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Steve Hauschildt - Tragedy & Geometry (2011)

Publié le 08 décembre 2011 par Oreilles
Steve Hauschildt - Tragedy & Geometry (2011)Habituellement ultra-prolifiques, les Emeralds n’ont rien sorti cette année, du moins en trio, sûrement accaparés par le succès de leur grande œuvre de 2010, Does It Look Like I’m Here ?, et la tournée qui a suivi. Le showman et soliste du groupe, le rouquin Mark McGuire, a quand même trouvé le moyen de sortir deux albums, l’un seul (Get Lost) et l’autre avec le duo Trouble Books, ainsi qu’une double compile. Mais la surprise vient du plus discret des droneux de Cleveland, Steve Hauschildt, dont Tragedy & Geometry est le premier véritable effort solo, après une poignée de cassettes et de Cdr. En charge de la programmation des synthétiseurs, Hauschildt a sans doute énormément contribué à l’évolution des Emeralds vers un son plus électronique et hypnotisant, moins bruitiste que sur leurs livraisons passées. Ses arpèges euphoriques et ses accords flottants fournissaient un cadre parfait pour les divagations guitaristiques de son acolyte.
Il y avait une telle complémentarité entre les deux musiciens (et même les trois, n’oublions pas John Elliott) sur DILLIMH ? que je me suis naturellement demandé, en lançant la galette, si Hauschildt supporterait le poids de la solitude. Et la réponse est : oui et non. Oui parce que des titres comme "Overnight Venusian" et "Batteries May Drain" sont des petites perles psychédéliques ; le premier semblable à un océan ténébreux de nappes, le second, pour moi le meilleur du LP, dans une veine clairement krautrock à la Neu!, avec un beat mid-tempo presque dansant et un riff bien accrocheur. Et non, parce que Steve a beau se démener comme un diable sur ses claviers, ce qui fonctionne sur quelques morceaux tombe un peu à plat sur d’autres.
"Music for a Moire Pattern", la pièce centrale de l’album, présente par exemple une progression un peu trop molle du genou pour maintenir l’attention éveillée durant ses 11 minutes. Quant aux plages ambient courtes qui font office d’interlude ("Arche", "Cupid’s Dart"), elles ne présentent pas un grand intérêt. Tragedy & Geometry souffre surtout d’une trop grande uniformité de textures, et l’on se prend à imaginer à quel point certains titres pourraient être sublimés par la guitare de McGuire. "Already Replaced" apparaît ainsi comme une version squelettique, loin d’être désagréable mais incomplète, du grandiose "Candy Shoppe".
Si l’ensemble manque parfois de relief et de tension, c’est parce que Hauschildt a fait des choix esthétiques forts, en s’orientant vers des sons chauds et accueillants, et en structurant ses morceaux comme de vraies chansons pop. Tout en restant bien sûr très cosmique ("Blue Marlin", "Peroxide"…), Tragedy & Geometry ne vise pas le même type de transe que les Emeralds, reste plus en retenue, moins expansif, ce qui en fait, de loin, le disque le plus accessible de toute la galaxie Emeralds, et une formidable porte d’entrée vers l’œuvre foisonnante du groupe.
En bref : escapade solo plutôt réussie pour le plus discret des Emeralds. Moins viscéral et plus pop que les disques du trio, Tragedy & Geometry est accessible, planant, et contient quelques fulgurances, comme le fabuleux "Batteries May Drain", mais aussi quelques longueurs.
Steve Hauschildt - Tragedy & Geometry (2011)
Le site de Kranky
A lire aussi : Emeralds - Does It Look Like I'm Here ? et Mark McGuire - Living With Yourself (2010)

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