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La Ruda

Publié le 04 décembre 2011 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

Categories: Chroniques CDs

ROCK ALTERNATIF – Formé en 1993, La Ruda s’impose immédiatement à coup de concerts explosifs comme le représentant français d’un ska-rock engagé et énergique. Après huit albums, les voici de retour avec Odéon 10-14. Les angeviens aimeraient-ils surprendre ?

larudaodeo La Ruda
Que l’on soit clair dès le début de cette chronique : si je n’avais pas reçu ce disque, je ne l’aurais sans doute jamais écouté. Non pas que La Ruda soit un groupe réservé à une poignée de fans, bien au contraire. Cela fait bientôt vingt ans que le groupe existe ! Non, si l’album de La Ruda avait peu de chance d’atterrir dans mes oreilles, c’est surtout à cause du style revendiqué : le ska. Cette musique que tous les artistes moyens utilisent pour remplir le quota « groupes festifs » des festivals. Bref, sorti de No Doubt, le ska fait autant parti de mon univers que le film « Bienvenu chez les ch’tis »…

Evidemment, après une intro pareille, vous vous dites que j’ai détesté. Et bien non ! J’ai été agréablement surprise par ce CD dont je n’attendais pas grand-chose. Que penser de cet ODEON 10-14 ? Certes, on retrouve les sempiternels cuivres, typiques du ska mais ils sont loin d'être envahissants et, au contraire, se marient très bien avec le reste des instruments, guitare, batterie et basse enfiévrées. C'est particulièrement le cas sur l'ouverture à 100 à l'heure : "Cabaret Voltage" ne me laisse pas indifférente grâce à un rythme soutenu. Une mise en bouche sympathique pour un album qui va s'essouffler mais rester largement écoutable. La faute sans doute à une faculté quasi-surnaturelle d'écrire des mélodies qui marchent vraiment bien. En réalité, c'est plutôt chaque titre qu'il aurait fallu citer dans cette liste de mélodies incontournables, chacun avec sa propre personnalité : la triste et mélancolique "L'homme aux ailes d'or" et ses multiples jeux de mots sur le monde des traders et des businessmen, le titre éponyme étrangement froid et triste pour une histoire de rencontre retardée.

biglarudap La Ruda

 

En comparant les pochettes d’ODEON 10-14 et de GRAND SOIR, on peut se demander si La Ruda va jouer la carte de la continuité. Donc ? Continuité, évolution, retour aux sources ? Et bien un mélange de tout ca (là je ne résous pas le schmilblick). Les douze titres qui composent l’album proposent un mix de toutes les influences qui ont bercé les huit musiciens, mêlant l’acoustique aux riffs électriques ravageurs. Les cuivres envoient, la rythmique sait se faire entendre, et même si parfois les mélodies se font plus sages, ça joue, rien à redire. La Ruda fait du La Ruda, pas de mauvaise surprise !

Les textes dépeignent des thèmes universels : politique, amour (Johnny John Wayne), nostalgie du temps qui passe (Encore une fois, Un été en Angleterre)… Ils peuvent aussi se faire doucereusement acides (L’Homme aux ailes d’or, Le prix de la corde).
Le groupe sait ainsi aussi bien manier la nostalgie, réelle sur un 1982 qui égraine les madeleines de Proust, ou fantasmée sur "Souviens-toi 2012" où l'amour nait sous le printemps naissant d'une France libérée des cinq ans du « Monsieur ». D'ailleurs La Ruda sait évidemment marier leur musique plutôt festive avec des thèmes durs : "Baisers Français" et son refrain en french kiss usent d'une musique joyeuse pour parler non pas de l'amour à la française mais de prostitution. Les cuivres excités et la batterie sautillante de Le prix de la corde cachent la sombre réalité de l'extinction progressive de tous les droits : droit au travail, droit aux indemnités chômage, droit au logement, et finalement droit à la vie.

larudapres La Ruda

Certes, ODEON 10-14 n'est pas exempt de moments un peu plus douteux : Encore une fois dont le rythme lent n'accompagne pas aussi bien qu'il faudrait un texte intéressant, "Titi « Rose au cœur »" où cette fois c'est le thème du titre qui pêche par sa faiblesse. Mais les morceaux défilent, dans une atmosphère où prédomine la bonne humeur, histoire de nous rappeler que La Ruda n’a pas fini de nous faire bouger ! Après tout, on n’en demande parfois pas beaucoup plus.


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