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Les Contes de Terremer de Goro Miyazaki

Par Jibouille

Arren est en fuite. Il vient de poignarder son père. En chemin, il croise un magicien du nom d’Epervier, qui le prend sous son aile et essaie de lui enseigner ce qu’il sait mais Arren est constamment sur la défensive car il a peur de quelque chose. Rien d’étonnant puisque le mal se répand sur le monde. Alors qu’ils arrivent dans une ville, Arren est témoin de l’agression de Tehru, une jeune fille farouche, accusée de sorcellerie, qu’il sauve. Ensemble, ils vont tenter de découvrir ce qui menace le monde et rétablir ainsi l’équilibre.

Les Contes de Terremer de Goro Miyazaki

Bizarrement, je n’avais pas encore parler de ce film, réalisé par le fils du grand Miyazaki. Arrive-t-il à la hauteur de son père?

C’est avec craintes que je me suis décidé à voir ce film. Je dis crainte car faire aussi bien que le grand Hayao Miyazaki relevait du miracle. Le miracle n’a pas eu mais il faut admettre que pour un premier film, le fils a fait mieux que son père.

Evidemment, on peut lui reprocher d’avoir repris quelques éléments de son père. La tenue d’Epervier ressemble à s’y méprendre à celle d’Ashitaka de Princesse Mononoké. Le chef de la garde est le portrait craché d’un des pirates du Chateau dans le Ciel. Il y a tout un tas de ces ressemblances, qui sont parfois vraiment énormes. Cependant, malgré ce point, l’histoire est attrayante et change de ce que nous avons pu déjà voir. En effet, Goro Miyazaki aborde son thème de façon plus adulte. Nous sommes loin des contes imagés que son père a pu créer et qui ont fait son succès. Déjà, la mort est un thème qui ne s’adresse pas aux enfants. Il n’y a rien d’enfantin dans sa vision des choses et pour être honnéte, je pense qu’un enfant s’embéterait devant un thème aussi complexe que celui-là. Terremer est noir, dur car le monde est plongé dans le chaos et tout va de mal en pis. Fini les contes merveilleux pleins de bestioles étranges, de chat-bus, de sylvains. Le fils a cherché à se démarquer de son père en créant une histoire plus adulte, loin de la féerie paternelle à laquelle nous sommes habitués. Mais j’aime assez car cela change et même si le schéma est globalement le même, la façon de traiter le sujet est différente (ce qui ne veut pas dire moins bonne).

Goro n’a pas surchargé son film de personnages inutiles, pour mieux travailler ceux qu’il a déjà. Le héros n’est plus un héros à la belle morale, courageux et chevaleresque. Arren est un meurtrier, à la limite de la folie, perdu dans un monde dont il ne comprend rien et qu’il ne veut pas comprendre. La vie n’a pour lui aucun sens et il s’est forgé une double personnalité: l’une représente son coté obscur et l’autre son envie de vivre qu’il refuse de laisser sortir. Ce héros est en opposition avec la belle Theru pour qui la vie est un précieux cadeau, qu’il ne faut en aucun cas refuser. Petit à petit, elle lui apprend à revivre, voir même à vivre tout simplement. Epervier est le sage par excellence. Il vit en harmonie parfaite avec tout ce qui l’entoure et respecte énorménent le fragile équilibre de la nature. Il est l’élément stable dans la vie d’Arren.

Le chara-design n’est pas extraordinaire, souvent maladroit. Il est proche de Nausicaa et le style n’est pas encore bien fixé. Parfois, le dessin est travaillé, beau, et parfois, il devient hésitant, moins esthétique. On reconnait néanmoins le style de la famille Miyazaki avec ce même soin du décor. Juste un point qui m’a choqué: la démesure des persos. Ils sont assez… enveloppés et pas très jolis à voir.

La musique manque cruellement de profondeur. De ce coté, c’est un vrai moins. Les thèmes s’oublient trop rapidement et on regrette les musiques envoutantes qui ont fait le succès du père. Pourtant, la chanson de Theru est très belle mais c’est insuffisant.

J’ai beaucoup comparé avec les oeuvres de son père mais c’était inévitable. Terremer est un film plaisant à voir, aux thèmes adultes et bien amenés. Le fils n’a pas encore le talent de son père mais ce film est un excellent début.


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