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Hegel, «Autonomie et non-autonomie de la conscience de soi. Domination et servitude».

Par Ameliepinset

Hegel, «Autonomie et non-autonomie de la conscience de soi. Domination et servitude».

Bref texte écrit en guise de fiche de révision.

La Phénoménologie de l’Esprit, œuvre majeure de Hegel publiée en 1807, se présente comme la science des phénomènes de la conscience. Hegel parle de phénomènes de la conscience car la conscience apparaît essentiellement en mouvement. La conscience suit un mouvement de formation, à savoir un enchaînement de moments constitutifs, partant de la conscience naturelle pour accéder jusqu’au savoir absolu. Selon le célèbre commentateur Alexandre Kojève, la Phénoménologie de l’Esprit est une «anthropologie philosophique». Ce que Hegel réalise par son œuvre, c’est en fait la description du processus par lequel un individu devient humain.

La «conscience de soi» est le second moment par lequel passe la conscience. Pour définir ce qu’est la conscience de soi, nous pouvons nous rapporter à la première phrase du passage «Autonomie et non-autonomie de la conscience de soi ; domination et servitude» (B, IV, A) : «la conscience de soi est en soi et pour soi en ce que, et par le fait qu’elle est en soi et pour soi pour un autre ; c’est-à-dire qu’elle n’est qu’en tant que quelque chose de reconnu». À travers cette phrase, nous comprenons que l’accès à la conscience de soi ne peut se faire seul, il s’opère nécessairement dans et par un rapport de médiation à autrui.

1/ La conscience de soi est d’abord «pour soi». La conscience de soi pour soi est subjective, c’est la «certitude de soi». Ce moment advient lorsque la conscience se réfléchit et se dédouble, c’est-à-dire lorsqu’elle se prend elle-même pour objet. Nous avons là son identité immédiate, c’est-à-dire son identité sans médiation telle que «moi = moi». Cette identité immédiate est purement tautologique puisque le sujet et le prédicat de cette proposition sont identiques.

2/ Pour sortir de cette identité tautologique, la médiation d’autrui est nécessaire. La médiation d’autrui est nécessaire pour passer de la conscience de soi pour soi à la conscience de soi en soi. La conscience de soi en soi est objective, c’est la «vérité de soi». Ce passage de la certitude de soi à la vérité de soi recouvre le processus de reconnaissance. Le processus de reconnaissance est ce qui relie les deux extrêmes que sont un moi et un autrui, c’est-à-dire un moi et un non-moi. Autrui apparaît de prime abord comme le négatif de moi et donc comme une menace d’altération pour moi. Pour préserver sa singularité, le moi va chercher à nier autrui, tel que «moi = ¬(¬moi)».

3/ Ce qui se passe pour le moi envers autrui se passe réciproquement pour autrui envers moi. S’engage alors une «lutte à mort». La mort violente dans le combat, différente de la mort naturelle, est propre à l’homme. La mort violente dans le combat est la négation de la vie, de l’existence naturelle, de l’existence immédiate, de l’existence déterminée. Pour prouver à l’autre que le moi est une conscience de soi et non une chose, il faut qu’il s’expose au risque de la mort. La mort contient néanmoins un paradoxe : le processus de la reconnaissance nécessite le passage par la lutte à mort mais la mort de l’un des deux individus abolit toute possibilité de reconnaissance. Il faut distinguer deux types de négation : la négation abstraite et la négation dialectique, c’est-à-dire la négation qui supprime et la négation qui conserve quelque chose de ce qu’elle supprime.

4/ Dans cette lutte à mort, seul un des deux individus va s’exposer au risque de la mort, l’autre va rester attaché à la vie. De cette lutte à mort, ressortent donc un vainqueur et un vaincu. Il y a une non-parité entre les deux individus. Les deux individus vont prendre respectivement la figure du maître et du valet. Le maître est celui qui a mis en jeu sa vie et a donc dépassé le stade de la certitude de soi puisque le valet le reconnaît comme conscience de soi. Le valet est celui qui a eu peur de la mort et est resté rivé à sa vie. Le valet a supplié le maître de le laisser en vie. Ainsi le maître n’a pas supprimé mais simplement soumis le valet. Le maître et le valet sont deux consciences inégales : une conscience autonome et une conscience non-autonome.

5/ Bien que le maître ait accepté de nier sa naturalité immédiate dans la lutte à mort, il désire les fruits de la nature. Désormais, son rapport à la nature est médiatisé par le valet. En raison de l’angoisse de la mort, le valet est celui qui se met au service du maître et donc travaille la nature pour que le maître puisse en jouir. Ainsi nous nous rendons compte que pour assouvir son désir de jouissance des fruits de la nature, le maître est dépendant de l’esclave. De surcroît, le maître désire être reconnu or ce désir est ici insatisfait car la pure reconnaissance ne peut s’accomplir que dans la réciprocité et non dans l’unilatéralité. Or dans la situation présente, le maître est reconnu mais ne reconnaît pas le valet et le valet reconnaît le maître mais n’est pas reconnu. En somme, ce n’est pas le maître qui s’avère le vainqueur mais le valet. Le valet par son travail va se libérer de la nature car le travail consiste en la transformation de la nature, autrement dit à ce qui opère le passage de l’univers naturel au monde historique.


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