Young-nam Jang, Ji-hee Jin, Kyeong-ik Kim, Hee-soon Park

Grotesque (Gorotesuku)

Critiques en vrac 57: Mutants – Hansel et Gretel – Grotesque – N’oublie jamais
Résumé : Un jeune couple est capturé par un mystérieux chirurgien qui va les soumettre à des tortures extrêmes pour satisfaire ses désirs sadiques.

Présenté comme la réponse japonaise à la vague de torture porn américaine, Grotesque est en effet un film des plus extrêmes. Sur un scénario des plus minces (un couple est enlevé par un sadique qui les torture de la façon la plus horrible possible), le réalisateur Kôji Shiraishi accumule les scènes de sévices grinçantes (énucléation, plantage de clous dans les testicules, tétons coupés aux ciseaux, doigts coupés à la tronçonneuse, etc) et d’humiliation (la séance de masturbation) avec une régularité de métronome. Mais contrairement à ses collègues américains, Shiraishi ne tombe la plupart du temps pas dans les scènes gores filmées en gros plans, ce qui rend celles-ci d’autant plus dérangeantes. D’où évidemment une levée de boucliers contre un film cherchant a priori le sensationnalisme en accumulant les scènes ignobles (il a d’ailleurs été banni au Royaume Uni). Mais seulement, il y a un hic.

Ce hic, c’est que Grotesque est bien trop basique pour être honnête. Shiraishi semble en effet prendre un malin plaisir à repousser les limites de la bienséance, à tel point que certaines scènes en deviennent quasiment surréaliste (le collier de doigts). Et bien vite, la vérité finit par éclater : Grotesque, comme son titre l’indique pourtant de façon limpide, n’est qu’une énorme farce destinée à se foutre de la gueule et des fans de torture porn et des vierges effarouchées choquées par ce déballage d’ultra violence. Et en effet, difficile de garder son sérieux devant un film dans lequel le trauma du tueur est qu’il est rejeté par la société parce qu’il a une odeur corporelle insupportable, où les héros sont soignés par leur tortionnaire et commencent à bien l’aimer tout en se faisant des déclarations d’amour niaiseuses (« nous sommes tous les deux mutilés, alors nous resterons ensemble quand tout ceci sera fini »). Et si toutes ces scènes, combinées à la musique totalement décalées par rapport aux images, ne suffisent pas, impossible de ne pas ouvrir les yeux devant un final hilarant et décalé dans lequel la tête coupée de l’héroïne tente de mordre la trachée de son assassin !

Mais il faut croire que peu de gens savent lire entre les lignes, vues les attaques assassines que se prend le film un peu partout sur le net. Dommage, car Grotesque a de sérieux atouts pour qui acceptera de se laisser prendre au jeu…

Note : 7/10

Japon, 2009
Réalisation : Kôji Shiraishi
Scénario : Kôji Shiraishi
Avec: Tsugumi Nagasawa, Hiroaki Kawatsure, Shigeo Osako

N’oublie jamais (The Notebook)

Critiques en vrac 57: Mutants – Hansel et Gretel – Grotesque – N’oublie jamais
Résumé: Un vieil homme lit à une femme dans une maison de retraite un livre racontant l’histoire de deux jeunes gens tombés éperdument amoureux l’un de l’autre en 1940. Malheureusement, ils viennent de deux milieux différents, et leurs familles ainsi que la guerre viennent bientôt les séparer…

 

Troisième film en tant que réalisateur de Nick Cassavetes, N’oublie jamais est le film qui a définitivement lancé les carrières cinématographiques de Ryan Gosling et Rachel McAdams en faisant fondre les cœurs des femmes du monde entier. Car N’oublie jamais est un drame romantique tout ce qu’il y a de plus classique, avec tous les clichés du genre : les deux tourtereaux venant de milieux sociaux différents, la famille aisée de la jeune fille qui refuse qu’elle reste avec un roturier, la guerre qui vient les séparer, le triangle amoureux lorsque l’héroïne se fiance avec un autre, etc. Rien n’est épargné au spectateur pour lui tirer des larmes. Sauf qu’ici, tous les obstacles mis en travers des amants sont étrangement peu menaçants : les parents ronchonnent un peu mais acceptent finalement bien vite leur union, le héros part à la guerre mais en revient sans aucune séquelle (ni physique ni psychologique), le fiancé envahissant est un bon gars qui laisse sa promise partir sans tenter de la retenir… Bref, rien ne dépasse, tout est bien lisse pour ratisser le plus largement possible sans choquer qui que ce soit. Seule la partie contemporaine, au cours de laquelle le héros tente de raviver les souvenirs de sa bien aimée atteinte d’Alzheimer apporte une légère originalité à un film bien trop consensuel pour passionner.

Cependant, N’oublie jamais a quelques atouts dans sa manche, à commencer par une excellente direction d’acteurs, marque de fabrique de Cassavetes (il a notamment révélé Justin Timberlake en tant qu’acteur dans le génial Alpha Dog). Le couple vedette Ryan Gosling  -- Rachel McAdams présente une excellente alchimie, entre la jeune fille pétillante et pleine de vie et le jeune homme calme mais follement amoureux. On retrouve aussi à leurs côtés l’excellent James Marsden en amoureux éconduit, ainsi que Joan Allen et Sam Shepard en parents plus ou moins bienveillants. De plus, Cassavetes a hérité du sens esthétique de son père, et N’oublie jamais est souvent magnifique visuellement, proposant lors des flashbacks un univers parfait et fantasmé hors du temps collant avec les souvenirs émus du couple de héros. Mais surtout, le vrai tour de force du réalisateur est d’arriver à presque rendre émouvante une histoire dans laquelle au final il ne se passe pas grand-chose, comme expliqué précédemment.

Dommage que l’illusion ne dure que le temps de la projection, car avec une intrigue un peu moins lisse, N’oublie jamais aurait pu être un grand mélodrame.

Note : 6/10

USA, 2004
Réalisation : Nick Cassavetes
Scénario: Jeremy Leven, Jan Sardi
Avec : Rachel McAdams, Ryan Gosling, Gena Rowlands, James Garner, Joan Allen, James Marsden, Sma Shepard

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