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Carnage de Roman Polanski

Par Celine_diane

[Critique] CARNAGE de Roman Polanski
[AVANT-PREMIERE]
Autant, l’an passé, Polanski nous avait subjugués avec son Ghost-Writer, hitchcockien et fascinant ; autant il nous déçoit ici, avec un Carnage bien loin des promesses-titres, adaptation fadasse de la pièce de théâtre de Yasmina Reza. Pourtant, d’emblée, l’alléchant quatuor d’acteurs (Jodie Foster et John C. Reilly d’un côté, Kate Winslet et Christoph Waltz de l’autre) laisse présager le meilleur de ce huis clos new-yorkais où deux couples de parents s’affrontent entre quatre murs pour défendre leurs fils respectifs suite à une bagarre de cour d’école. En outre, le pitch, amusant et décalé, lui, convoque des dialogues acérés et un symbolisme rebelle réjouissant (vomir sur les bouquins d’art, noyer le téléphone, balancer le sac à main). Carnage offre du bon : une autopsie de la société actuelle, en temps réel, qui pose avec mordant moult problématiques sur la table : mauvaise foi, démons consuméristes, enfer familial.
Rien à redire sur le fond donc : c’est piquant, cynique, tout aussi drôle que déprimant. Sauf que. Tout était dans la pièce de théâtrale initiale : la cellule familiale comme prison, l’hypocrisie bourgeoise, la lutte des classes, la rivalité féminine. Qu’apporte donc Polanski en plus ? Pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout. Certes, il dirige superbement bien ses acteurs (mention spéciale à Jodie Foster, géniale en hystérique coincée), et se joue du cadre à l’occasion (l’utilisation des miroirs pour induire l’idée du double). Mais, au-delà, de quelques plans bien sentis, le film n’apporte strictement rien sur un plan cinématographique. Il n’est rien d’autre finalement que l’illustration banale d’une bonne pièce de théâtre, qui, jusque dans son final bâclé, semble refuser de s’éloigner des planches originelles. Pour celui qui, jadis, maîtrisait l’art de faire jaillir du huis clos de folles expressions de cinéma (revoir, entre autres, l’anxiogène La jeune fille et la mort pour s’en convaincre), c’est forcément décevant.
[Critique] CARNAGE de Roman Polanski
Sortie: 7 décembre.


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