Magazine Culture

Réflexions blogueresques

Publié le 10 décembre 2011 par Noann

Après presque deux ans d’existence de ce site, je me pose quelques questions. Ça m’est venu tout à coup. J’ai enfilé des articles à un rythme de deux ou trois par semaine, et subitement, après un sommet… saturation. Le système marchait bien pourtant, on approchait des 1.000 visiteurs par jour. Mais là… Une panne de dynamisme. Ça doit être lié à une crise personnelle… Un demi-siècle, les premiers troubles visuels, des ridules, douleurs de dos, les premiers signe d’une fin programmée… Et voilà que je ne vois plus la vie de la même manière. Tout parait futile, subitement. Et ce « blog » qui tourne bien mais tourne en rond…lecteur somnolent

Je regarde en arrière, et je m’aperçois que les auteurs et éditeurs ont été absents. Certes, quelques uns ont été stigmatisés, mais d’autres ont été mis à l’honneur. Nous avons déterré des livres qui croupissaient dans les tiroirs de bouquinistes. Nous avons honoré des inconnus… Et aucune réaction. La façon dont les auteurs français tournent le dos aux blogs est édifiante, alors qu’outre-atlantique, c’est tout l’inverse.

Le désintérêt du monde de l’édition pour notre « travail » est étrange. Mais, me dis-je, Internet est une jungle où même une lionne perdrait sa nichée. Il faut se manifester. J’avais donc décidé d’envoyer un paquet de mails aux éditeurs… Sont arrivées de rares réponses, toujours laconiques. Après trois tentatives vaines, un grand éditeur du sud m’a répondu notamment ceci : « Vous pouvez mettre un lien vers vos articles depuis notre page Facebook »… « Nous ne manquerons pas d’ajouter vos critiques – positives – sur notre site ». Ce ne fut point le cas. Sur une vingtaine d’articles, la plupart très « positifs », un seul a obtenu une mention sur leur site.

Pourtant, les statistiques prouvent que les blogs sont fort fréquentés. Notre article « Purge » d’Oksanen figure en première page de Google depuis un an… Nous avons eu jusque 1.500 visites par mois rien que pour cet article ! L’éditeur du sud dont je parlais fait référence sur son site à de nombreux journaux, mais très rarement à des blogs de particuliers… À cette attitude, je vois deux raisons possibles : soit l’éditeur considère que seuls les journalistes sont dignes de respect. Soit que les journalistes sont les seuls qu’il peut influencer…

Personnellement je suis, tout compte fait, extrêmement ravi de rester indépendant du cartel de l’édition. Je pourrai encore jubiler devant un livre captivant, ou au contraire faire mon étron nerveux face aux pisse-copies de l’édition. Et surtout, rendre mes étrons publics ! Heureusement qu’un réseau ne transmet pas les odeurs!

Je me suis aperçu que j’avais trop souvent laissé de côté des ouvrages mal écrits, pour me concentrer sur ceux qui m’ont enthousiasmé. Mais pourquoi devrais-je donc passer sous silence les mal écrits ? Ceux-ci représentent une pile menaçante qui va jusqu’au plafond, alors que ceux qui m’ont emballé forment un petit tas insignifiant.

livres-univers
Merci les éditeurs et les auteurs de nous laisser notre indépendance. Nous continuerons à donner notre avis. J’espère que les lecteurs nous suivrons, et que de plus en plus de monde se rendra compte du pouvoir exercé par le monde de l’édition, qui copule comme un bonobo avec celui de la presse. Quel plaisir de pouvoir s’exprimer sans contrainte, quel bonheur pour un quidam d’avoir une telle chance ! Cette liberté n’est-elle pas la meilleure garante d’une autre liberté, celle de l’artiste ? Celui-ci peut ainsi laisser lire cour à son tempérament, sans se soucier du côté commercial. Le commerce lobotomise des peuples entiers, en masse.

Mais n’est-ce pas, aussi, la meilleure garantie de voir la démocratie prospérer ? Quand un dictateur prend le pouvoir, la première chose qu’il fait est d’empêcher la diffusion des idées qui lui font de l’ombre. Dans de nombreux pays, Internet est sous contrôle absolu de l’état. Nous qui avons la chance d’échapper au collimateur d’un gouvernement, ne nous laissons pas emberlificoter par l’autre pouvoir, celui de l’argent.

La littérature est un art, et l’art devrait, en principe, reste libre, comme devrait l’être le journalisme. Internet est une des armes qui permet au peuple de garder son indépendance d’esprit. Sachons la préserver !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Noann 1613 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines