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O comme... O'Brien Edna

Par Reginezambaldi
O comme... O'Brien EdnaSa mère lui répétait qu'elle n'était pas belle... Pourtant!
Superbe rousse, parfois brune, Edna O'Brien, 80 ans, se tient toujours bien droite dans son bureau salon, aux murs rouges et aux nombreux portraits de Beckett et Joyce, qui ont marqué sa carrière. Elle avoue égarer souvent des objets au milieu des ses châles et aimer vivre dans ce joyeux pèle-mêle de livres, d'objets-souvenirs.
Depuis le jour, il y a déjà longtemps, lorsque je vivais à Hampstead, où j'ai acheté mon premier livre de cette grande dame de la littérature irlandaise dans une petite librairie - disparue -, je ne l'ai plus quittée et j'ai tout lu! Les tranches oranges de ses romans, chez Penguin, une de mes maisons d'édition préférées, s’alignent sur les étagères... Il faudra que j'y ajoute son dernier recueil de nouvelles, Saints and Sinners (Saints et pécheurs).
J'avais commencé par sa trilogie, dont le premier tome, Country Girls, racontait si bien les émois et la belle innocence de Kate et Baba, ces deux jeunes Irlandaises aux yeux verts au début des années 60. Le poids du catholicisme, des interdits qu'elle affronte à l'internat religieux n'empêchera pas Kate de tomber amoureuse du mystérieux M. Gentleman, marié et terriblement séduisant, lorsque, loin des champs de tourbe, il l'emmène déjeuner dans un restaurant de Limerick ou lui murmure des phrases qu'elle n'aurait même pas pu imaginer en rêve...
S'ensuivirent un beau succès en Angleterre et aux Etats-Unis et une interdiction en Irlande!
L'écriture d'Edna O'Brien  oscille toujours entre retenue et fougue, entre émotion et froideur... on y passe très vite, comme dans un ciel de sa région de Clare, d'une pluie drue à un arc en ciel vibrant de couleurs. Les phrases sont assez courtes, les descriptions pas trop longues mais "efficaces", les sentiments distillés avec une précision de scalpel.
On l'a souvent décrite comme la spécialiste des sentiments féminins voire féministes, des rapports amoureux complexes, de l'amour-haine entre mères et filles, entre les sexes aussi.
C'est également le portrait d'une certaine émancipation de la femme, qui préfère parfois la solitude aux malentendus de la vie commune, comme son héroïne d'August is a wicked month ou d'une femme, cougar avant l'heure, qui va jusqu'à tuer -  Johnny I hardly knew you.
Il y a longtemps qu'elle a quitté son pays, mais l'Irlande ne semble pas la laisser: elle y revient toujours, au détour d'une phrase, d'un souvenir, d'une réflexion sur l'église, sur l'alcool, sur ses paysages si rustres ou si doux.
J'ai appris qu'elle habite depuis vingt ans une maison du côté de South Kensington - si seulement j'avais la chance de la croiser et la saluer la prochaine fois que j'y serai...

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