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[Critique] THE LADY de Luc Besson

Par Celine_diane
[Critique] THE LADY de Luc Besson
Après l’affreux Adèle Blanc-Sec, la série noire continue pour Besson. S’emparant d’un sujet fort (le combat de la révolutionnaire Aung San Suu Kyi contre la dictature birmane) qui offrait des possibles gigantesques (tant au niveau du point de vue que de la dimension humaine ET politique), le cinéaste piétine son propos : son film est ennuyeux, impersonnel, et complètement à côté de la plaque. Pire : son esthétisme de publicité massacre tous les enjeux de l’histoire. Son héroïne, auréolée du Prix Nobel de la Paix en 91 et symbole de la lutte pour la liberté et la démocratie, reste à l’état d’image glacée, icône de papier sacrifiée par un emballage outrancier et un choix de narration superficiel. Besson veut nous parler de l’amour indéfectible qui alliait cette femme forte avec son mari british (David Thewlis), il veut nous parler du dilemme d’une combattante, tiraillée entre l’amour pour sa famille et celui qu’elle porte à son peuple, du destin d’exception d’une dame d’exception, une Gandhi au féminin, passionnée, passionnante, engagée. Au final, il n’y a rien de tout cela à l’écran.
A la place: une succession de scènes et de faits inhabités, un catalogue propret et coloré à la place du grand film politique attendu. Ca fait mal. Du contexte socio-politique trouble, Besson n’en saisit jamais la complexité, les rouages. Il fige la Birmanie dans des dates, réduit le peuple à des figures de livres d’histoires, les personnages secondaires à de simples étiquettes (le mari patient – les gamins souriants – la mère malade – le père mort), et, passe les années comme on tourne des pages. 3 ans d’assignation à résidence sont énoncées en quelques secondes. Une grève de la faim est réglée en 5 minutes. La décision d’entamer le combat d’une vie, en moins d’une seule. Les impacts? Les raisons? Les racines? Besson zappe tout au profit d’un biopic lisse, hollywoodien, noyé sous les violons omniprésents, et follement irritants, d’Eric Serra. Même Michelle Yeoh traverse le film transparente, écrasée par le style Besson, pompier, systématique, faux. Cette fois c’est sûr : la belle époque est loin.
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